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c'est-à-dire sur l'usage que le vainqueur doit faire de ses droits. Comme la discussion porte sur ce point (Sià yàp touto), les uns pensent que la justice est dans la modération envers le vaincu, les autres pensent que la justice, c'est que le plus fort soit le maître; car, s'il y a lieu de discuter sur ce point, si on est divisé sur la question de justice (ἐπεὶ διαστάντων γε χωρὶς τούτων τῶν λόγων), il n'y a pas lieu de discuter l'opinion (Tepor λoyo) que le meilleur ne doit pas être le maître, ou, comme le dit Aristote, c'est un raisonnement qui n'a rien de plausible. D'autres s'attachent à une sorte de droit en général, sans chercher s'il est fondé sur la nature ou sur la convention, et prétendent que l'esclavage du vaincu est juste parce qu'il est légal.

En somme, Aristote me paraît mentionner quatre opinions différentes : deux opinions contraires sur la question de justice dans l'application du droit de guerre, mais s'accordant sur le droit de la vertu à être maîtresse; une autre opinion, qui conteste ce droit et qui ne supporte pas la discussion; enfin une quatrième opinion, qui fonde l'esclavage du vaincu uniquement sur la légalité, qui est une sorte de justice. Aristote a employé l'expression repot λóyot parce que ceux qui contestent sur la justice, s'accordent sur le principe que le meilleur doit être le maître, et, à ce point de vue, ils n'ont qu'une même opinion opposée à l'autre opinion qui n'admet pas ce principe. Cf.

ΙΙΙ, 14. 1285 a 29 : δύο μὲν οὖν εἴδη ταῦτα μοναρχίας, ἕτερον δ ̓ ὅπερ ἦν ἐν τοῖς ἀρχαίοις Έλλησιν, οὓς καλοῦσιν αἰσυμνήτας.

I, 6. 1255 b 5 (2, 20). Dans sa dissertation sur l'esclavage, Aristote établit deux points: d'abord, qu'il y a des hommes qui sont par nature les uns libres, les autres esclaves, et que dans ce cas l'esclavage est légitime et utile; ensuite, que l'esclavage n'est pas légitime s'il repose non sur la nature mais sur une convention, et que ceux qui contestent la légitimité de l'esclavage résultant du droit de guerre n'ont pas tout à fait tort. Il résume ainsi sa discussion : ὅτι μὲν οὖν ἔχει τινὰ λόγον ἡ ἀμφισβήτησις, καὶ οὐκ εἰσὶν οἱ μὲν φύσει δοῦλοι οἱ δ ̓ ἐλεύθεροι, δῆλον· καὶ ὅτι ἔν τισι διώρισται τὸ τοιοῦτον, ὧν συμφέρει τῷ μὲν τὸ δουλεύειν τῷ δὲ τὸ δεσπόζειν, καὶ δίκαιον, καὶ δεῖ τὸ μὲν ἄρχεσθαι τὸ δ' ἄρχειν, ἢν πεφύκασιν ἄρχην ἄρχειν, ὥστε καὶ δεσπόζειν. On a remarqué que la proposition οὐκ εἰ σίν ἐλεύθεροι fait dire à Aristote le contraire de sa pensée. On a proposé de lire καὶ εἰσὶ καὶ οὐκ εἰσίν, κ. τ. λ. Je crois plus simple et plus conforme à la suite de la discussion résumée ici par Aristote, de lire : καὶ οὐκ εἰσὶν εἰ μὴ φύσει οἱ μὲν δοῦλοι οἱ δ ̓ ἐλεύθε ροι. Ainsi, cette portion du résumé d'Aristote se rapporte uniquement à la seconde partie de la discussion, comme cela doit être. En outre, le pluriel πεφύκασιν indique qu'il faudrait lire ἄρχειν καὶ ἄρχεσθαι, ὥστε καὶ δεσπόζειν καὶ δουλεύειν, mais il y a peut-être la

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une de ces irrégularités de rédaction si fréquentes chez Aristote; il est plus d'une fois incomplet dans ses énumérations.

1, 7. 1255 b 38 (2, 23). Ἡ δὲ κτητικὴ ἑτέρα ἀμε φοτέρων τούτων (τῆς δεσποτικῆς ἐπιστήμης καὶ τῆς δου λικῆς), οἷον ἡ δικαία, πολεμική τις οὖσα ἢ θηρευτική. Aristote reconnaît (voir le chapitre suivant) deux moyens d'acquisition légitimes : le labourage, qui comprend le pâturage, et la chasse, qui est une sorte de guerre contre les animaux sauvages, et une véritable guerre contre les hommes nés pour être esclaves. S'il parle de l'acquisition légitime en général, il est singulier qu'il ne mentionne pas ici l'agriculture, qui en est la partie la plus importante. Il est donc évident que ή κτητική ne se rapporte qu'à l'art d'acquérir das esclaves; Aristote vient de dire que la science du maître consiste à se servir des esclaves, et non à les acquérir (1. 32).

