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du raisonnement et certains textes fautifs de la Rhétorique ont répandu beaucoup de nuages sur cette question.J'ai traité des rapports entre les vues d'Aristote et celles de Platon sur la rhétorique, parce qu'à mon avis, si l'on a exagéré les différences de leurs théories politiques, on a accordé au Phèdre de Platon beaucoup trop d'influence sur la rhétorique d'Aristote. J'ai terminé mes recherches sur la dialectique aristotélicienne, en étudiant ce qu'elle est devenue dans l'antiquité et en montrant comment le sens primitif du mot s'est altéré. J'ai rejeté dans l'appendice les discussions de textes et les dissertations qui auraient embarrassé et obscurci la marche de l'exposition.

En présentant mon travail au public, je crois devoir témoigner hautement ma reconnaissance pour M. H. Weil, professeur à la Faculté des lettres de Besançon, qui m'a prodigué les conseils de sa science et les encouragements de son amitié.

SUR ARISTOTE

POLITIQUE, DIALECTIQUE, RHÉTORIQUE

OBSERVATIONS CRITIQUES SUR LA POLITIQUE

1, 1. 1252 a 13-16 (2). Ὅσοι μὲν οὖν οἴονται πολιτικὸν καὶ βασιλικὸν καὶ οἰκονομικὸν καὶ δεσποτικὸν εἶναι τὸν αὐτόν, οὐ καλῶς λέγουσιν · πλήθει γὰρ καὶ ὀλιγότητε νομίζουσι διαφέρειν, ἀλλ ̓ οὐκ εἴδει τούτων ἕκαστον ...., καὶ πολιτικὸν δὲ καὶ βασιλικόν, ὅταν μὲν αὐτὸς ἐφεστήκη, βασιλικόν, ὅταν δὲ κατὰ λόγους τῆς ἐπιστήμης τῆς τοιαύτης, κατὰ μέρος ἄρχων καὶ ἀρχόμενος, πολιτικόν. Ταῦτα δ ̓ οὐκ ἔστιν ἀληθῆ. Aristote désigne, sans aucun doute, Platon et ses disciples, comme on peut le voir dans le Politique, 259 B C. Mais, comme le remarque avec raison Brandis, Aristoteles, p. 1528, 527, il distingue le pouvoir politique du pouvoir royal, conformément à son opinion personnelle, et non d'après

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celle de Platon. Il y a plus cette distinction interrompt complétement la suite des idées; car Aristote ne discute ici que l'opinion qui distingue les différents pouvoirs sociaux uniquement d'après le nombre de ceux qui leur sont soumis; et, à ce point de vue, il n'y a pas lieu de distinguer entre le pouvoir des magistrats et celui des rois. Ensuite la proposition ταῦτα — ἀληθῆ ne peut se rapporter à cette distinetion. Non-seulement le passage και πολιτικὸν δέ κ. τ. λ. est contraire à l'enchaînement des idées; mais encore on y trouve associées sans conjonction deux signifieations différentes du mot λITIós, dont l'une n'est pas opposée, comme elle devrait l'être, au sens du mot facilixos. Entre autres acceptions qu'Aristote donne au mot rokɩtixó, il en est deux qui sont bien distinctes tantôt ce mot désigne le pouvoir exercé alternativement par des magistrats dans un État d'égaux, par opposition au pouvoir perpétuel exercé par un roi ou par une élite d'hommes vertueux, par exemple dans III, 17. 1288 a 6-15. b 2 (11, 11. 12, 2); et c'est ce qui est désigné ici par κατὰ μέρος ἄρχων καὶ ἀρχόμενος, comme on peut s'en convaincre en comparant la définition πολιτικὸν δὲ πλῆθος... πλῆθος πολεμικόν, δυνάμενον ἄρχεσθαι καὶ ἄρχειν... 1288 a 12 (11, 11); tantôt, et le plus souvent, le mot ToriXÓS. désigne celui qui cultive la science politique, et il est plusieurs fois synonyme de législateur, comme par exemple dans III, 1. 1274 b 36 (1, 1), IV, 1. 1288.

b 27 (1, 2), V, 9. 1309 b 35 (7, 18), VH, 4. 1326 a 4 (4, 2), VII, 14. 1333 a 37 (13, 5), et c'est ce dernier sens qui est exprimé ici par xatà λóyous tñS ἐπιστήμης τῆς τοιαύτης, οà l'adjectif démonstratif désigne, suivant l'usage d'Aristote, l'idée contenu dans le mot voisin ToλTIñs. Il est évidemment hors de propos de mentionner ici cette dernière acception pour distinguer le pouvoir républicain du pouvoir royal; la constitution du pouvoir royal est du domaine de la science politique comme celle du pouvoir républicain, puisque le pouvoir royal n'est pas un pouvoir despotique, genre d'autorité dont la politique n'a pas à s'occuper, comme Aristote le dit: VII, 2, 1324 b 24-27 (2, 7), VII, 14. 1333 b 35 (13, 13). Aristote oppose même souvent l'adjectif moλtinós comme exprimant l'autorité exercée sur des hommes libres et conformément à des lois au pouvoir absolu dont les sujets sont esclaves II, 10. 1272 b 2 (7, 6), III, 4. 1277 b 8 (2, 9), III, 16. 1288 a 12 (11, 11), VII, 2. 1324 a 37 (2, 4). Cette distinction pourrait même servir à lever les difficultés du passage que nous discutons. Il est possible que les mots κατὰ τοιαύτης soient hors de leur place, et aient été employés après le mot oλTixóv dans une proposition que nous n'avons pas conservée, et où Aristote disait que ceux qu'il réfute considèrent comme appartenant à la même science le pouvoir du maître sur l'esclave et les pouvoirs du roi et du magistrat sur des hommes libres.

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