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dérés avec les whigs, et dès lors ils n'ont plus fait pour ainsi dire qu'un seul parti.

On sait qu'à la reine Anne succéda Georges I", dont la descendance occupe encore aujourd'hui le trône d'Angleterre.

Sous les différents règnes qui se sont succédé depuis le milieu du XVIIIe siècle, l'alliance des modérés s'est constamment maintenue, et c'est à peine si l'on peut apercevoir quelques tentatives isolées des partis outrés, grâce au système de bascule qui, tour à tour, a porté au pouvoir les Pitt, les Canning, les Robert Peel et les Welington.

Je termine par une réflexion qui m'est suggérée par l'illustre écrivain (1) que j'ai déjà cité, et qui ne saurait échapper à quiconque a fait une étude sérieuse de ces différentes phases de l'histoire d'Angleterre. C'est qu'à aucune époque, à la différence de ce qui se passait alors sur le continent, aucun des partis rivaux n'a été complétement ni vaincu ni vainqueur. Ils se sont toujours tolérés après leurs victoires momentanées, et par là, ils ont contribué à faire arriver leur pays plus vite qu'aucun autre à un heureux mélange d'ordre et de liberté. Ils ont eu ce bon sens politique que M. Guizot définit si bien en disant qu'il consiste à savoir tenir compte de tous les faits, les apprécier et faire à chacun sa part. Ce bon sens a été, en Angleterre, une nécessité de l'état social, un résultat naturel du cours de la civilisation.

(1) M. Guizot.

STANCES

A MONSIEUR LE MARQUIS DE.....

Maître passé dans l'art de plaire,

Au Temple vous auriez été

De Chapelle et de Saint-Aulaire
Le disciple ou l'enfant gâté.

Dans Sceaux, où l'aimable du Maine
Rassemblait les arts et les jeux,
Votre esprit vous eût mis sans peine
Fort au-dessus de Malézieux.

Au savoir joignant la folie,
De Saint-Lambert rival heureux,
Vous eussiez fait, pour Emilie (1),
De profonds calculs et des nœuds.

Plus tard on vous eût vu sans doute,
Avec les Bertin, les Bouflers,
En galopant, sur votre route

Cueillir des lauriers et des vers.

Mais, aujourd'hui que notre France

Est au régime des romans,

Paris, dans son omnipotence,

Déclare les vôtres charmants.

(1) Madame la marquise Duchâtelet; elle s'est illustrée par ses con

naissances en mathématiques.

Aussitôt qu'une œuvre nouvvelle
Est éclose de votre main,
Rapide comme l'étincelle,

Le bruit en vole à Saint-Germain.

Exempt de brigue et de manége,
Vous brillez par vos seuls talents;
Peu de gens ont le privilége
Que vous conserverez longtemps.

DE SAINT-JUAN.

RAPPORT

DE M. PÉRENNÈS, SECRÉTAIRE PERPÉTUEL,

SUR LES

TRAVAUX DE L'ANNÉE.

MESSIEURS,

Les statuts académiques prescrivent au secrétaire perpétuel de vous présenter, à la séance publique du mois de janvier, un rapport sur les travaux de l'année écoulée. Cette tâche n'est pas aussi aisée qu'elle peut le sembler au premier abord. Elle ne l'est pas surtout pour moi, qui, pris en quelque sorte au dépourvu, me vois inopinément rappelé par votre confiance à des fonctions dont vous m'aviez autrefois honoré, et que l'absence de M. Perron a laissées temporairement va

canles.

Je n'ai pas l'heureux don de ces esprits faciles, qui jugent un ouvrage d'un coup d'œil, qui savent égayet une froide analyse par des saillies piquantes, et déguiser l'aridité d'une matière sous les charmes d'une élocution fine et spirituelle. Ce que d'autres font sans effort et comme en se jouant, j'ai le malheur de ne pouvoir le faire qu'à force de temps et de réflexions. Pénétré du

désir de me conformer aux intentions de l'Académie, j'ai dù commencer par me demander ce qu'elle attendait de son interprète en cette circonstance.

L'Académie n'a pas voulu, je pense, qu'il se bornât å une simple indication, à une sèche nomenclature des ouvrages publiés dans le cours de l'année. Ce qu'elle a entendu lui prescrire c'est, si je ne me trompe, une appréciation sérieuse et motivée de ses travaux annuels. Mais pour apprécier ces travaux, il faut les connattre; et comment les connaître, si les auteurs n'ont pas pris le soin de vous adresser leurs ouvrages? Or il faut bien le dire, plusieurs de nos honorables associés oublient trop souvent de vous payer ce tribut indispensable.

Il est d'ailleurs une question assez délicate, que suggère naturellement le rôle de rapporteur académique : c'est de savoir jusqu'à quel point il peut user de la critique et de l'éloge? La critique, il est vrai, plaît généralement. Nous l'aimons beaucoup quand elle s'applique au prochain; et rien ne serait plus piquant sans doute que de voir un secrétaire perpétuel venir signaler malignement les défauts des ouvrages dont il a à rendre compte, et s'ériger en censeur public de ses confrères. Mais en agir ainsi, ne serait-ce pas blesser les bienséances? Un tel rôle ne conviendrait pas aux hommes du plus grand talent; et il sied moins encore à ceux qui sentent comme moi qu'ils ont besoin d'indulgence pour eux-mêmes. Si la vérité a des droits qu'on ne peut méconnaître, les liens de confraternité imposent des égards qu'on ne saurait oublier sans encourir de justes reproches.

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