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I, 2. 1252 a 32. 33 (1, 4). Il me semble qu'il faut supprimer φύσει, qui est de trop après δεσπόστον, et transposer le φύσει qui est devant δοῦλον après ἀρω xóuɛvov où il manque. Ces confusions sont fréquentes dans les manuscrits de la Politique, quand le même mot est répété à peu de distance.

1, 2. 1253 a 34-35 (1, 12). Χαλεπωτάτη γὰρ ἀδικία ἔχουσα ὅπλα· ὁ δ ̓ ἄνθρωπος ὅπλα ἔχων φύεται φρονήσει καὶ ἀρετῇ, οἷς ἐπὶ τἀναντία ἔστι χρῆσθαι μάλιστα. Διὸ ἀνοσιώτατον· καὶ ἀγριώτατον ἄνευ· ἀρετῆς, καὶ πρὸς ἀφρο δίσια καὶ ἐδωδὴν χείριστον. On traduit généralement (et Brandis est de cet avis, Aristoteles, p. 1570, 537): La nature a donné pour armes à l'homme l'intelligence et la force. Mais alors il faut donner au mot άpetń, dans la proposition suivante, un sens tout différent, celui de vertu, et τἀναντία μάλιστα désignerait ce qui est opposé à l'intelligence et à la force, sens très-peu satisfaisant. L'enchaînement naturel des idées exige qu'on traduise comme Bernays (Grundzüge der verlorenen Abhandlung des Aristoteles über die Wirkung der Tragödie): La nature a donné à l'homme des armes qui doivent servir à la sagesse et à la vertu, mais qui peuvent recevoir un emploi entièrement opposé; c'est-à-dire, qui peuvent servir à la folie et au vice. Mais le datif peut-il se construire ainsi avec yev? Je n'en connais pas d'exemple.

I, 2. 1253 a 38 (1, 12). Après avoir développé que l'homme est le pire des êtres en dehors des lois

set de la société civile, Aristote ajoute : Ἡ δὲ δικαιοσύνη πολιτικόν· ἡ γὰρ δίκη πολιτικῆς κοινωνίας τάξις ἐστίν· ἡ δὲ δίκη τοῦ δικαίου κρίσις. Il est singulier que la construction indique que le mot Sixn doit recevoir la même signification dans les deux dernières propositions, tandis qu'il n'est pas défini de la même manière. Il est d'ailleurs évident que ces trois propositions forment un syllogisme, dont la première est la conclusion. Or, d'après les règles du syllogisme de la première figure, le sujet de la conclusion doit être aussi sujet de la mineure. Je crois qu'on peut résoudre ces deux difficultés en substituant avec Reiske δικαιοσύνη ε δίκη dans la dernière proposition. On a ainsi le syllogisme régulier: Le droit est l'ordre de la société civile; or la justice décide ce qui est conforme au droit; donc la justice est de l'essence de la société civile. La définition de la justice que donne la mineure n'étonne pas, quand on voit qu'Aristote emploie comme synonymes : τὸν ἀποδώσοντα καὶ κρινοῦντα τὸ δίκαιον (ΙΙΙ, 4, 1291 a 23), et τὸ μετέχον δικαιοσύνης δικαστικῆς (ibid., 27), pour désigner ceux qui rendent la justice.

I, 4. 1253 b 27. 30 (2, 4). Après avoir posé la question de la légitimité de l'esclavage, Aristote commence ainsi : Ἐπεὶ οὖν ἡ κτῆσις μέρος τῆς οἰκίας ἐστὶ καὶ ἡ κτητική μέρος τῆς οἰκονομίας (ἄνευ γὰρ τῶν ἀναγκαίων ἀδύνατον καὶ ζῆν καὶ εὖ ζῆν), ὥσπερ δὲ ἐν ταῖς ὡρισμέναις τέχναις ἀναγκαῖον ἂν εἴη ὑπάρχειν τὰ οἰκεῖα

ὄργανα, εἰ μέλλει ἀποτελεσθήσεσθαι τὸ ἔργον, οὕτω καὶ τῶν οἰκονομικῶν. Τῶν δ ̓ ὀργάνων τὰ μὲν ἄψυχα τὰ δ ̓ ἔμψυχα, οἷον τῷ κυβερνήτῃ ὁ μὲν οἴαξ ἄψυχον, ὁ δὲ πρωρεὺς ἔμψυχον· ὁ γὰρ ὑπηρέτης ἐν ὀργάνου εἴδει ταῖς τέχναις ἐστίν. Οὕτω καὶ τὸ κτῆμα ὄργανον πρὸς ζωήν ἐστι, καὶ ἡ κτῆσις πλῆθος ὀργάνων ἐστί, καὶ ὁ δοῦλος κτῆμά τι ἔμψυχον, καὶ ὥσπερ ὄργανον πρὸ ὀργάνων, πᾶς ὁ ὑπηρέτης. La première proposition est contraire aux lois de la grammaire : où est l'apodose, la proposition principale qui doit répondre à la proposition causale ἐπεὶ οὖν ? La dernière proposition, considérée dans ses deux premiers membres, est contraire à l'enchainement des idées : la comparaison des choses possédées avec des instruments nécessaires à la vie ne se rapporte pas à la division des instruments en instruments inanimés et instruments animés. Il suffit de trouver l'apodose pour résoudre ce double problème. Les deux derniers membres de la dernière proposition, où il s'agit de l'esclave, contiennent évidemment l'idée principale, puisque Aristote aborde la question de la légitimité de l'esclavage, qu'il vient de poser immédiatement auparavant. Tout ce qui précède καὶ ὁ δοῦλος n'est qu'une récapitulation des principes qui lui servent à résoudre la question ; les propositions καὶ ὁ δοῦλος — ὑπη ρέτης deviendront grammaticalement ce qu'elles sont logiquement, l'apodose d' ἐπεὶ οὖν, si l'on substitue dans ce qui précède des virgules aux points, et l'enchaînement des idées sera rétabli, si l'on transpose

