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que, qui somniis pareat? qui intelligat ? qui memninerit? Quam multi vero, qui contemnant, eamque superstitionem imbecilli animi atque anilis putent? Quid est igitur, cur his hominibus consulens deus, somniis moneat eos, qui illa non modo cura, sed ne memoria quidem digna ducant? Nec enim ignorare deus potest, qua mente quisque sit nec frustra ac sine causa quid facere, dignum deo est : quod abhorret etiam ab hominis constantia. Ita si pleraque somnia aut ignorantur, aut negliguntur; aut nescit hoc deus, aut frustra somuiorum significatione utitur. Sed horum neutrum in deum cadit. Nihil igitur a deo somniis significari fatendum est.

LXI. Illud etiam requiro, cur, si deus ista visa nobis providendi causa dat, non vigilantibus potius det, quam dormientibus. Sive enim externus, et adventicius pulsus animos dormientium commovet, sive per se ipsi animi moventur, sive quæ causa alia est, cur secundum quietem aliquid videre, audire, agere videamur, eadem causa vigilantibus esse poterat : idque si nostra causa dii secundum quietem face: rent, vigilantibus idem facerent; præsertim cum Chrysippus, Academicos refellens, permulto clariora, et certiora esse dicat, quæ vigilantibus videantur, quam quæ somniantibus. Fuit igitur divina beneficentia dignius, cum consuleret nobis, clariora visa dare vigilantibus, quam obscuriora per somnium. Quod quoniam non fit, somnia divina putanda non sunt. Jam vero quid opus est circuitione et amfractu, ut sit

méprisent, et qui les regardent comme des superstitions d'esprits faibles et pusillanimes? Pourquoi donc la divinité prendrait-elle la peine d'avertir ceux-ci en songe, eux qui, nonseulement ne se soucieront point de leurs songes, mais qui ne daigneront pas même s'en souvenir? Car la divinité ne peut pas ignorer quel est le sentiment de chacun de nous; et il ne serait pas digne d'elle de faire quelque chose sans but et sans motif, puisque cela même serait indigne d'un homme sage: en sorte que, si l'on ne se souvient point de la plupart des songes, ou qu'on les méprise, il faut, ou que la divinité l'ignore, ou qu'elle envoie inutilement des signes en songe. Or, ni l'un ni l'autre ne peut se croire de la divinité; donc il faut avouer que la divinité n'envoie aucun signe aux hommes par les songes.

LXI. Je demande encore si la divinité nous donne des visions en songe, par le soin qu'elle a de nous, pourquoi ne nous les donne-t-elle pas plutôt quand nous veillons que quand nous dormons? Car, soit que quelque impulsion accidentelle du dehors fasse mouvoir les esprits de ceux qui dorment, soit que les esprits se meuvent alors d'eux-mêmes, soit enfin que leur mouvement vienne de quelque autre cause, pourquoi n'est-ce que dans le sommeil qu'il nous semble que nous voyons, que nous entendons et que nous agissons? La même cause qui produit ces sortes de visions dans le sommeil, ne peut-elle pas les produire quand nous veillons ? et si les dieux nous les envoient par l'intérêt qu'ils nous portent, ne devraient-ils pas nous les envoyer plutôt quand nous veillons que quand nous dormons? surtout lorsque Chrysippe, voulant réfuter les académiciens, dit, en quelque endroit, que les visions hors du sommeil sont beaucoup plus claires et plus certaines que celles qu'on a en dormant. Il aurait donc été

utendum interpretibus somniorum potius, quam directo? Deus si quidem nobis consulebat, Hoc facito, Hoc ne feceris, diceret? Idque visum vigilanti potius, quam dormienti daret. Jam vero quis dicere audeat, vera omnia esse somnia? Aliquot somnia vera, inquit Ennius; sed omnia non est necesse.

