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soient pas l'existence de ces deux pièces, car elles sont de l'époque la plus stérile de leurs annales, de l'an 813 à l'an 959.

La chronique de Nestor finit à l'année 1096. Nestor reste, d'après l'opinion de Schloezer, la première, l'unique source, au moins la source principale pour l'histoire du Nord scandinave et finois; jusqu'à lui ces contrées étoient, pour les historiens, terra incognita. Dans un des continuateurs de Nestor, on remarque le plus ancien code des lois russes, nommé la Vérité russe ou le Droit russe; il est tiré des lois scandinaves. Les premiers souverains de la Russie vinrent de la Scandinavie, appelés qu'ils furent par la volonté des peuplades russes. Pour se convaincre que le Droit russe est d'origine scandinave, il suffit de le comparer avec la législation suédoise, dont les fragments les plus authentiques ont été conservés. Un ouvrage assez rare aujourd'hui, imprimé à Abo ou à Upsal, « De Jure » Sveonum Gothorumque vetusto, » offre le texte original du droit russe, et souvent on ne peut comprendre le texte russe qu'à l'aide du texte suédois.

Un travail à consulter sur les historiens et la littérature slavo-russe, est celui de Kohl, Introductio ad histor. litterar. Slav.

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Les historiens des autres peuples d'origine slave sont venus plus tard que Nestor, et même plus tard que son premier continuateur, car Nestor a écrit entre l'an 1056 et l'an 1116, et l'historien de Prague, Cosme, est mort l'an 1125.

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Martin Gallus, annaliste de Pologne, doit

être placé de 1109 à 1136. Helmold, dont l'ouvrage sert de source à l'histoire des peuples du moyen âge de l'Allemagne, et surtout à celle des Slaves, a écrit à Lubeck vers l'an 1170, Chronica Slavorum.

Adam de Bremen est presque contemporain de Nestor; il est utile pour l'histoire du Danemarck. Un autre annaliste aussi consciencieux que Nestor, et de quelques années plus ancien que lui (mort l'année 1018), est Difmar, évêque de Mersebourg; il a écrit touchant l'Allemagne.

Tous les documents de l'histoire de la Germanie se trouveront réunis dans le recueil des historiens allemands, que publie en Hanovre le savant Paertz sous les auspices du baron de Stein. M. Paertz a visité le cabinet de nos Chartes, et il a fouillé dans les archives du Vatican pour l'histoire du moyen âge de l'Allemagne.

Le premier volume in-folio de ce recueil a été publié, le second et le troisième doivent bientôt paroître. Ce recueil rendra inutiles ceux connus jusqu'à présent sous la dénomination de Scriptores rerum Germanicarum. Reste à savoir pourtant si l'on se pourra passer de la collection de Leibnitz, de Scriptores rerum Brunsvicensium. Leibnitz, génie universel, a pressenti l'importance de son travail pour la Mythologie des Slaves et des Germains, et même pour la langue de ces peuples dans une de ses préfaces or trouve, sur l'histoire du Moyen Age, des idées que les appréciateurs modernes de ces temps, n'ont fait souvent que reproduire sous d'autres formes.

L'histoire de la Suède de Dalen est une compilation assez complète, mais peu critique; celle de Rühs est la plus estimée. Le nouveau recueil, dont deux volumes ont déjà paru, est de Geyer. On a deux forts in-folio de Lagerbring, composés de matériaux historiques et législatifs sur la Suède.

L'histoire de Danemarck, de Mallet, n'est pas à négliger. L'introduction relative à la mythologie et aux poésies du Nord est intéressante, quoique depuis on ait fait des progrès dans la langue et des découvertes dans les fables scandinaves.

Saxo-Grammaticus est le Nestor du Danemarck comme Snorron est l'Hérodote du Nord: Ce pays possède aussi un recueil de Scriptores.

