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des pleurs de Marie, souvenons-nous des gémissemens, parmi lesquels elle nous engendre; c'est assez qu'elle ait souffert une fois, ne renouvelons pas ses douleurs. Au contraire, expions nos fautes par l'exercice de la pénitence songeons que nous sommes enfans de douleurs, et que les plaisirs ne sont pas pour nous. Jésus-Christ nous enfante en mourant, Marie est notre mère par l'affliction; et nous engendrant de la sorte, tous deux nous consacrent à la pénitence. Ceux qui aiment la pénitence sont les vrais enfans de Marie : car où a-t-elle trouvé ses enfans? Les a-t-elle trouvés parmi les plaisirs, dans la pompe, dans les grandeurs et dans les délices du monde? Non, ce n'est pas là qu'elle les rencontre : elle les trouve avec Jésus-Christ, et avec Jésus-Christ souffrant; elle les trouve au pied de sa croix, se crucifiant avec lui, s'arrosant de son divin sang, et buvant l'amour des souffrances aux sources sanglantes de ses blessures. Tels sont les enfans de Marie. Ah! mes Frères, nous n'en sommes pas, nous ne sommes pas de ce nombre. Nous ne respirons que l'amour du monde, son éclat, son repos et sa liberté : liberté fausse et imaginaire, par laquelle nous nous trouvons engagés à la damnation éternelle.

Mais, ô bienheureuse Marie, nous espérons que, par vos prières, nous éviterons tous ces maux qui menacent notre impénitence. Faites donc, mère charitable, que nous aimions le Père céleste, qui nous adopte par son amour, et ce Rédempteur miséricordieux, qui nous engendre par ses souffrances.

Faites que nous aimions la croix de Jésus ; afin que nous soyons vos enfans; afin que vous nous montriez un jour, dans le ciel, le fruit de vos bénites entrailles, et que nous jouissions avec lui de la gloire, que sa bonté nous a préparée. Amen.

SERMON

PRÊCHÉ A L'OUVERTURE

DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

DU CLERGÉ DE FRANCE,

LE 9 NOVEMBRE 1681,

A la Messe solennelle du S. Esprit, dans l'Eglise des Grands-Augustins;

SUR L'UNITÉ DE L'ÉGLISE.

SERMON

SUR L'UNITÉ DE L'ÉGLISE.

Quàm pulchra tabernacula tua, Jacob, et tentoria tua, Israel!

Que vos tentes sont belles, ó enfans de Jacob! que vos pavillons, ó Israelites, sont merveilleux! C'est ce que dit Balaam, inspiré de Dieu, à la vue du camp d'Israël dans le désert. Au livre des Nombres. xxiv. 1, 2, 3, 5.

MESSEIGNEURS,

C'EST Sans doute un grand spectacle de voir l'Eglise chrétienne figurée dans les anciens Israélites; la voir, dis-je, sortie de l'Egypte et des ténèbres de l'idolâtrie, cherchant la terre promise à travers d'un désert immense, où elle ne trouve que d'affreux rochers et des sables brûlans; nulle terre, nulle culture, nul fruit; une sécheresse effroyable; nul pain qu'il ne lui faille envoyer du ciel; nul rafraîchissement qu'il ne lui faille tirer par miracle du sein d'une roche; toute la nature stérile pour elle, et aucun bien que par grâce: mais ce n'est pas ce qu'elle a de plus surprenant. Dans l'horreur de cette vaste solitude, on la voit environnée d'ennemis; ne marchant jamais qu'en bataille; ne logeant que sous des

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