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AN. M. 3512.
Herod. lib.3,

C. 121.

In Hipp. p.

dixième muse; et ceux de Mitylène firent graver son image sur leur monnaie.

Il serait à souhaiter que la pureté de ses mœurs eût répondu à la beauté de son génie, et qu'elle n'eût pas deshonoré son sexe et la poésie par ses vices et par ses dérèglements.

On dit qu'au désespoir et furieuse de l'opiniâtre résistance que Phaon, jeune homme de Lesbos, opposait à ses désirs, elle se précipita dans la mer du haut du promontoire de Leucade en Acarnanie: remède employé assez ordinairement dans la Grèce par ceux qui étaient malheureux dans leur passion.

ANACREON. Ce poète était de Téos, ville d'Ionie. Il passa beaucoup de temps à la cour de Polycrate, ce tyran de Samos, fameux par la prospérité constante de sa vie et par sa fin tragique; et il fut non-seulement de tous ses plaisirs, mais encore de son conseil. Platon 228 et 229. nous apprend qu'Hipparque, l'un des fils de Pisistrate, envoya un vaisseau de cinquante rames à Anacréon, et lui écrivit fort obligeamment pour le conjurer de vouloir bien venir à Athènes, où ses beaux ouvrages seraient estimés et goûtés comme ils le méritaient. On dit que la joie et le plaisir faisaient son unique étude, et ce qui nous reste de ses pièces en fait foi. On voit partout dans ses vers que sa main écrit ce que son cœur sent. Leur délicatesse se fait mieux sentir qu'on ne peut l'exprimer. Rien ne serait plus estimable que ses poésies, si elles avaient un meilleur objet.

AN. M. 3444.

SIMONIDE. Il était de l'île de Cée, une des Cyclades, dans la mer Égée. Il écrivit, dans le dialecte dorique,

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I

le fameux combat naval de Salamine. Son style 1 était délicat, naturel, agréable. Il était touchant, et excellait à exciter la compassion : c'était là son talent propre et personnel, par où les anciens l'ont caractérisé.

Paulùm quidlibet allocutionis.

Moestius lacrymis Simonideis.

Horace en parle de même :

Sed ne relictis, musa procax, jocis,
Ceæ retractes munera næniæ.

Catull.

Lib. 2, od. 1.

IBYCUS. Nous ne connaissons que son nom, et il reste AN. M. 3464. de lui peu de fragments.

BACCHYLIDE. Il était de l'île de Cée, fils d'un frère A. M. 3552. de Simonide. Hiéron préféra ses poëmes à ceux de Pindare dans les jeux pythiens. Ammien Marcellin dit que la lecture de ce poète faisait les délices de Julienl'Apostat.

PINDARE. Quintilien le met à la tête des neuf poètes „AN. M. 3528. lyriques de la Grèce. Ce qui fait son mérite personnel et son caractère dominant, c'est cette noblesse, cette grandeur, cette sublimité, qui l'élève souvent audessus des règles ordinaires, auxquelles il ne faut pas exiger que les productions des grands génies soient servilement assujetties. On voit dans ses odes un effet sensible de cet enthousiasme dont j'ai parlé d'abord. Il pourrait même y paraître un peu trop de hardiesse, si un mélange de traits plus agréables n'y servait d'adou

I Simonides tenuis, alioqui sermone proprio et jucunditate quâdam commendari potest. Præcipua tamen ejus in commovenda miseratione

Tome XI. Hist. anc.

virtus, ut quidam in hac eum parte
omnibus ejusdem operis auctoribus
præferant. » (QUINT. lib. 10, eap. 1.)

3

[Lib.4,od.2.]

AElian. 1. 13,

cissement. Le poète l'a bien senti; et c'est ce qui lui a fait de temps en temps répandre des fleurs à pleines mains, en quoi sa rivale, la célèbre Corinna, lui a même reproché l'excès.

Véritablement Horace ne le loue que par le caractère de sublimité. Selon lui, c'est un cygne qu'un effort impétueux et le secours des vents élèvent jusque dans les nues : c'est un torrent qui, grossi par l'abondance des eaux, renverse tout ce qui s'oppose à l'impétuosité de son cours. Mais, à le regarder par d'autres endroits, c'est un ruisseau paisible, dont l'eau claire et pure coule sur un sable d'or entre des rives fleuries. C'est une abeille qui, pour composer son nectar, ramasse sur les fleurs ce qu'elles ont de plus précieux.