1, 8. 1256 b 15 (3, 7). Ἡ μὲν οὖν τοιαύτη κτῆσις (les moyens de subsistance) ὑπ' αὐτῆς φαίνεται τῆς φύσεως διδομένη πᾶσιν, ὥσπερ κατὰ τὴν πρώτην γένεσιν εὐθύς, οὕτω καὶ τελειωθεῖσιν. Καὶ γὰρ κατὰ τὴν ἐξ ἀρχῆς γένεσιν τὰ μὲν συνεκτίκτει τῶν ζῴων τοσαύτην τροφὴν ὡς ἱκανὴν εἶναι... ὅσα δὲ ζωοτοκεῖ, τοῖς γενομένοις ἔχει τροφὴν ἐν αὐτοῖς μέχρι τινός, τὴν τοῦ καλουμένου γάλακτος φύσιν. Ὥστε ὁμοίως δῆλον ὅτι καὶ γενομένοις οἰητέον τά τε φυτὰ τῶν ζῴων ἕνεκεν εἶναι καὶ τἆλλα ζῷα τῶν ἀνθρώ

πων χάριν. Il est évident, comme la vu Conring, que les mots ὁμοίως δῆλον ὅτι καὶ doivent être suivis d'une expression qui soit synonyme de τελειωθεῖσιν. Οι γενομένοις seul signife précisément le moment de la naissance, comme on peut le voir dans la proposition précédente; il a sans doute été ici mal à propos répété au lieu du mot τελειωθεῖσιν.

1, 8. 1256 b 27 (3, 8). Εν μὲν οὖν εἶδος κτητικῆς κατὰ φύσιν τῆς οἰκονομικῆς μέρος ἐστίν· ὃ δεῖ ἤτοι ὑπάρ χειν ἢ πορίζειν αὐτὴν ὅπως ὑπάρχῃ, ὧν ἐστὶ θησαυρισμὸς χρημάτων πρὸς ζωὴν ἀναγκαίων καὶ χρησίμων εἰς κοινωνίαν πόλεως ἢ οἰκίας. Le relatif i ne peut se construire; Göttling propose de lire Stó, mais le sens ne me parait pas satisfaisant. En effet, il faudra comprendre Il y a un mode d'acquisition qui est une par tie de l'économique; c'est pourquoi il faut qu'elle ait à sa disposition ou se procure ce qui est nécessaire aux besoins de la communauté. Le rapport de ces idées est plutôt inverse: Il faut que l'économique ait à sa disposition ou se procure les choses de première nécessité ; c'est pourquoi il y a un mode d'acquisition qui fait partie de l'économique. Je propose de lire : ἓν μὲν οὖν εἶδος κτητικῆς κατὰ φύσιν ἢ τῆς οἰκονομικῆς μέρος ἐστίν· δεῖ (γὰρ) ἤτοι κ. τ. λ. Il y a un mode d'acquisition naturel qui fait partie de l'économique.

1, 9. 1257 a 17 (3, 12). Ἔστι γὰρ ἡ μεταβλητική πάντων, ἀρξαμένη τὸ μὲν πρῶτον ἐκ τοῦ κατὰ φύσιν, τῷ τὰ μὲν πλείω τὰ δὲ ἐλάττω τῶν ἱκανῶν ἔχειν τοὺς ἀνθρώπους.

Ἦ καὶ δῆλον ὅτι οὐκ ἔστι φύσει τῆς χρηματιστικῆς ἡ και πηλική· ὅσον γὰρ ἱκανὸν αὐτοῖς, ἀναγκαῖον ἦν ποιεῖσθαι τὴν ἀλλαγήν, On construit généralement le génitif τῆς χρηματιστικῆς avec ἔστι, et l'on entend φύσει adverbialement le commerce n'appartient pas naturellement à l'art d'acquérir des richesses. Mais il serait étrange qu'Aristote eût exclu de la chrêmatistique le mode d'acquisition qu'on appelait généralement et qu'il est. juste d'appeler de ce nom (1256 b 40). Le passage suivant, où Aristote résume la doctrine exposée dans ce chapitre ne laissera aucun doute sur le vrai sens (10. 1358 a 38. 3, 23): Διπλῆς δ ̓ οὔσης αὐτῆς (τῆς χρηματιστικῆς), ὥσπερ εἴπομεν, καὶ τῆς μὲν καπηλικῆς τῆς δ' οἰκονομικῆς, καὶ ταύτης μὲν ἀναγκαίας καὶ ἐπαινου μένης, τῆς δὲ μεταβλητικῆς ψεγομένης δικαίως (οὐ γὰρ κατὰ φύσιν ἀλλ ̓ ἀπ' ἀλλήλων ἐστίν)... Il faut donc construire τῆς χρηματιστικής comme génitif partitif avec ἡ καπηλική, entendre φύσει attributivement, et traduire : La partie de la chrimatistique qu'on appelle commerce, n'est pas conforme à la nature, n'a pas une existence naturelle.

1, 9. 1257 Β 10 (3, 16). Καὶ γὰρ τὸν πλοῦτον πολλάκις τιθέασι νομίσματος πλῆθος, διὰ τὸ περὶ τοῦτ ̓ εἶναι τὴν χρηματιστικὴν καὶ τὴν καπηλικήν. Puisque la chrematistique comprend la partie de l'économie domestique qui a pour but de procurer des moyens de subsistance (περὶ τὴν τρόφην, 1258 a 17. 3, 20), et le commerce qui a pour but d'acquérir de l'argent

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