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vois pas pour quelle raifon nous négligerions d'examiner les Scenes ima ,, ginaires, qui nous occupent durant ,, le Sommeil par cela feul qu'elles ,, ont moins de réalité que nos Méditations pendant la veille. Un Voïageur, ,, qui ne voudroit pas confulter fa Car,, te, parce que les grands Chemins ,, n'y font pas en effet, ou qu'un point , y eft mis au lieu d'un Bourg, ou un chifre au lieu d'une Ville & qu'il lui faut une longue journée pour en ,, parcourir deux ou trois pouces, rif ,, queroit de paffer pour un Homme ,, qui manque de Bon-Sens. L'Imagination dans les Rêves nous donne à ,, peu-près le même Plan de la Vie, que celle là nous donne des Païs: &, ,, quoique fes Repréfentations foient ,, confondues & brouillées d'une étran"ge maniére, on peut fouvent y re» marquer les traces de certaines pen,, fées nobles, qui, fuivies avec foin,. ,, nous peuvent conduire au véritable Sentier de la Vertu où de la Pruden,, ce. Il y a quelque-chofe de_fi doux & de fi raviffant dans notre Bonheur ,, chimérique, & quelque chofe de fi trifte & de fi affreux dans notre Mal heur imaginaire, que, quoi que l'Inactivité du Corps ait donné lieu à ap,, peller le Sommeil l'Image de la Mort, ,, la Vivacité de l'Imagination nous infinue fortement, qu'il y a quelque Princi» pe en nous, qui ne peut jamais mourir.

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,, Je me fuis étonné plus d'une fois de ,, ce qu'ALEXANDRE le Grand, qui vint au Monde après bien des Rêves

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de fes Parens à l'égard de fa Naiffan,,ce, & qui avoit lui-même une affez bonne Difpofition à la Réverie, avoit ,,accoûtumé de dire, que le Sommeil lui faifoit connoitre qu'il étoit mortel. Pour moi , qui n'ai pas, durant la veille, de fi vaftes projets à remplir, qui ,, puiffent détourner mon attention de cette matiére, je m'apperçois claire,, ment, que, dans les Opérations de l'Efprit qui fe font pendant que le Corps fe repofe, il y a une Concep99 tion d'une vafte Etendue, proportionnée à la Capacité de l'Ame, & qui démontre la force de cette divi"ne partie de nous-mêmes qui durera "toûjours. Je ne doute pas même, que, fi nous avions un compte exact des Prouëffes , que le Héros, dont je " viens de parler, faifoit dans fon Sommeil, fa Conquête de ce petit Globe terreftre ne mériteroit pref,, que pas d'être nommée. Qui plus eft, j'ofe dire, fans vanité, > que lors que je compare plufieurs de fes Actions, qui fe trouvent dans QUINTE-CURCE, avec quelques-unes des miennes couchées dans mon Noc,,tuaire, je parois le plus grand Héros des deux.,,

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Pour ajouter quelque chofe à ces Réfléxions, j'obferverai, que, pendant la veil.

veille, nous pouvons fixer nos pensées fur ce qu'il nous plait, au lieu que, dans le Sommeil, nous n'avons pas le même pouvoir. Les idées, qui frappent l'Ima. gination, s'y élevent fans notre choix, foit qu'elles viennent de ce qui s'eft paffé durant le jour, ou de l'état où l'on fe trouve lors qu'on fe met au lit, ou par l'influence de quelque Etre fupérieur.

Il eft certain, que l'Imagination peut être fi diversement affectée dans le Sommeil, que nos actions du jour peuvent être récompenfées òu punies par un pe tit Siècle de Bonheur ou de Mifére. S. AUGUSTIN crofoit que, s'il y avoit dans le Paradis la même viciffitude pour le dormir & la veille, qu'il y a dans ce Monde; les Rêves de fes Habitans feroient fort heureux.

D'ailleurs, nos Rêves dépendent fi bien de nous à quelques égards, qu'ils font d'ordinaire conformes aux idées que nous avons eu durant la veille; en forte qu'il n'eft pas impoffible de nous tranfporter à un Concert de Mufique, à un Entretien avec des Amis éloignés de nous, ou à tout autre Exercice qui a déjà fervi d'occupation à l'Esprit.

Ceux, qui voudront faire ufage de ces ouvertures, trouveront qu'il est d'une abfolue néceffité d'emploier bien la Journée, s'ils, veulent du moins paffer une bonne Nuit.

Mr. d'OMBRE m'avertit dans une Apoftille, qu'il n'a aucun droit à la Vi

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fion qui eft à la fuite de fa prémiére Lettre; mais, il ajoute, que l'Auteur, qui l'a écrite, rêve de fi bon-fens, qu'il fera bien aife de le rencontrer, l'une ou l'autre Nuit, fous le grand Orme, auprès duquel VIRGILE nous a donné une i belle Image métaphorique du Sommeil, pour en lire quelques Feuillets ensemble, & rendre compte au Public des Rêves qui s'y trouvent.

XXVII. DISCOURS.

Abfentem qui rodit Amicum;
Qui non defendit alio culpante; folutos
Qui captat Rifus Hominum,Famamque Dicacis;
Fingere qui non vifa poteft; commiffa tacere
Qui nequit hic niger eft, hunc tu, Roma-
ne, cavete.

HOR. Lib. I. Sat. IV. 81.

Tout Homme, qui déchire fes Amis en leur Abfence; qui ne prend pas leur Parti quand on attaque leur Réputation; qui cherche à • faire rire à leurs Dépens, pour se mettre fur le piè d'un Difeur de Bons-Mots, qui débite de pure Imagination mille Faufletez, comme s'il les avoit vuës; enfin, qui ne fau roit garder un Secret qu'on lui a confié: cet Homme-là eft marqué au mauvais Coin, Romains; c'est lui que vous devez fuir,

I l'on mettoit ensemble tous les cha- Sur la

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& les Moïens de s'en corriger.

la plupart viennent de ces Calomnies & de ces faux Raports, que nous femons les uns contre les autres.

A peine y a-t-il un feul Homme, qui ne foit coupable, à quelque égard, de ce Vice; quoi qu'il faille avouer en même tems, que, de quelque maniére que nous en ufions les uns envers les autres, nous nous accordons tous à blâmer les Médifans & les Calomniateurs de Profeffion. On peut dire en général, que ce Défaut naît d'une espèce de Haine qu'on porte au Genre-Humain, de l'envie qu'on a de s'acquérir de l'eftime, de paffer pour fpirituels, de paroitre favoir tous les fecrets des autres, ou de complaire à ceux qui ont ce malheureux penchant, & avec lefquels on eft en fociété.

Celui, qui publie des chofes fcandaleufes, eft plus ou moins odieux au Monde, & criminel en lui-même, à proportion qu'il y a quelqu'un ou plufieurs de ces motifs qui l'animent. Mais, quelque Occafion qu'il ait à répandre ces faux bruits, il doit confidérer, qu'ils font également préjudiciables & pernicieux à celui fur lequel ils tombent. L'Injure eft toûjours la même quoi que le Principe d'où elle vient puiffe être différent.

Comme chacun n'eft que trop porté à l'indulgence lors qu'il juge de fes pensées ou de fes actions, & comme il y en a très-peu qui vouluffent paroître

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