Quant à l'histoire de Pologne, outre Martin Gallus, on trouve Vincent Kadlubeck, évêque de Cracovie, mort en 1223. L'évêque Dlugosh compila les annales de son pays, vers le milieu et la fin› du quinzième siècle, empruntant ses récits, comme il l'avoue lui-même, aux traditions populaires.

Par ordre de Nicolas Ier. on procède en Russie à la réunion des documents slaves et autres Titres de ce vaste empire. La Lusace et la Bavière commencent des collections. La société formée à Francfort s'occuppe sans relâche de la découverte et de la publication des diplômes et papiers nationaux de l'Allemagne.

Telles sont les richesses que nous offre le Nord de l'Europe. Toutefois n'abusons pas, comme on est trop enclin à le faire, des origines scandinaves, slaves et tudesques. Il semble aujourd'hui que toute notre histoire soit en Allemagne, qu'on ne trouve que là

nos antiquités et les hommes qui les ont connues. Les quarante ans de notre Révolution ont interrompu les études en France, tandis qu'elles ont continué dans les Universités germaniques; les Allemands ont regagné sur nous une partie du temps que nous avions gagné sur eux; mais, si pour le droit, la philologie et la philosophie, ils nous devancent à l'heure qu'il est, ils sont encore loin d'être arrivés en histoire au point où nous nous trouvions, lorsque nos troubles ont éclaté.

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Rendons justice aux savants de l'Allemagne, mais sachons que les peuples septentrionaux sont, comme peuples, plus jeunes que nous de plusieurs siècles; que nos chartes remontent beaucoup plus haut les leurs ; que que les immenses travaux des Bénédictins de Saint-Maur et de Saint-Vannes ont commencé bien avant les travaux historiques des professeurs de Goettingue, d'léna, de Bonn, de Dresde, de Weimar, de Brunswick, de Berlin, de Vienne; de Presbourg, etc.; que les érudits françois, supérieurs par la clarté et la précision aux érudits d'outre-Rhin, les surpassent encore par la solidité et l'universalité des recherches. Les Allemands ne l'emportent véritablement sur nous que dans la codification: encore les grands légistes, Cujas, Domat, Dumoulin, Pothier, sont-ils François. Nos voisins ont sur les origines des nations barbares quelques notions particulières qu'ils doivent aux langues parlées en Dalmatie, en Hongrie, en servie, en Bohême, en Pologne, etc.; mais un esprit sain ne doit pas attacher trop d'importance à ces études qui finissent par dégénérer dans une mé

taphysique de grammaire, laquelle paroît d'autant plus merveilleuse qu'elle est plus noyée dans les brouillards.

on

Que par l'étude du Sanscrit et des différents dialectes indien, tubéthain, chinois, tartare, parvienne à dresser des formules au moyen desquelles on découvre le mécanisme général du langage humain, philosophiquement parlant, ce sera un progrès considérable de la science; mais, historiquement parlant, il est douteux qu'il en résulte beaucoup de lumières. Au système des origines communes par les racines du logos, on opposera toujours avec succès le synchronisme ou la spontanéité du verbe comme de la pensée, dans divers temps et dans divers pays.

Si nous passons de l'Allemagne à l'Angleterre, il n'est pas sans profit de parcourir les poésies anglo-saxonnes, galliques, écossoises, irlandoises, afin de prendre un sentiment général de l'enfance d'une société barbare; mais il ne les faudroit pas convertir en preuves, car la vanité cantonnale a tellement mêlés les chants faits après coup, aux chants originaux, qu'on les peut à peine distinguer.

Quant aux lois, j'ai déjà dit qu'il étoit bon de consulter les lois anglo-saxonnes et galliques. Les actes de Rymer, continués par Robert Sanderson, sont un bon recueil, mais ils ne commencent qu'à l'an 1101, sautent tout à coup de l'an 1103 à l'an 1137, et continuent de la sorte avec des lacunes de 10, 15 et 20 ans, jusqu'au treizième siècle où les chartes se multiplient. Ce recueil, tout important qu'il soit, est fort inférieur à celui

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