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un Homme du Monde qui refpire un air libre & ouvert. Ses Comparaifons & la plupart de fes Images doivent être prifes du train ordinaire de la Vie. Des traits de Satire & ,, de Critique, de même que des Elo,,ges, mélez, pour ainfi dire, en paffant & d'une manière judicieufe ,, animent & ornent beaucoup les Piè ces de cette nature. Mais que notre Poëte, qui écrit des Epîtres, fe ,, fouvienne toûjours, quelque familiéres qu'elles foient, qu'il écrit en Vers, & que, par conféquent, il doit ,, prendre bien garde à ne tomber pas dans la Profe, ni dans la Diction vul,, gaire, à moins que la nature du fu,, jet ne l'exige de toute néceffité. ,, Quelques Critiques prétendent qu'Ho. RACE s'eft un peu relâché à cet égard, & qu'il a trop négligé fa Verfification; ce qu'il femble avoir reconnu luimême.

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,, Tout ce que j'ajouterai ici eft, que ,, ces deux différentes maniéres d'écrire des Lettres, fi des Perfonnes douées des qualitez requifes s'en mêlent, peuvent être auffi agréables, chacune en fon espèce, qu'aucune autre forte de Poëfie; & que la derniére bien ménagée peut devenir fort instructive. Je fuis &c.

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J'accompagnerai d'une ou deux Ob. fervations celles de mon ingénieux Correfpondant; & je remarquerai d'abord,

que les Sujets les plus fublimes peuvent fe traiter avec avantage en forme Epiftolaire, comme dans la fameufe Epître d'HORACE à AUGUSTE. Le Poëte nous furprend par fon Stile pompeux, & il femble que le hafard lui a plutôt fourni fon fujet, qu'aucun deffein prémedité. Il paroit, comme un Roi qui voïage incognito, avec un mêlange de familiarité & de grandeur. Lorfque la dignité du Sujet entraine le Poëte à faire des Defcriptions ou à marquer des Sentimens, vous diriés que tout cela naît de foi même, & qu'il eft animé d'une espèce d'Enthoufiafme. Il en revient enfuite, & il retombe de bonne grace dans le ftile naturel d'une Lettre

Je pourrois parler ici du Poëme Epiftolaire, que MR. EUSDEN vient de publier fur l'Avenement du Roi à la Couronne, où, entre plufieurs beaux traits de Poëfie, on peut voir cette Régle heureufement obfervée.

XLIX. DIS

XLIX. DISCOURS.

Illic poftquam fe Lumine vero Implevit, Stellafque vagas miratur, & Aftra Fixa Polis, vidit quantâ fub Nocte jaceret Noftra Dies, rifitque fui Ludibria Trunci. LUCAN. Lib. IX. II.

Après que l'Ame de ce Héros, remplie d'une Lumière cétefte, eut admiré le Cours des Etoiles & des Aftres qui brillent à l'un & à l'autre Pole, elle s'apperçut, que nos Fours ici-bas font couverts de terribles Nuages, & fentit bien le Ridicule de tous les Amusemens qu'elle y avoit eu.

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MR. LE SPECTATEUR,

LES Lieux communs, que les tre

rateurs mettent en ufage contre

Lettre fur l'ORGUEUIL

Hommes.

,, l'Orgueuil de l'Homme font pris de la baffeffe de fon Origine, des im- mal-en,, perfections de fa Nature, & de la tendu des courte durée de ces Biens, dont il fe glorifie. Quoi quil n'y ait rien en nous qui aut exciter notre Vanité, avec tout cela un fentiment intérieur de notre mérite peut quel ,, quefois être louable. Le mal donc confifte en ce que, d'un côté, nous fommes prêts à nous enorgueillir de niaiferies, ou même de chofes indi"gnes; & que, de l'autre, nous reN 6 › gar

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gardons comme déshonorable ce qui fait notre folide gloire.

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De là vient, que ceux qui font avides de louanges prennent de fauffes mefures pour les obtenir. Si un Orgueuilleux fe donnoit la peine de confulter fon propre cœur, il trouveroit que, fi les autres étoient auffi bien inftruits de fes foibleffes que ,, lui-même, il n'auroit jamais l'impudence de prétendre à l'eftime du Public. L'Orgueuil naît donc du manque de reflexion, & du peu de con,, noiffance qu'on a de foi-même. Plus ,, on fe connoit, & plus on a d'humilité. L'une de ces chofes fuit naturellement de l'autre, & elles s'ac,,compagnent toujours.

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Le plus für moïen pour juger de ,, nous eft d'examiner de près ce que ,, nous estimons ou que nous méprifons dans les autres. Un Homme, qui fe vante des biens de la Fortune, d'un Habit magnifique, ou d'un nouveau Titre d'Honneur, fe rend par-là ridicule. Ainfi nous ne devrions pas admirer en nous-même ce qui nous engaà nous moquer des autres. ,. Il y a beaucoup moins de raifon à ,, nous enorgueuillir de ce que nous ,, mépriferons certainement quelque jour. Malgré tout cela, fi nous voulons refléchir fur les divers change,, mens que nous avons effuié, & ceux ,, qui nous attendent encore, nous

,, trouverons, que plus notre fageffe & nos connoiffances augmentent, plus. elles fervent à nous découvrir nos im" perfections.

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,, A mefure que nous paffons de T'Enfance à la Jeuneffe, nous regar dons avec dédain les Jouets & les Amusemens qui avoient fait jufqueslà tout notre plaifir. Lorfque nous ,, approchons de l'âge viril, on nous. eftime vertueux à proportion de la honte & du regret que nous avons. ,, pour les défordres & les égaremens. de la Jeuneffe. La Vieilleffe eft plei,, ne de Reflexions mortifiantes fur une. vie mal-emploïée à fe procurer des Biens & des Honneurs incertains. A. fuivre cette gradation de Pensées, ,, on peut conjecturer avec affez de ,, fondement, que, dans le Siècle à. venir, la Sageffe, l'Expérience, & les Maximes de la Vieilleffe, feront ,, regardées par un Efprit feparé de fon Corps, à peu près du même. œil, dont un Vieillard regarde ,, aujourd'hui les Folies & les Badina", ges des Enfans. Les Pompes, les Honneurs, la Politique, & les Rufes des Hommes faits, paroitront alors. auffi ridicules, que tous les Jeux & les Exercices qui occupent aujourd'hui toute l'adreffe, la force, & l'ambition, de Créatures raifonnables, ,, depuis l'âge de quatre ans jufques à neuf ou dix.

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