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penser. Simple agent d'un gouvernement qui ne se souciait en aucune sorte de la religion catholique, je ne pus alors empêcher tous les désordres qu'il voulait exciter à tout prix, à dessein de la renverser. Actuellement que je suis muni d'un plein pouvoir, je suis décidé à mettre en œuvre tous les moyens que je croirai les plus convenables pour assurer et garantir cette religion. »

Bonaparte attendait impatiemment les quinze mille hommes détachés de l'armée du Rhin, que Moncey lui amenait par le Saint-Gothard, et qui, n'ayant pu traverser la Haute-Suisse qu'avec lenteur, arrivèrent suc cessivement dans la Lombardie. Notre armée monta pour lors à soixante mille combattants.

Après quelques jours donnés aux affaires politiques, le premier consul reprit le commandement de ses troupes, et les remplit d'enthousiasme par cette proclamation:

<< Soldats!

>> Un de nos départements était au pouvoir de l'ennemi, la consternation était dans tout le midi de la France; la plus grande partie du territoire ligurien, le plus fidèle ami de la république, était envahie. La république cisalpine, anéantie dès la campagne passée, était devenue le jouet du grotesque régime féodal.

» Soldats, vous marchez, et déjà le territoire français est délivré de ses éternels ennemis. Vous êtes dans la capitale de la Cisalpine; l'ennemi épouvanté n'aspire plus qu'à regagner ses frontières. Vous lui avez enlevé ses hôpitaux, ses magasins, ses parcs de réserve; le premier acte de la campagne est terminé.

France le sort qui l'attendait s'il ne l'eût sauvée de la contre-révolution.

Il proclame le rétablissement de la république cisalpine; mais il ne lui donne qu'une administration provisoire, parce qu'il veut modifier sa constitution dans un sens plus favorable au pouvoir.

Après un Te Deum chanté solennellement dans la cathédrale, il réunit le clergé et lui témoigna ses sentiments sur la religion par une allocution qui fut imprimée et répandue dans toute la Péninsule.

En voici quelques traits :

« Ministres d'une religion qui est aussi la mienne, ditil, je vous regarde comme mes plus chers amis ; je vous déclare que j'envisagerai comme perturbateur du repos public, que je saurai punir comme tel, de la manière la plus rigoureuse et la plus éclatante, et même, s'il le faut, de la peine de mort, quiconque fera la moindre insulte à notre commune religion, ou qui osera se permettre un léger outrage envers vos personnes sacrées.... Je sais que, dans une société quelconque, nul homme ne saurait passer pour vertueux et juste, s'il ne sait d'où il vient et où il va. La simple raison ne peut nous fournir là-dessus aucune lumière; sans la religion, on marche continuellement dans les ténèbres, et la religion catholique est la seule qui donne à l'homme des lumières certaines et infaillibles sur son principe et sa dernière fin.... Tous les changements qui arrivèrent dans la discipline, lorsque j'entrai pour la première fois en Italie, se firent contre mon inclination et ma façon de

penser. Simple agent d'un gouvernement qui ne se souciait en aucune sorte de la religion catholique, je ne pus alors empêcher tous les désordres qu'il voulait exciter à tout prix, à dessein de la renverser. Actuellement que je suis muni d'un plein pouvoir, je suis décidé à mettre en œuvre tous les moyens que je croirai les plus convenables pour assurer et garantir cette religion. >>

Bonaparte attendait impatiemment les quinze mille •hommes détachés de l'armée du Rhin, que Moncey lui amenait par le Saint-Gothard, et qui, n'ayant pu traverser la Haute-Suisse qu'avec lenteur, arrivèrent suc cessivement dans la Lombardie. Notre armée monta pour lors à soixante mille combattants.

Après quelques jours donnés aux affaires politiques, le premier consul reprit le commandement de ses troupes, et les remplit d'enthousiasme par cette proclamation:

<< Soldats!

