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des principes de la langue hébraïque et de la littérature sacrée, qui, avant le xvIe siècle, étaient le sujet ordinaire des études.

Les Portugais sont remplis de zèle pour leur religion, et suivent avec la plus grande exactitude toutes les pratiques qu'elle ordonne. C'est à ce respect pour la religion que l'on doit attribuer la richesse et la magnificence que les Portugais étalent dans la construction et dans l'ornement de leurs temples, quoique bien souvent elles ne soient pas accompagnées de ce goût exquis que l'on remarque en Italie. C'est surtout dans la construction du tabernacle destiné à déposer le saint ciboire, que l'architecte étale toutes les richesses de son art. On peut dire en général que toutes les cérémonies religieuses se font en Portugal avec une magnificence extraordinaire, mais surtout à Lisbonne et à Porto, dans l'exposition du très-saint sacrement, dans les devotions de la semaine sainte et dans les proces→ sions. Celle de la Fête-Dieu passe encore justement pour être une des plus pompeuses de toute la chrétienté catholique. Dans toutes ces cérémonies les Portugais déploient une magnificence, un luxe dans les décorations et dans l'illumination qu'on ne trouverait point ailleurs, si ce n'est en Espagne et en Italie dans des circonstances semblables, particulièrement à Rome, à Milan et à Venise. Cet usage, outre l'avantage qu'il a de contribuer à inspirer le respect pour les mystères de notre sainte religion, est encore très-utile aux beaux-arts, puisqu'il fournit des occasions multipliées d'employer un grand nombre d'artistes qui ont, par ce moyen, un champ toujours ouvert pour exercer leur talent; en conséquence, bien loin donc de blâmer cet usage, comme l'ont fait plusieurs auteurs qui ont écrit sur le Portugal, nous invitons ce peuple à le conserver, puisque tout ce qui tend à inspirer le respect pour le culte tend à entretenir cette salutaire vénération pour les vérités de notre sainte religion, qui est la base la

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plus ferme d'une bonne morale et de toute société bien organisée.

TRIBUNAL DE L'INQUISITION.

Ce tribunal, qui, d'après les auteurs les plus savans, n'a été introduit que sous Jean III, pour découvrir et châtier les juifs cachés et les hérétiques, n'a jamais été aussi cruel en Portugal qu'à Goa et en Espagne. Son autorité était telle que les autres tribunaux souverains étaient obligés de lui rendre compte de leurs procédures quand il l'exigeait. Cependant le marquis de Pombal était parvenu à borner sa terrible influence au point que sous son ministère ses victimes se bornaient à des juifs, à quelques prêtres scandaleusement débauchés ou entachés d'hérésie, et à quelques indiscrets qui médisaient du Saint-Office; encore n'étaient-ils punis que par le fouet et le bannissement. Dans le dernier autodafé, qui fut célébré en 1766, il n'y eut pas un seul figuron. Sous le règne de Marie l'inquisition avait repris une partie de son terrible empire, et la crainte qu'elle inspirait fit émigrer un certain nombre d'individus de toutes les classes, même de celle des militaires.

Tous les pays de la monarchie portugaise, à l'exception du Brésil, lui étaient soumis. Il y avait quatre tribunaux suprêmes, savoir un à Lisbonne, qui avait la suprématie, et qui s'intitulait concelho geral do Santo-Officio; un autre à Coimbra, un autre à Evora, et un autre à Goa. Les trois tribunaux du Portugal coûtaient au gouvernement 150000 cruzades par an. La sagesse et l'humanité des Cortès viennent de les abolir entièrement.

DIVISION ECCLÉSIASTIQUE DU ROYAUME, ET HAUT-CLERGÉ,

Le royaume de Portugal offre autant de confusion et de désordre dans ses divisions ecclésiastiques qu'il

en présente dans les divisions civiles, administratives et militaires. Les réformes opérées vers la fin du règne de Joseph n'ont fait que diminuer le mal sans le guérir. Les juridictions des évêques s'étendent sur des territoires non-seulement très-inégaux, mais même interrompus et coupés par ceux d'autres évêques et des prélats indépendans, qui, relevant immédiatement du sa int Siége, s'appellent Izentos (exempts). C'est à cette multiplicité de juridictions mal séparées les unes des autres que l'on doit attribuer la grande différence que l'on trouve entre les évaluations des écrivains naLonaux et étrangers relativement au nombre des paroisses du royaume; différence d'autant plus extraordinaire que le plus souvent on la trouve dans des auteurs contemporains, parlant presque de la même année.

