Page images
PDF
EPUB

to

Harvard College L ray

KD53573

July 1, 1914.
Bequest of

Georgina Lowell Putna

AVIS

RELATIF A LA TRADUCTION JUXTALINÉAIRE.

On a réuni par des traits les mots français qui traduisent un seul mot latin.

On a imprimé en italiques les mots qu'il était nécessaire d'ajouter pour rendre intelligible la traduction littérale, et qui n'avaient pas leur équivalent dans le latin.

Enfin, les mots placés entre parenthèses, dans le français, doivent être considérés comme une seconde explication, plus intelligible que la version littérale.

[ocr errors][merged small]
[ocr errors]

Vers 1. Tout sujet doit être simple. 24. Souvent les poëtes tombent dans les défauts opposés à ceux qu'ils veulent éviter. 38. L'auteur doit choisir un sujet proportionné à ses forces. 45. Hardiesses que les poëtes peuvent se permettre dans l'emploi des mots destinée des mots. 73. Quels sont les vers appropriés à chaque genre. 89. Du ton qui convient à la Tragédie et à la Comédie. 99. Il faut tenir compte du sujet, du temps, des personnes. - - 119. Ce que doit faire l'auteur, s'il reproduit sur la scène un personnage connu, ou s'il en invente un nouveau. 136. Quelques préceptes sur la poésie épique. 153. Des sujets qu'il faut mettre sur la scène. Horace recommande d'approprier les mœurs à chacun des âges de la vie. 179. De l'action et du récit.. - 193. Du Chœur.-202. De la licence qui s'est introduite dans la musique. 220. Du drame Satyrique.-251. De l'iambe, et de l'iambique de six pieds.—263. Négligence des écrivains Romains. —275. Origine de la Tragédie et de la Comédie. 295. De l'art et du génie. 309. Connaissances nécessaires au poëte.—323. Funestes effets de ce travail déréglé qui n'a en vue que l'argent. 333. Objet que la poésie se propose. De la vraisemblance. - 347. La sévérité n'exclut pas une indulgence raisonnable. 366. La médiocrité est interdite aux poëtes. 391. Origine et éloge de la poésie. · 408. Pour former le poëte, il faut le concours de l'art et de la nature. 419. L'écrivain doit se défier des flatteurs, et ne consulter qu'un juge sincère.

453. Épilogue.

[ocr errors]
[ocr errors]

ART POÉTIQUE.

1

ARS POETICA'.

AD PISONES".

3

:

Humano capiti cervicem pictor equinam
Jungere si velit, et varias inducere plumas
Undique collatis membris, ut turpiter atrum
Desinat in piscem mulier formosa superne
Spectatum admissi, risum teneatis, amici ?
Credite, Pisones, isti tabulæ fore librum
Persimilem, cujus, velut ægri somnia, vanæ
Fingentur species*, ut nec pes, nec caput uni
Reddatur formæ. — Pictoribus atque poetis
Quidlibet audendi semper fuit æqua potestas.
Scimus, et hanc veniam petimusque damusque vicissim ;
Sed non ut placidis coeant immitia, non ut
Serpentes avibus geminentur, tigribus agni.

Inceptis gravibus plerumque et magna professis

10

Si un peintre s'avisait de placer une tête humaine sur un cou de cheval; et que, bigarrant de plumes diverses un assemblage confus de membres disparates, il terminât un gracieux buste de femme par la croupe hideuse d'un monstre marin: devant un pareil tableau, pourriez-vous, ô mes amis, vous empêcher de rire? Voilà pourtant, jeunes Pisons, voilà l'image exacte et fidèle d'un livre où les idées confuses ressembleraient aux songes d'un malade, et dont les différentes parties manqueraient d'harmonie et d'ensemble. Les poëtes, dira-t-on, n'ont-ils pas toujours eu, comme les peintres, le privilége de tout oser? Sans doute et cette liberté même, nous la ré clamons pour nous, et l'accordons volontiers, nous aussi : mais enfin, admet-elle l'alliance de la férocité et de la douceur; permet-elle d'accoupler les oiseaux avec les serpents, les tigres avec les agneaux?