>> Un de nos départements était au pouvoir de l'ennemi, la consternation était dans tout le midi de la France; la plus grande partie du territoire ligurien, le plus fidèle ami de la république, était envahie. La république cisalpine, anéantie dès la campagne passée, était devenue le jouet du grotesque régime féodal.

>> Soldats, vous marchez, et déjà le territoire français est délivré de ses éternels ennemis. Vous êtes dans la capitale de la Cisalpine; l'ennemi épouvanté n'aspire plus qu'à regagner ses frontières. Vous lui avez enlevé ses hôpitaux, ses magasins, ses parcs de réserve; le premier acte de la campagne est terminé.

» Des millions d'hommes, vous l'entendez tous les jours, vous adressent des actes de reconnaissance. Mais aura-t-on impunément violé le sol français? Laisserezvous retourner dans ses foyers l'armée qui a porté l'alarme dans vos familles ! Vous courrez aux armes !... Eh bien! marchez à sa rencontre, opposez-vous à sa retraite, arrachez-lui les lauriers dont elle s'est parée, et, par là, apprenez au monde que la malédiction est sur les insensés qui osent insulter le territoire du grand peuple. >>

Bonaparte précipite ses troupes victorieuses vers Mantoue, et s'empare de Bergame, de Crémone, de Parme, de Plaisance; puis il rabat ses colonnes sur le Pò, et porte son quartier général à la Stradella, sur la rive droite, pour fermer à Mélas la route de Mantoue, et lui livrer bataille après avoir coupé sa ligne de communication. Sa droite est appuyée au Pô et à des plaines marécageuses, son centre sur la chaussée et sur des villages solidement bâtis, sa gauche sur de fortes hauteurs. Dans une position si bien choisie, il paralysait la supériorité de la cavalerie des Autrichiens, et amoindrissait celle de leur artillerie.

Cependant il apprend que Masséna, après avoir défendu pied à pied les rochers de la Ligurie, après soixante jours de blocus dans les murs de Gênes, pressé au-dehors par trente-cinq mille Autrichiens et par une flotte anglaise, au-dedans par la peste et la famine, avait capitulé et quitté cette place, emportant ses armes et sa gloire. On l'informe, en même temps, que les troupes du blocus s'avançaient pour se joindre à Mélas. Celui-ci, se rẻ

veillant enfin, rassemble ses forces, et se campe sous les murs d'Alexandrie pour combattre et s'ouvrir la route de Mantoue. Ayant perdu sa ligne d'opérations, il se voit renfermé entre les Apennins et la rive droite du Pò, et n'a plus de ressource que dans ses armes. C'est dans les plaines de la Scrivia que Bonaparte, du fond des Tuileries, avait fixé sur une carte la lice du combat, et marqué d'une épingle Marengo. C'est là qu'il va décider du sort de l'Italie.

Il prélude à cette grande journée par la victoire de Montebello. Là, l'héroïque Lannes, n'ayant que huit mille hommes, lutta pendant plusieurs heures contre l'armée du général Ott, trois fois plus nombreuse; puis, secondé par la division Victor, accourue à son secours, il la mit en déroute, tua trois mille Impériaux, fit cinq mille prisonniers, prit douze drapeaux, et conquit le grand nom de Montebello.

Par une autre faveur de la fortune, le général Desaix qui revenait d'Egypte, Desaix, l'homme que Bonaparte croyait le plus digne d'être son lieutenant, arrive au quartier-général; il brûlait de se signaler. Le premier Consul lui donne aussitôt le commandement de sa réserve, forte de dix mille hommes.

L'armée française, composée des corps de Victor, de Lannes et de Desaix, passe la Scrivia. Bonaparte croyait trouver l'ennemi dans la vaste plaine de San-Giuliano; mais en vain porte-t-il de tous côtés ses regards, elle est déserte. Une faible arrière-garde autrichienne occupait le village de Marengo; bientôt elle en est débusquée. La facilité avec laquelle on cédait une position si impor

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