Son style est toujours proportionné à sa manière de penser, serré, concis, et sans trop de liaison dans les mots : l'esprit en découvre assez dans la suite des choses qu'il traite, et les vers en ont plus de force. Le soin d'ajuster des transitions ne ferait que ralentir le feu du poète en donnant à l'enthousiasme le temps de se refroidir.

En parlant, comme j'ai fait, de Pindare, je ne prétends pas le donner pour un auteur sans défauts. Il en a, qu'il est difficile d'excuser; mais le nombre et la grandeur des beautés qui les accompagnent doivent les couvrir et les faire presque disparaître. Il fallait qu'Horace, bon juge en toute matière, mais surtout en celle-ci, eût conçu une haute idée de son mérite, puisqu'il ne craint point de dire qu'on ne peut, sans une témérité visible, prétendre l'égaler. Pindarum quisquis studet æmulari, etc.

Pindare eut une dangereuse rivale dans la personne

c. 25.

de CORINNA, qui se distingua dans le même genre de poésie que lui, et qui lui enleva cinq fois la palme dans les disputes publiques. Elle fut surnommée la muse lyrique.

pag. 672.

Alexandre-le-Grand, lorsqu'il ruina la ville de Plut.in Alex. Thèbes, patrie de notre illustre poète, rendit, longtemps après sa mort, un juste et glorieux hommage à son mérite dans la personne de ses descendants, qu'il discerna du reste des citoyens de cette ville malheureuse, et dont il ordonna qu'on prît un soin particulier.

J'ai parlé ailleurs de quelques ouvrages de Pindare, à l'occasion d'Hiéron on peut consulter l'endroit.

§ VI. Des poètes élégiaques.

Élégie, selon Didyme, vient de ë ëλéyɛw, dire hélas! selon d'autres, de λɛòv λéɣa, dire des choses touchantes. Les Grecs, dont les Latins ont suivi l'exemple, composèrent leurs poésies plaintives, leurs élégies, en vers hexamètres et pentamètres entrelacés. Depuis, toute pièce écrite en vers hexamètres et pentamètres a été appelée élégie, quel qu'en fût le sujet, gai ou triste.

Versibus impariter junctis querimonia primùm,
Mox etiam inclusa est voti sententia compos.

Il ne nous reste aujourd'hui aucune élégie grecque, prise dans le premier sens, si ce n'est celle qu'Euripide a insérée dans son Andromaque, qui ne contient

Horat. in Arte poet. 175.]

Horat. in art. poet.

AN. M. 3230.

que quatorze vers. On ne sait point qui est l'inventeur de l'élégie.

Quis tamen exiguos elegos emiserit auctor

Grammatici certant, et adhuc sub judice lis est.

Comme elle était destinée, dans sa première institution, aux gémissements et aux larmes, elle ne s'occupa d'abord que de malheurs et d'infortunes. Elle n'exprima d'autres sentiments, elle ne parla d'autre langage que celui de la douleur. Négligée, comme il sied aux personnes affligées, elle cherchait moins à plaire qu'à toucher : elle voulait exciter la pitié, et non l'admiration. Ensuite on l'employa à toutes sortes de sujets, et surtout à la passion de l'amour. Mais elle retint toujours son même caractère, et se souvint de sa première origine. Ses pensées furent toujours naturelles et éloignées de toutes recherches d'esprit, ses sentiments tendres et délicats, ses expressions simples et faciles; et toujours elle conserva cette marche inégale dont Ovide lui fait un si grand mérite (in pedibus vitium causa decoris erat), et qui donne à la poésie élégiaque des anciens tant d'avantage sur la nôtre.

Périandre, Pittacus, Solon, Chilon, Hippias, écrivirent en vers élégiaques leurs préceptes de religion, de morale, de politique: en quoi ils eurent pour imitateurs Théognis de Mégare et Phocylide. Plusieurs des poètes dont j'ai parlé jusqu'ici ont composé aussi quelques élégies; mais je ne rapporterai ici que ceux qui se sont appliqués particulièrement à ce genre de poésie, et je n'en choisirai qu'un petit nombre.

GALLINUS. Il était d'Ephèse. C'est un des plus an

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