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Et, sans souci d'être applaudie,
Sur un mode facile et pur,
Chante une simple mélodie.
Laisse aux nymphes de nos cités
Les grands airs en langue étrangère.
Moi, j'aime mieux la voix légère
Et les refrains au vent jetés
D'un humble et naïve bergère.
Les brillantes difficultés

De ces arias si vantés,

Je voudrais que ce fût, ma chère,
Autant d'impossibilités.

DE CERTAINES PRÉTENTIONS HERALDIQUES.

Lorsque Jean, mon voisin, parle de ses aïeux,
Fait-il de l'histoire ou du conte?

A-t-il vraiment le droit de porter en tous lieux
Le titre et le blason d'un marquis ou d'un comte ?
Qu'importe?.... Ces droits-là (Jean le sait, il y compte),
En bonne compagnie on en rit parfois, mais

On ne les conteste jamais.

DE CERTAINES PROFESSIONS DE FOI ÉLECTORALES.

Cléon, ce tribun fanatique,

Jure au parti qu'il sert un complet dévoûment.
Il sacrifira tout à sa foi politique.

Voici ce que vaut son serment.

Cléon, de la fortune adorateur fidèle,

Dans ses bras cherchant le bonheur,

Saura tout immoler pour se rapprocher d'elle,
Son repos, ses amis, tout, jusqu'à son honneur.

DE CERTAINES REPUTATIONS USURPÉES.

Quel que soit le traité que Saint-Phar négocie,
Saint-Phar, qu'on se plaît à vanter,

Voit tous ses projets avorter.

C'est le hasard, dit-on, ou c'est l'impéritie
De ses commis, de ses agents,

Tous maladroits, tous négligents.

- Quoi! tous? Oui, tous.

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Méfions-nous de ces habiles gens

Excuses puériles.

Qui n'ont semé jamais que des graines stériles,
Et de ces ouvriers, tant prônés fussent-ils,

Qui se plaignent de leurs outils.

DE CERTAINS ARCHITECTES DE PARIS.

Ainsi, vous bâtissez?

-

Malgré tes bons avis.

Bons avis en effet que personne n'écoute.

Vous ne savez donc pas, mon cher, ce qu'il en coûte? - Si fait, tout est prévu; j'ai là plans et devis.

-Plans et devis!... Mon Dieu! quelle erreur est la vôtre ! Entre les travaux projetés

Et les travaux exécutés,

La différence est grande et le prix est tout autre.
Semblable à certains bons amis,

De Vitruve aujourd'hui maint honnête disciple
Donne le double au moins de ce qu'il a promis,
Et nous en fait payer le triple.

DE CERTAIN BIBLIOGRAPHE DE LONDRES.

C'est un savant, un érudit,

Sans contredit.

Sa mémoire est une boutique

Où s'étalent, rangés par ordre alphabétique,
Avec les prix courants et les prix d'amateur,
Tous les livres connus du pôle à l'équateur.
Livre nouveau, livre gothique,

OEuvre profane, œuvre ascétique,
Anonyme, apocryphe, il en dira l'auteur,
La date, le format, l'origine authentique.
Il vous indiquera les vices découverts
Dans chaque édition de ces écrits divers,
Le nombre des feuillets et celui des chapitres.
C'est un savant, un érudit,

Sans contredit,

Car il en a lu tous les titres.

DES ACADÉMIES DE PÉKIN.

Extrait du livre des paroles mémorables de l'empereur Tchien-Long, en la 47° année de son règne (1783), titre 4, chapitre 5, no 6.

Un temple académique, disait en vers chinois ce grand prince,

Un temple académique est un de ces endroits

Tristes, brumeux et froids,

Où s'embaument l'un l'autre, avec cérémonie,
Des hommes de génie,

Que leur propre mérite au-delà du trépas

Ne conserverait pas;

Et c'est pourquoi, sans doute, on voit tant de momies
Dans mes académies.

Je finis. Vous avez pu, Messieurs, lire ces mots gravés

dans un cartouche sur les murs du palais où nous sommes Obedientia felicitatis mater, de l'obéissance naît le bonheur; obéissance aux lois divines et humaines, soumission aux pouvoirs, subordination, telle est la source de la félicité publique et du bonheur de chacun. Cette inscription, qui n'est pas de nos jours, m'a suggéré le couplet suivant, par lequel je terminerai ma lecture:

Voulez-vous réussir? prenez pour habitude

L'ordre et la discipline, aussi bien que l'étude.
Du plus petit jusqu'au plus grand,
Chacun doit ici-bas conserver l'attitude
Et garder l'esprit de son rang.
Le soldat insoumis ou l'élève indocile
Deviendra chef hautain ou maître difficile.
Qui ne sut obéir ne saura commander.
Il faut suivre la marche au début de la vie;
Plus tard, ceux qui l'ont bien suivie
Sont dignes seuls de la guider.

DISCOURS DE RÉCEPTION.

DE M. GUENARD, BIBLIOTHÉCAIRE-ADJOINT.

Esquisse de l'histoire de Besançon.

MESSIEURS,

L'honneur d'être admis parmi vous est une douce et noble récompense pour l'homme studieux. Celui qui l'obtient ne doit point s'en croire tout à fait indigne, mais il ne peut y attacher aucune idée de supériorité sur ses concurrents. Ce sentiment d'orgueil me serait moins permis qu'à tout autre, car si j'ai été l'objet de quelque préférence, je le dois surtout, permettez-moi de le dire, à l'indulgence d'un maître que vous regrettez avec moi de ne pas voir à cette solennité, et qui a dirigé mes études autant par l'autorité de son exemple que par la sûreté de ses conseils.

Dès aujourd'hui je vous apporte le tribut de ma reconnaissance, en vous soumettant une rapide esquisse de l'histoire de Besançon, dont je m'occupe depuis plusieurs années. Ce travail, tout patriotique, demanderait une plume exercée; des efforts soutenus suppléeront, je l'espère, à mon insuffisance; d'ailleurs, j'ai mis à con

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