وو وو ,, postée-là avec une groffe Bague d'Or ,, au pouce, on ne doute point que ce ne foit un préfent de fon Mari défunt; & qu'elle ne manque pas d'attirer dans fes filets quelque riche ,, Voifin, qui eft charmé de la gaillarde Veuve, & qui n'auroit pas daigné jetter les yeux fur une vénérable Fille. دو دو A examiner de près cet Ordre de Femmes, fuivant la différence de leurs Caractères, & de la fituation où elles fe trouvent, il femble qu'on ,, peut les diftinguer en deux Claffes, en celles qui peuvent donner de l'A,,mour, & en celles qui excitent la Compaffion. دو ,, Mais, pour ne pas m'écarter de mon Sujet, il y a deux chofes qui rélevent fur tout la Gloire d'une Veuve; c'est-à-dire, le tendre fouvenir qu'elle a de fon Epoux défunt, & le foin qu'elle prend de l'éducation de fes Enfans: à quoi l'on en peut ajou ter une troisième, qui nait de la prémiére, & qui paroit dans une condui te fage & réglée, capable de faire honneur à l'un & à l'autre. Une Veuve, qui poffède ces trois bonnes qualitez, ne forme pas feulement un Caractère vertueux, mais fublime. وو Il y a quelque chofe de fi grand & de fi noble dans l'Etat de Veuvage, ,,lorfqu'il eft accompagné de toutes fes M 7 .Ver دو ,, Vertus, qu'il eft devenu le fujet d'u ne de nos plus belles Tragédies modernes en la Perfonne d'ANDRO,, MAQUE, & qu'il a été reçu avec un "applaudiffement général, qu'il méritoit bien, lorfque MR. PHILLIPS l'a introduit fur la Scene. وو La Veuve la plus renommée, qu'il ,, y ait dans l'Hiftoire, eft la Reine ARTEMISE, qui, non contente d'avoir élevé à l'honneur de fon Epoux un fameux Maufolée, avala fes cen,, dres; &, par ce moïen, les renferma dans un Monument plus augufte que ,, n'étoit celui qu'elle fit bâtir à fes dé"pens, quoiqu'il fût eftimé avec raifon une des Merveilles du Monde & de l'Architecture. وو Il femble que cette Princeffe avoit ,, plus de droit, qu'aucune autre dont ,, j'aie entendu parler, à un fecond Epoux, puis qu'il ne reftoit pas un feul atome du prémier. Mais, nos Héroïnes modernes trouveroient fans doute, que les cendres d'un Epoux font une Potion bien amére; & elles au,,roient grand fujet de fe plaindre, fi elles ne pouvoient obtenir un autre Affocié, qu'après avoir perdu le fouvenir du défunt par une voie fi rebu دو " وو دو tante. A ces illuftres Exemples, j'en ajouterai un fort remarquable, & qui fait voir la Délicateffe de nos Ancêtres à l'égard du Veuvage. Le voici, tel » qu'il وو ,, qu'il fe trouve dans l'Interprète de notre Hiftorien COWELL. Au lieu, nom,, mé Eft & Oueft Enborne, dans le Comté de Berks, fi un Fermier,qui tient fes Terres "fuivant la Coutume du Fief, vient àmou"rir, faVeuve aura une Portion que la Loi appelle Free-Bench, fur toutes les Terres , qu'il poédoit, en vertu d'une fimple Copie tirée des Roles, qu'on garde dans la Cour ,, Seigneuriale, dum fola & cafta fuerit, ,, c'eft à-dire, pendant qu'elle vivra feule & en chaftete; mais fi elle tombe dans l'in,, continence, elle perd fon droit. Malgré tout cela, fi elle veut paroître à la Cour, montée à reculons fur un Belier noir, avec la queuë de cet Animal en fa main & prononcer les mots fuivans; le Receveur du Fief eft obligé, par la Coûtume,de la rétablir dans la jouisance de fon FreeBench. وو دو وو Me voici, Monteé fur un Bélier noir, Moi qui, ayant perdu Mon. Bincum Bancum, pour l'amour de Subis cette bonteufe Revûë. C'est pourquoi, Mr. le Receveur, je vous prie de me rendre mes Terres. On obferve la même Coûtume à Tor, qui eft une Seigneurie dans la Province de Devon, & dans quelques autres Quartiers de l'Ouest. Sur les CRAINTES malfon 5) Il n'eft pas impoffible que je ne vous ,, envoie bien-tôt une Lifte des Dames ,, de Berkfbire, & d'autres Lieux Occidentaux, qui ont paru en public à cet,,te occafion, montées fur des Béliers; & ,, je me flatte, qu'une Cavalcade fi nombreufe de Veuves fournira un agréable Divertiffement à la Ville. Je fuis &c. چون وو XLV. DISCOURS. Non poffidentem Multa vocaveris Duramque callet Pauperiem pati, HOR. Lib. IV. Ode X. 45. Les grands Biens ne rendent pas l'Homme beu- L faut avouer, que la Crainte eft une plus 281 dées, & remédier. LE SPECTATEUR. XLV. Difc. 281 plus grand effort de la Vertu confifte àles Mola vaincre. Elle nous a été donnée pouriens d'y notre confervation: ainfi, l'on ne doit" pas trouver étrange, qu'elle nous fuive par-tout, pendant qu'il nous refte quelque chofe que nous voudrions bien garder. La vie même & tous fes plaifirs mériteroient à peine qu'on les fouhaitât, fi nous appréhendions fans ceffe de les perdre. Le but de la Religion & de la Philofophie eft de nous délivrer de toutes ces Fraïeurs inutiles, & d'appliquer notre Crainte à fon véritable Objet. Si l'on réfléchit fur les inquiétudes mortelles, que caufe cette Paffion, & fur la violence de fes effets, on verra que l'on court bien du rifque à s'y abandonner pour de legers accidens. Quelques uns en ont perdu l'efprit, & d'autres la vie. Tout le monde fait 1A.. vanture de cet Homme, qui, agité par la Crainte, devint grifon dans l'efpace d'une nuit, & que cela même a fait di-. re à MARTIAL*, O Nox! quàm longa es, quæ facis una Senem ! O Nuit que tu dois avoir été lon- Ces Fraïeurs, fi elles viennent du * Lib. IV. Epigr. VII. fen |