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édits des empereurs, la jalousie des prêtres païens, les préjugés d'un peuple féroce, et suscite tout à coup une société immense et nouvelle au milieu de cet empire, où Trajan n'avait pas voulu souffrir une réunion de quelques ouvriers! C'était le christianisme à sa naissance; c'était la liberté morale réfugiée dans la religion.

ÉTUDES DE LITT.

ESSAI

SUR

LES ROMANS GRECS

PRÉFACE.

On a cru pouvoir réimprimer ici quelques recherches sur un sujet bien frivole en apparence, mais qui ne s'en rapporte pas moins à l'histoire de la civilisation byzantine : c'est un Essai sur les Romans grecs. Il ne sera pas sans intérêt de voir, dans cet écrit, à quel point était tombée une nation qui cependant conservait le dépôt des arts, et qui devait, après une décadence de plusieurs siècles terminée par un abrutissant esclavage, sortir énergique et nouvelle de sa décrépitude héréditaire. Quelle peut donc être l'influence d'un mauvais gouvernement, pour qu'une race ingénieuse, et qui continuait à cultiver son esprit, soit descendue si bas, et ait langui si longtemps dans un marasme social qui lui ôtait la force et lui laissait l'intelligence?

L'empire grec avait ce caractère particulier parmi tous les Etats de l'Europe, de n'offrir aucune interruption entre l'ancien monde et le monde moderne, et de n'avoir pas éprouvé le passage de la barbarie. Tandis que, dans le reste de l'Europe civilisée, de grandes invasions détruisaient partout la vieille société, et la recommençaient avec un sang nouveau, l'empire grec, à dater de Constantin, garda ses lois, ses mœurs et la forme de sa souveraineté. Les Turcs seuls ont été pour lui la barbarie. Aussi, maintenant que le peuple grec, conquérant de son propre sol, envahit sa terre natale, comme les populations du Nord envahissaient

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