Souvent, à un début imposant et qui promet de grandes choses,

ART POÉTIQUE.

Si pictor velit

jungere cervicem equinam capiti humano, et inducere plumas varias membris collatis undique, ut mulier

formosa superne desinat in piscem turpiter atrum : amici, admissi spectatum, teneatis risum? Credite, Pisones, fore persimilem isti tabulæ, librum

cujus species vanæ fingentur

velut somnia ægri, ut nec pes nec caput reddatur formæ uni.

-Potestas æqua audendi quidlibet fuit semper pictoribus atque poetis. Scimus, et

petimusque hanc veniam, damusque vicissim: sed non ut immitia coeant placidis ; non ut serpentes geminentur avibus, agni tigribus. Plerumque, unus et alter pannus

AUX PISONS.

Si un peintre voulait joindre un cou de-cheval à une tête humaine, et mettre des plumes diverses sur des membres rassemblés de-toute-part, en sorte qu'une femme belle par-le-haut

se terminât en un poisson hideusement noir (repoussant): mes amis, admis à voir cela, retiendriez-vous votre rire ? Croyez, Pisons,

qu'il sera tout-à-fait-semblable à ce tableau,

le livre

dont les idées vaines (confuses)
seront (seraient) représentées
comme les rêves d'un malade,
en sorte que ni pied ni tête

ne se rapporte à une forme unique.
Un privilége égal
d'oser toute-chose
a été de-tout-temps

aux peintres et aux poëtes.
Nous savons cela; aussi,

et demandons-nous cette permission, et la donnons-nous, à-notre-tour: mais non pour que les animaux féroces soient unis aux animaux paisibles; non pour que les serpents soient accouplés aux oiseaux, ni les agneaux aux tigres. La plupart-du-temps,

un et un autre (un ou deux) lambeaux

Purpureus, late qui splendeat, unus et alter
Assuitur pannus, quum lucus et ara Dianæ,

Et properantis aquæ per amonos ambitus agros,
Aut flumen Rhenum, aut pluvius describitur arcus:
Sed nunc non erat his locus. Et fortasse cupressum
Scis simulare; quid hoc, si fractis enatat exspes
Navibus, ære dato qui pingitur 1? Amphora cœpit
Institui: currente rota, cur urceus exit?
Denique sit quodvis simplex duntaxat et unum.

Maxima pars vatum, Pater et Juvenes patre digni,
Decipimur specie recti: brevis esse laboro,
Obscurus fio; sectantem lenia nervi
Deficiunt animique; professus grandia turget;
Serpit humi tutus nimium timidusque procellæ.
Qui variare cupit rem prodigialiter unam,

45

20

25

on rattache, pour nous éblouir à distance, un ou deux lambeaux de pourpre; on décrit un bois sacré et l'autel de Diane, ou bien le ruisseau qui serpente en fuyant à travers de riantes prairies, ou le Rhin majestueux, ou les brillantes couleurs de l'arc-en-ciel : descriptions charmantes, oui, mais qui ne sont pas à leur place. Vous savez peindre un cyprès: eh! qu'importe un cyprès au malheureux qui vous paie pour le représenter lui-même échappant au naufrage sur les débris de son vaisseau? On commençait une amphore magnifique : la roue a tourné; pourquoi ne vient-il qu'une tasse? Enfin, que la simplicité, que l'unité règne avant tout dans un ouvrage. Ce qui nous trompe souvent, nous autres poëtes, c'est — savez, illustre Pison, et vous, ses dignes fils, c'est l'apparence du bien. Je vise à la concision, je deviens obscur; on court après la grâce adieu le nerf et la chaleur; tel vise au sublime, et se perd dans l'enflure; par excès de prudence, et pour échapper à la tempête, celui-là se traîne terre à terre; celui-ci croit trouver la variété dans le merveilleux, et son pinceau bizarre nous représente

[ocr errors]

-vous le

« PreviousContinue »