Souvenirs, impressions, pensées et paysages, pendant un voyage en Orient, Volumes 1-2

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Société Belge de librairie, 1838 - Middle East
 

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Page 27 - Toute ma vie l'Orient avait été le rêve de mes jours de ténèbres dans les brumes d'automne et d'hiver de ma vallée natale. Mon corps, comme mon âme, est fils du soleil; il lui faut la lumière; il lui faut ce rayon de vie que cet astre darde, non pas du sein déchiré de nos nuages d'Occident, mais du fond de ce ciel de pourpre qui ressemble à la gueule de la fournaise ; ces rayons qui ne sont pas seulement une lueur, mais qui pleuvent tout chauds, qui calcinent, en tombant, les roches blanches...
Page 197 - Turcs ! tu seras emprisonné sous les voûtes d'un kan avec les chevaux d'un aga ou d'un pacha ; les femmes et les enfants ne t'apporteront plus le lait de chameau, l'orge, ou le doura dans le creux de la main ; tu ne courras plus libre dans le désert comme le vent d'Egypte, tu ne fendras plus du poitrail l'eau du Jourdain qui rafraîchissait ton poil aussi blanc que ton écume ; qu'au moins, si je suis esclave, tu restes libre...
Page 231 - Esther étaient un mélange habile, quoique confus, des différentes religions au milieu desquelles elle s'est condamnée à vivre ; mystérieuse comme les Druzes, dont, seule peut-être au monde, elle connaît le secret mystique; résignée comme le musulman , et fataliste comme lui ; avec le juif, attendant le Messie, et, avec le chrétien, professant l'adoration du Christ et la pratique de sa charitable morale. Ajoutez à cela les couleurs fantastiques et les rêves surnaturels d'une imagination...
Page 157 - ... accoutumé aux traits fatigués, à la physionomie travaillée et contractée des femmes d'Europe, et surtout des femmes de salon, de voir enfin des figures aussi simples, aussi pures, aussi calmes que le marbre qui sort de la carrière ; des figures qui n'ont qu'une seule expression, le repos et la tendresse, et dans lesquelles l'œil lit aussi vite et aussi facilement que dans les caractères majuscules d'une magnifique édition de luxe ! La société et la civilisation sont évidemment ennemies...
Page 180 - ... l'un de ces frères était marié et avait plusieurs enfants; l'autre vivait seul; ils cultivaient en commun le champ qu'ils avaient hérité de leur mère; le temps de la moisson venu, les deux frères lièrent leurs gerbes, et en firent deux tas égaux qu'ils laissèrent sur le champ. Pendant la nuit, celui des deux frères qui...
Page 197 - En parlant ainsi, Abou-el-Marsch avait rongé avec ses dents la corde de poil de chèvre qui sert d'entraves aux chevaux arabes, et l'animal était libre; mais voyant son maître blessé et enchaîné à ses pieds, le fidèle et intelligent coursier comprit, avec son instinct, ce qu'aucune langue ne pouvait lui expliquer : il baissa la tête, flaira son maître, et...
Page 22 - Puisse un rayon du ciel déchirer le nuage Qui couvre trône et temple, et peuple et liberté, Et rallumer plus pur sur ton sacré rivage Ton phare d'immortalité ! Et toi, Marseille, assise aux portes de la France Comme pour accueillir ses hôtes dans tes eaux, Dont le port sur ces murs, rayonnant d'espérance, S'ouvre comme un nid d'aigle aux ailes des vaisseaux.
Page 21 - L'écho de nos douleurs et l'écho de nos crimes Retentirent dans un seul cœur. Et je n'ai pas couché mon front dans la poussière Où le pied du Sauveur en...
Page 245 - Eh bien! prends, assouvis, implacable justice , D'agonie et de mort ce besoin immortel; Moi-même je l'étends sur ton funèbre autel. Si je l'ai tout vidé , brise enfin mon calice ! Ma fille , mon enfant , mon souffle ! la voilà ! La voilà! J'ai coupé seulement ces deux tresses Dont elle m'enchaînait hier dans ses caresses , Et je n'ai gardé que cela ! » Un sanglot m'étouffa, je m'éveillai.
Page 43 - J'ai toujours aimé à parcourir la scène physique des lieux habités par les hommes que j'ai connus, admirés , aimés ou révérés, parmi les vivants comme parmi les morts. Le pays qu'un grand homme a habité et préféré pendant son passage sur la terre m'a toujours paru la plus sûre et la plus parlante relique de lui-même; une sorte de manifestation matérielle de son génie , une révélation muette d'une partie de son âme , un commentaire vivant et sen sible de sa vie , de ses actions...

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