Sans nous arrêter à l'évaluation de Lima, qui en 1732 comptait 3343 paroisses dans tout le royaume, ni à celle de Windham Beaves, qui en 1793, prétendant le corriger, en comptait seulement 3334, parce que la première est trop ancienne, et la seconde évidemment inexacte, nous dirons que l'almanach de Lisbonne de l'année 1802 en compte 4262; que le recensement de 1798 porte ce nombre à 4232, celui de 1801 par comarcas à 4054, celui de 1801 par diocèses à 4046. Le major Cardozo, dans son Mappa historicostatistique du Portugal, publié à Paris en 1815, en compte 4253. Alberto-Carlos de Menezes, superintendente da agricultura, dans un mémoire manuscrit présenté au Congrès, relativement à la division du territoire du Portugal et des îles adjacentes, outre le nombre de paroisses trouvé dans le recensement de 1801, cite aussi les suivans: 3915, 3987 et 4087.

Le Congrès, sentant la nécessité de donner au Portugal une division ecclésiastique plus uniforme, et d'arrondir les territoires des différens diocèses, a déjà chargé de ce travail une de ses commissions. En attendant le résultat de ses travaux nous allons donner le

tableau de la division actuelle du royaume, en y insérant tous les exempts, dont la plupart sont inconnus non-seulement aux géographes étrangers, mais même à presque tous les géographes nationaux. Outre le nombre de paroisses appartenantes à chaque juridiction, nous avons indiqué aussi l'époque de la fondation des différens diocèses, telle qu'on la trouve dans le Mappa du major Cardozo sus-mentionné. Nous aurions voulu y ajouter aussi la quotité de leur revenu; mais comme nous n'avons pas encore reçu les documens officiels qu'on doit nous envoyer de Lisbonne, et que nous trouvons des évaluations extrêmement disparates entre elles parmi les renseignemens que nous nous sommes procurés avant notre départ de cette ville, nous nous réservons de le donner dans le second volume de nos Variétés politico-statistiques. Il est plus sage, à notre avis, de se taire que de publier des évaluations qui ne sont propres qu'à induire le lecteur en erreur. Nous ajouterons seulement que d'après le décret des Cortés (Voy, page 530) du 28 juin 1821 la taxe que doit payer l'évêque d'Elvas monte à 70819 reis; celle de l'évêque de Pinhel à 512125, et celle de l'évêque d'Aveiro à 597 000 reis; que la troisième partie des revenus des différens diocèses, depuis la création du patriarcat, entre dans la caisse du trésor, nommée Patriarcale (Voy. pages 310 et 317), dont elle forme une des branches de recette les plus importantes; et que les prélats les plus riches après le patriarche sont l'archevêque de Braga, l'évêque de Coimbra, celui de Porto, l'archevêque d'Evora et les évêques de Faro et de Viseu.

Tableau de la division ecclésiastique actuelle du royaume,

Patriarcat fondé en 1716.

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Archevêché de Lisbonne, fondé en 1394 et aboli en 1741 pour

être réuni au patriarcat (2)

Evêché de Lamego dans le VIe siècle

Guarda sous Sanche Ier

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Paroisses.

333 (1)

238

205

50

41

81

1292

339

278

200

72

147

Miranda (en 1545') et Bragança (6)

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334

144

70

44 118

42

Exempt de Grijo résident à Grijo dans la comarca de Porto
Exempt de Thomar résidant à Thomar.

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Exempt de San-Joào de Tarouca résidant à Burgo dansla comarca
de Lamego.

Exempt de Santa-Cruz de Coimbra résidant à Coimbra,
Exempt de Santa Cruz do Douro résidant à Santa-Cruz do Douro
dans la comarca de Porto près de Penafiel

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Exempt de San-Christovào de Lafòes résidant à San-Christovào
dans la comarca de Viseu.

Exempt de Salzedas résidant à Salzedas dans la comarca de Lamego.
Exempt de San-Pedro das Agnias résidant à Granja de San-
Petro das Aguias dans la comarca de Trancoso.

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(1) Le nombre des paroisses des diocèses s'accorde avec celui présenté par le tableau page 204; il est tiré de documens officiels qui nous ont été fournis par le colonel Franzini. Celui des exempts est copié sur le tableau alphabétique de toutes les paroisses du royaume, rédigé par le major Leal, employé au bureau statistique. (2) Lisbonne avait un évêque dès le Vle siècle.

(3) Il a le titre de comte d'Arganil.

(4) Son territoire a été détaché de celui de Coimbra.

(5) Son territoire a été détaché de ceux de Lamego et de Viseu.

(6) Lors de la réforme des diocèses, on sépara une partie du territoire de celui de Miranda pour en former le nouvel évêché de Bragança. Depuis quelques années l'évêché de Miranda a été supprimé et réuni à celui de Bragança. L'evêque, tout en résidant dans cette dernière ville, doit prendre le titre d'évêque de Miranda et Bragança. (7) Evora devint siége épiscopal sous le roi Sanche ler, et archevêché en 1540, sous le cardinal Henri.

(8) Les évêques ont résidé à Silves jusqu'à l'époque où le pзpe Paul III transféra le siége à Faro, où il est resté depuis.

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