LA GERMANIE TRADUITE DE TACITE PAR C. L. F. PANCKOUCKE - Pancake AVEC UN NOUVEAU COMMENTAIRE EXTRAIT DE MONTESQUIEU ET DES PRINCIPAUX PUBLICISTES LE RAPPROCHEMENT DES MEURS GERMAINES AVEC CELLES DES ROMAINS ET DES NOTES HISTORIQUES ET GÉOGRAPHIQUES, une table chronologique LA TRADUCTION DES PRINCIPALES VARIANTES EXTRAITES DE TOUS LES Tacite fait un ouvrage exprès sur les mœurs des PARIS IMPRIMERIE DE C. L. F. PANCKOUCKE M.D. CCC. XXIV INTRODUCTION. TACITE, en écrivant cet ouvrage sur les Germains, et en traçant les mœurs de ces peuples, avait les yeux sur les Romains, dont il a fait connaître l'histoire au temps où il existait: peignant avec vérité ces nations encore sauvages et dans l'enfance, et sans vouloir les placer au-dessus des peuples polis par la civilisation, il reproche indirectement aux Romains leurs dissolutions et leur oubli des usages antiques; il ne loue point cependant ces barbares avec complaisance, il célèbre leurs défaites et se réjouit de leurs discordes mais Tacite aimant sa patrie comme les premiers Romains l'avaient aimée, y voulait rappeler les vertus qui fondèrent sa puissance, et la ramener à la sévérité de ses premières coutumes. En même temps que cet ouvrage sur les Germains est la satire de la dissolution des mœurs romaines, il est un éloge des mœurs austères et pures qui établirent la grandeur de la république, tandis que leur dépravation amena successivement sa décadence, dont Tacite indique déjà la plupart des causes; ainsi la pensée se reporte au moment même de cette grande catastrophe, et une lecture réfléchie de cet écrit peut faire embrasser, pour ainsi dire à la fois, ces trois grandes époques de l'histoire de la république romaine. Les peuples germains, dans leurs émigrations et par leurs établissemens, que précédèrent tant de ravages, apportèrent à la Gaule, à l'Italie et à l'Espagne, des usages que les siècles n'ont pas encore effacés, et ont imprimé à leurs lois et à leurs gouvernemens un caractère qui subsiste, même encore aujourd'hui, plus ou moins fidèlement conservé, et que l'on reconnaît presque en entier dans les commencemens de la monarchie française. Ceux de ces peuples qui restèrent dans leur patrie y ont maintenu leurs coutumes, que l'on retrouve encore aujourd'hui plus ou moins altérées 1; leurs mœurs présentent aussi quelques rapprochemens avec celles des différentes nations sauvages de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique. J'ai eu pour but dans cet ouvrage d'établir quelquesuns de ces rapprochemens, et de marquer en même temps ce que Tacite s'est proposé de blâmer dans le siècle où il écrivait, et de louer dans les premiers temps. I Voyez le Voyage dans le Saterland, l'Ost-Frise, par J. Hoche, Brême, 1800. Ce voyage, écrit en allemand, n'a pas été traduit |