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Est-ce à moi de descendre à d'indignes prières,

De composer avec les dieux,

Pour qu'aux trésors, qu'engloutit l'onde avare,
N'aillent point s'ajouter quelques vins précieux,
Ou les tissus que Tyr prépare?

Non, non, malgré le tumulte des flots,
Poussé par une fraîche haleine,

Et sous l'astre ami des Gémeaux,

Un simple esquif au port me conduira sans peine.

CARMINUM

HORATII

LIBER QUARTUS.

CARMEN II.

AD JULUM ANTONIUM.

Pindarum quisquis studet æmulari,

Jule, ceratis ope Dædalea

Nititur pennis, vitreo daturus

Nomina ponto.

D'HORACE.

LIVRE QUATRIÈME.

ODE II.

A JULES ANTOINE.

Quiconque dans son vol veut atteindre Pindare, Sur des ailes de cire, Antoine, affrontant l'air, Ira bientôt, nouvel Icare,

De son nom doter quelque mer.

Monte decurrens velut amnis, imbres Quem super notas aluere ripas, Fervet, immensusque ruit profundo Pindarus ore:

Laurea donandus Apollinari,

Seu per audaces nova dithyrambos
Verba devolvit, numerisque fertur
Lege solutis ;

Seu deos regesque canit, deorum
Sanguinem, per quos cecidere justa
Morte Centauri, cecidit tremendæ
Flamma Chimæræ;

Sive, quos Elea domum reducit
Palma cœlestes, pugilemve equumve

Dicit, et centum potiore signis
Munere donat;

Flebili sponsæ juvenemve raptum

Plorat, et vires animumque moresque

Aureos educit in astra, nigroque
Invidet Orco.

Multa Dircæum levat aura cycnum,

Tendit, Antoni, quoties in altos

Nubium tractus; ego, apis Matina
More modoque

Comme un fleuve, échappé de sa source féconde,

Si l'orage a gonflé son onde,

Franchit ses bords, et s'épanche en grondant;

Des profondeurs de son génie,

Ainsi Pindare, en bouillonnant,

S'élance, et se répand en torrents d'harmonie.
D'un laurier mérité la couronne l'attend,

Soit

que de sa muse hardie

Les dithyrambes inspirés

Roulent des mots nouveaux, du vulgaire ignorés, Et qu'emporté par son délire,

Dans des nombres sans lois il égare sa lyre;

Soit qu'il aime à chanter les dieux,

Et ces rois de leur sang, dont le bras intrépide,
Par une juste mort, des Centaures hideux
Punit le crime audacieux,

Et, domptant la Chimère, en éteignit les feux;

Soit qu'au vainqueur, qui des jeux de l'Elide,
La palme en main, revient digne des cieux,
A l'athlète, au coursier rapide,

Il consacre ses chants: honneur plus précieux
Que cent marbres, où l'art les rendrait à nos yeux;
Soit qu'il pleure avec une épouse

L'époux que dans ses bras frappa la mort jalouse,
Et que, pour l'arracher aux enfers oublieux,

Il exalte en ses vers sa force, son courage,

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