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avons déjà touché dans nos livres de la Nature des Dieux; et c'est ce que nous avons eu principalement en vue de faire connaître dans la dissertation présente, persuadés que nous ferions une chose très-utile, et pour nous-mêmes et pour les autres, si nous pouvions parvenir à détruire entièrement la superstition. Il ne faut pas néanmoins s'imaginer (et c'est ce que je veux qu'on se mette bien dans l'esprit ), qu'en détruisant la superstition, on détruise la religion car la sagesse veut que nous maintenions les institutions de nos ancêtres, touchant le culte des dieux ; et, par la beauté de l'univers, par l'ordre des choses célestes, on est forcé d'avouer qu'il y a quelque nature éternelle au-dessus de tout, qui doit être révérée et admirée du genre humain. C'est pourquoi, de même qu'on doit s'appliquer le plus qu'on peut à étendre la religion, lorsqu'elle est jointe à la connaissance de la nature, de même on doit travailler de tout son pouvoir à arracher toutes les racines de la superstition; car lorsqu'on s'est laissé aller à la superstition, elle vous tourmente, vous presse et vous poursuit sans cesse en tous lieux. Et si vous passez devant un devin ; si vous croyez entendre un présage; si vous immoiez une victime; si vous regardez le vol d'un oiseau ; si vous rencontrez un Chaldéen ou bien un aruspice, s'il éclaire, sil tonne, si la foudre tombe en quelque lieu; s'il naît et se manifeste quelque espèce de prodige; enfin, si d'une infinité de choses possibles, il en arrive quelqu'une, la superstition vous domine, et ne vous laisse jamais de repos. Le sommeil devrait, à ce qu'il semble, être l'asile et le refuge de tous les hommes dans toutes leurs peines et dans tous leurs soins; et la superstition en fait un nouveau sujet d'inquiétudes et de frayeurs. Comme ces frayeurs toutefois ne sont rien au fond, on les mépriserait facilement, si des philosophes n'avaient pris la défense des XXIV.

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philosophi judicarentur. Cum quibus omnis fere nobis disceptatio contentioque est, non quod eos maxime contemnamus; sed quod videntur acutissime sententias suas prudentissimeque defendere. Cum autem proprium sit Academiæ, judicium suum nulJum interponere; ea probare, quæ simillima veri videantur; conferre causas, et quid in quamque sententiam dici possit, expromere; nulla adhibita sua auctoritate, judicium audientium relinquere integrum ac liberum tenebimus hanc consuetudinem a Socrate traditam; eaque inter nos, si tibi, Quinte frater, placebit, quam sæpissime utemur. Mihi vero, inquit ille, nihil potest esse jucundius. Qua cum essent dicta, surreximus.

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songes; non pas des philosophes du commun, mais des hommes d'une profonde érudition, qui pénètrent dans les conséquences et les difficultés des choses, qui sont presque regardés comme des hommes consommés, et qui passeraient peut-être aujourd'hui pour être les seuls philosophes, si Carnéade n'avait entrepris de résister au torrent. C'est contre eux principalement que je dispute, c'est entre eux et moi qu'est le débat; non que j'aie pour eux aucun mépris, mais parce que de tous les philosophes ce sont ceux qui paraissent soutenir leurs opinions avec plus de sagesse et d'érudition. Comme toutefois le propre de l'Académie est de n'interposer son jugement sur aucune chose, de marquer ce qui lui paraît le plus vraisemblable, de conférer ensemble les différentes opinions, d'examiner avec sein tout ce qui peut se dire de part et d'autre, et de laisser aux auditeurs une entière liberté de juger, sans prétendre que ses sentimens doivent faire autorité : si vous m'en croyez, dis-je alors, mon frère, nous nous en tiendrons le plus que nous pourrons à cette coutume qui nous est venue de Socrate. Pour moi, répondit Quintus, il n'y a rien qui puisse m'être plus agréable. Après nous être ainsi entretenus, nous nous levâmes.

SUR

LE DEUXIÈME LIVRE.

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V. Marcus Marcellus. Il était petit-fils de ce Marcellus qui prit Syracuse, et il périt par un naufrage sur la mer d'Afrique un peu avant la troisième guerre puniqne.

VIII. Quand les poulets, en mangeant, eussent donné des marques d'heureux auspices. En sorte que quelques morceaux de pâte leur fussent tombés du bec. Voyez liv. I, note 25.

X. Les satires Atellaniennes. Les satires d'alors étaient appelées Atellaniennes, parce que les premières qui avaient paru venaient d'Atella, ville du royaume de Naples, entre Naples et Capoue.

XVII. Aquimelium. C'est un marché où avait été autrefois la maison de Spurius Mélius, qui fut rasée, après qu'il eut été tué par Servilius Ahala, pour avoir aspiré à se faire roi.

XXIII. Tages. Le fils du Génie et l'inventeur de la science augurale› selon Ovide.

XXXIII. Troginiens. Peuple de Galatie, de la Méonie et de la
Paphlagonie, dans l'Asie Mineure.

XLI. Jouer à la mourre. Cette sorte de jeu est fort en usage en Italie
parmi le peuple, où il s'appelle la mora.

XLIV. Troglodytes. Peuple de l'Afrique, qui sont voisins de l'Ethiopie, et qui vivent dans des cavernes.

LIV. Et sur lesquels il s'était répandu un bruit, etc. Suétone, dans Jules-César, dit qu'un peu avant sa mort il courut un bruit que Lucius Cotta, un des gardes des livres de la Sibylle, devait dire en plein sénat qu'il fallait que César fût appelé roi, parce qu'il était porté par ces livres que les Parthes ne pouvaient être vaincus que par un roi. Id. Si cela est dans les livres de la Sibylle. Aulu-Gelle parlant de ces livres, dit qu'une vieille femme ayant un jour proposé à Tarquin

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le Superbe, d'acheter neuf livres qu'elle lui présenta, et Tarquin l'ayant
rebutée sur le prix qu'elle en voulait, elle en jeta trois au feu devant lui.
Tarquin lui ayant demandé ensuite ce qu'elle voulait des six autres, elle
les lui fit encore le même prix; sur quoi Tarquin l'ayant de nouveau
rebutée, elle jeta encore trois autres livres au feu. Alors Tarquin lui
demanda ce qu'elle voulait des trois qui restaient: autant que de tous les
neuf, répondit - elle; et la fermeté de cette femme ayant fait juger à
Tarquin qu'il fallait que ces livres fussent d'une extrême importance,
il lui en donna le prix qu'elle en demandait. Et ces trois livres qui
furent gardés depuis très-soigneusement dans tous les temps de la répu-
blique, étaient ce qu'on appelle les Livres de la Sibylle.

LVI. Que l'interprète aurait lui-même ensuite besoin d'un inter-
prète. Il semble que par le premier mot d'interprète, Cicéron entende
Apollon, regardé comme étant alors l'interprète du destin qu'il révélait.
Id. Epicure. Les stoïciens l'appelaient Hébété.

LXVIII. De voir les magistrats dans leurs siéges, et le sénat as-
semblé. Parce que la république avait alors commencé à reprendre sa
première forme.

FIN DES REMARQUES.

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