LXII. Quæ est tandem ista distinctio? Quæ vera, quæ falsa habet? Et si vera a deo mittuntur, falsa unde nascuntur? Nam si ea quoque divina, quid inconstantius deo? Quid inscitius autem est, quam mentes mortalium falsis et mendacibus visis concitare? Sin vera visa divina sunt; falsa autem et inania, humana: quæ est ista designandi licentia, ut hoc deus, hoc natura fecerit potius, quam aut omnia deus, quod negatis, aut omnia natura? Quod quoniam istud negatis, hoc necessario confitendum est. Naturam autem eam dico, qua numquam animus insistens, agitatione et motu esse vacuus potest. Is cum languore corporis, nec membris uti, nec sensibus potest, incidit in visa varia, et incerta ex reliquiis, ut ait Aristoteles, inhærentibus earum rerum, quas vigilans gesserit, aut cogitarit. Quarum perturbatione mirabiles interdum exsistunt species somniorum. Quæ si alia vera, alia falsa qua nota internoscantur, scire

plus digne de la bonté divine, en s'occupant de ce qui pouvait nous être utile, de nous donner des visions claires quand nous sommes éveillés, que de nous en donner d'obscures quand nous sommes endormis. Et comme cela n'arrive pas, il faut conclure qu'il n'y a rien de divin dans les songes. Si la divinité voulait nous donner quelque avertissement, aurait-elle besoin de prendre le détour des songes, qui ont ensuite besoin d'interprètes? Et ne nous avertirait-elle pas plutôt hors de notre sommeil, en nous disant directement : Faites, ou ne faites pas telle chose? De plus, qui osera dire que tous les songes soient vrais? Quelques songes sont vrais, dit Ennius; mais il n'est pas nécessaire que tous le soient.

LXII. Sur quoi cependant peut être fondée cette distinction? Quels sont les vrais, quels sont les faux? Et si la divinité nous envoie les vrais, d'où viennent les autres? Car, si les faux viennent de la divinité, quelle inconstance en elle d'en envoyer, tantôt d'une sorte, tantôt d'une autre ! et quelle frivole occupation de troubler l'esprit des hommes par des visions fausses et mensongères ! Mais si ceux des songes qui sont vrais, sont divins, et ceux qui sont faux, purement humains, cette distribution arbitraire par laquelle on attribut les uns à la divinité, les autres à la nature; qui s'est donné l'autorité de la faire? Et pourquoi ne pas dire, ou qu'ils viennent tous de la divinité, ce que vous niez vous autres stoïciens, ou qu'ils viennent tous de la nature, ce que vous êtes contraints d'avouer, puisque vous niez absolument cet autre point? J'appelle ici nature ce qui fait que l'esprit ne peut jamais être sans agitation et sans mouvement; en sorte que, quand le corps affaibli ne conserve presque plus l'usage de ses membres ni de ses sens, l'esprit tombe en diverses rêveries, qui, selon Aristote, sont causées par les restes des

sane velim. Si nulla est : quid istos interpretes audiamus? Sin quæpiam est: aveo audire, quæ sit. Sed hærebunt.

LXIII. Venit enim jam in contentionem, utrum sit probabilius, deosne immortales, rerum omnium præstantia excellentes, concursare omnium mortalium, qui ubique sunt, non modo lectos, verum etiam grabatos, et, cum stertentes aliquos viderint, objicere his visa quædam tortuosa et obscura, quæ illi exterriti somnio ad conjectorem mane deferant; an natura fieri, ut mobiliter animus agitatus, quod vigilans viderit, dormiens videre videatur. Utrum philosophia dignius, sagarum superstitione ista interpretari, an explicatione naturæ? Ut, si jam fieri possit conjectura vera somniorum, tamen isti, qui profitentur, eam facere non possint ex levissimo enim, et indoctissimo genere constant. Stoici autem tui negant quemquam, nisi sapientem, divinum esse posse. Chrysippus quidem divinationem definit his verbis, Vim cognoscentem, et videntem, et explicantem signa, quæ a diis hominibus portendantur: officium autem esse ejus, prænoscere, dei erga homines mente qua sint, quidque significent, quemadmedumque ea procurentur atque expientur. Idemque

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