De la Beauté des AR du Soin voir. XXIII. DISCOURS. Profequitur fcelus ille fuum: labefactaque Jatibus innumeris, adductaque funibus, Arbor OVID. Metam. L. VIII. 775. Il pourfuit fon Entreprise criminelle: de forte qu'après avoir ébranlé cet Arbre par une infinité de Coups de Hache,il l'attache avec des Cordes, & le renverse par Terre. وو دو وو A vue des Arbres me fait tant L de plaifit, que j'ai bâti une petite BRES, &,, Maifon de Campagne fur un terrain, qu'on en qui eft prefqu'au milieu d'une grandoit a- de Forêt. Je fus obligé, en quelque forte malgré moi, d'abbattre quantité d'Arbres, pour avoir des Allées dans ,, mes Jardins; mais, j'eus la précaution de laiffer tous les efpaces qu'il y avoit entre-deux auffi couverts d'Arbres qu'ils l'étoient d'abord. C'eftà-dire , que vous ne fauriés tourner tant foit peu à droite ou à gauche, ,, que vous ne forés dans un Bois, où la Nature vous offre une Scène plus ,, charmante que tout ce que l'Art y auroit pu élever. Au Au lieu de Tulipes ou d'Oeuillets, ,, je puis vous faire voir dans mes Jardins des Chênes qui ont plus de quatre cens ans, & un Groupe d'Ormes, ,, qui pourroient mettre à couvert de la pluie cinquante Cavaliers وو Ce n'eft qu'avec une extrême In,, dignation, que je vois, dans mon voi. ,, finage, plufieurs jeunes Héritiers " prodigues, qui abbattent les plus glorieux monumens de l'Induftrie de ,, leurs Ancêtres, & qui ruinent, dans un jour, ce que des fiècles entiers ont produit. " ,, J'ai été fi charmé de votre DIS,, COURS fur les Plantations, que j'ai examiné mes Recueils, pour vous ren. dre quelque compte de la Vénération ,, que les Anciens avoient pour les Arbres. Il y a une ancienne Tradition, qui dit qu'ABRAHAM planta un Cy,,près, un Pin, & un Cèdre; & que ces trois Arbres furent incorporez en un ,, feul, qui fut coupé pour fervir à la Structure du Temple de SALOMON. ,, ISIDORE, qui vivoit fous le Regne de CONSTANCE, nous affûre, qu'il avoit vû lui même dans les Plaines de Mamré, ce fameux Chêne, fous le,, quel on difoit qu'ABRAHAM avoit mis fes Tentes. Il ajoute, que le Peuple ,, le regardoit avec une grande Vénéra,, tion, & qu'il le refpectoit comme un Arbre facré. وو Les Païens alloient encore plus وو loin, & ils regardoient comme un,,facrilége des plus atroces l'injure faite à certains Arbres qu'ils croïoient,, fous la protection immédiate de quel,, que Divinté. L'Hiftoire d'ERESIC,, THON, le Bois facré de Dodone, & celui de Delphes, en fourniffent de bon,, nes preuves. وو وو ,, Si nous envifageons de ce côté-là, & dans cette vie, la Machine que VIRGILE emploie, & que plufieurs "Critiques ont tant blâmée, à peine la trouverons-nous amenée avec trop de violence, Lors qu'ENEE voulut bâtir des Vaiffeaux pour fe rendre en Italie, il fe vit obligé d'abattre le Bois qu'il y avoit fur le Mont Ida; mais, ce ne fut ,, qu'après en avoir obtenu la Permiffion de CYBELE, à laquelle ce Bois étoit confacré. La Déeffe, qui ne pouvoit que fe croire engagée à pro,, téger, d'une façon toute particuliére, les Vaiffeaux conftruits d'un tel ,, Bois, pria JUPITER, qu'ils ne fuf,, fent points Sujets à la Puiffance des Vents & des Flots de la Mer. JUPITER ne voulut pas lui accorder fa Demande: mais, il lui promit, que ,, tous ceux, qui arriveroient heureufe,, ment en Italie, feroient transformez en Nymphes Marines; ce qui fut éxé,, cuté au pié de la Lettre, à ce que le Poëte nous dit. وو ,, 99 ,, L'opinion commune touchant les ,, Nym " ,, Nymphes, que les Anciens appelloient Hamadryades, fait plus d'Honneur aux Arbres, que tout ce que nous avons rapporté jufques-ici. On ,, croïoit, que le Sort de ces Nymphes avoit une fi étroite liaison avec certains Arbres, fur tout les Chênes, ,, qu'elles vivoient & mouroient avec ,, eux. C'eft pour cela même, qu'elles ,, témoignoient une reconnoiffance ex وو وو traordinaire à toutes les Perfonnes, ,, qui confervoient ces Arbres, de la fubfiftance defquels leur vie dépendoit. APOLLONIUS nous rapporte, à cette occafion, un Fait remarquable, qui fervira de clôture à ma Let -tre. وو وف وو " Un certain Homme, appellé RнOE,, CUS, touché d'une efpèce de Compaffion à la vie d'un vieux Chêne prêt à tomber, donna ordre à fes Valets de mettre à fes racines un ,, peu de Terre fraiche, & de le redreffer. L'Hamadryade ou la Nym,, phe, qui devoit périr fans reffource ,, avec cet Arbre, lui apparut le len,, demain; &, après l'avoir remercié de tous fes bons Offices, elle ajouta, qu'elle étoit difpofée à lui accorder ,, tout ce qu'il lui demanderoit. RHOE,, CUS, frappé de fa Beauté divine, la fupplia, qu'il lui fût permis de l'entre,, tenir fur le pié de fon Amant. La ,, Nymphe, qui ne parut pas trop cho. quée de fa Requête, lui promit de lui Tome VI. رو دو دو رو دو G don donner un Rendez-vous, pourvû qu'il ,, s'abftînt, durant quelques jours, des embraffemens de toute autre Fem ,, me; & qu'elle auroit foin de lui envoïer une Abeille, pour l'avertir du ,,moment auquel il devoit jouir de ce Bonheur. Mais, à ce qu'il femble, RHOECUS étoit fort adonné au Jeu, & il fe rencontra qu'il jouoit d'un grand ,, malheur, lorfque l'officieuse Abeille vint bourdonner autour de lui; de forte qu'au lieu de répondre à fon ,, obligeante Invitation, peu s'en fallut ,, qu'il ne la tuât pour fes peines. L'Hamadryade fut fi outrée de ce Mépris, & du mauvais traitement fait à sa ,, Meffagére, qu'elle priva RHOECUS de l'ufage de tous fes membres. Ce n'eft pas, à ce que dit l'Historien, ,, qu'il ne lui reftât affez de force pour ,, abattre le Chêne, & donner ainfi le Coup de Mort à fa belle Maîtreffe. XXIV. DIS |