τὸ κτῆμα — ὀργάνων ἐστί immédiatement après οίκονομικῶν. On a ainsi : ἐπεὶ οὖν, ὥσπερ δὲ —, οὕτω καὶ τῶν οἰκονομικῶν τὸ κτῆμα ὄργανον πρὸς ζωήν ἐστι, καὶ ἡ κτῆσις πλῆθος ὀργάνων ἐστί, τῶν δ ̓ ὀργάνων — ἔμψυχον (ὁ γὰρ ὑπηρέτης ἐν ὀργάνου εἴδει ταῖς τέχναις ἐστίν), οὕτω καὶ ὁ δοῦλος κτῆμά τι ἔμψυχον, καὶ ὥσπερ ὑπηρέτης. On voit que la proposition transposée répond exactement à celle qui énonce que chaque art doit avoir des instruments qui lui soient propres. Aristote emploie ailleurs la même forme pour descendre par une série de propositions de plus en plus particulières à une proposition principale qui sert d'apodose à ce qui précède; et ce passage n'est pas le seul où l'apodose est étroitement liée à la dernière proposition qu'elle suit immédiatement. ( Voir III, 18. 1288 2 32-41 (12, 1), et Rhet., II, 25. 1402 b 12-24.)

I, 6. 1255 a 20 (2, 17-18). Il y a deux opinions sur la légitimité du droit de guerre qui fait du vaincu la propriété du vainqueur; les uns soutiennent qu'il est juste que le vaincu soit esclave du vainqueur, les autres ne voient là qu'un indigne abus de la force. Ce qui cause cette discussion, c'est que le vainqueur a toujours une certaine superiorité, ὥστε δοκεῖν μὴ ἄνευ ἀρετῆς εἶναι τὴν βίαν, ἀλλὰ περὶ τοῦ δικαίου μόνον εἶναι τὴν ἀμφισβήτησιν. Διὰ γὰρ τοῦτο τοῖς μὲν εὔνοια δοκεῖ τὸ δίκαιον εἶναι, τοῖς δ ̓ αὐτὸ τοῦτο δίκαιον, τὸ τὸν κρείττονα ἄρχειν, ἐπεὶ διαστάντων γε χωρὶς τούτων τῶν λόγων οὔτ' ἰσχυρὸν οὐθὲν ἔχουσιν οὔτε πιθανὸν ἕτεροι λόγοι,

ὡς οὐ δεῖ τὸ βέλτιον κατ ̓ ἀρετὴν ἄρχειν καὶ δεσπόζειν. Ολως δ ̓ ἀντεχόμενοί τινες, ὡς οἴονται, δικαίου τινὸς (ὁ γὰρ νόμος δίκαιόν τι) τὴν κατὰ πόλεμον δουλείαν τιθέασι δικαίαν, ἅμα δ' οὔ φασιν. On rapporte en général Tepot λóyot à l'opinion qui est contraire à l'usage du droit de guerre en ce qui concerne l'esclavage; alors il faut mettre un point après κρείττονα ἄρχειν, une virgule après Secлólεtv, ajouter de après éneì comme le propose Stahr, et le supprimer après oλws. On a alors le sens suivant, que donne Brandis (Arist., p. 1572): Comme dans cette discussion l'opinion de ceux qui soutiennent que le meilleur ne doit pas être le maître n'a rien qui la recommande, d'autres, voyant qu'elle est inadmissible, soutiennent que l'esclavage du vaincu est juste, parce qu'il est légal, et que la légalité est une sorte de justice. Il me semble que arepot λóyor ne comporte pas cette interprétation. Après avoir dit qu'il y a lieu de discuter sur cette application du droit de guerre, et même que ceux qui en contestent la légitimité ont raison à certains égards (Tρónov Tivà λéyovciv oplos, ligne 3), Aristote ne peut dire que cette opinion n'a aucune raison valable en sa faveur. Je crois qu'il n'y a rien à changer au texte ni à la ponctuation de Bekker, et voici, à mon avis, la suite des idées : On pense de part et d'autre que le vainqueur a toujours une certaine supériorité de mérite, mais on discute seulement sur la justice (περὶ τοῦ δικαίου μόνον εἶναι τὴν ἀμφισβήτησιν),

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