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Beauté de HILPA; mais; n'ès-tu pas ,, amoureux en fecret de la verdure de fes Prairies? N'ès-tu pas plus tou ché de la perfpective de fes riantes Vallées que tu ne le ferois de la vue de fa perfonne? Le mugiffement de mes Taureaux, & le bêlement de mes Brebis forment un agréable Echo dans tes Montagnes, & produifent un doux fon à tes oreilles._Quoi ,, que je me plaife à voir tes Forêts ,, lorfque le Zéphirs en agitent les Arbres, & à fentir l'air parfumé qui vient du Mont Tirzab, qu'y a t-il en tout ceci, qui approche de la fertilité de mes Vallées?

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,, Je te connois, 6 SH ALUM: tu és le plus fage & le plus heureux de tous les Fils des Hommes. Ton Habitation eft au milieu des Cédres: tu connois la diverfité des Terroirs, auffi bien que les influences des Af,, tres, & tu obferves le changement des Saifons. Une Femme peut-elle paroitre aimable aux yeux d'un tel Homme? Ne viens pas troubler mon ", repos, 8 SHALUM: laiffe-moi jouir ,, en paix de ces beaux Domaines, qui me font échus en partage, & ne me follicite point par tes difcours flatteurs. Que tes Arbres s'augmentent & fe multiplient à l'infini! Puiffes - tu joindre tous les jours de nouvelles Forêts à celles que tu poffedes, & étendre leur ombre au long & au lar", ge!

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,, ge! Mais, ne tente pas HILPA à te faire fortir de ta Retraite, & à peu,,pler ta Solitude. "

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Les Chinois ajoutent, que, peu de tems après, elle fe rendit à un Feftin, auquel SHALUM l'invita fur une des . Montagnes voifines; que ce Festin dura deux années; qu'on y confuma cinq cens Gazelles, deux mille Autruches avec mille Tonneaux de Lait, & que ce qui en releva fur tout la Magnificence fut la grande variété de Fruits délici eux, & d'excellentes Herbes potagères, en quoi il n'y avoit perfonne alors qui pût égaler SHALUM.

Il la traita fous un Berceau, qu'il avoit planté au milieu du Bocage nommé des Roffignols. Ce Bois étoit rempli de tous les Arbres fruitiers & de toutes les Plantes qui font les plus agréables aux différentes espèces des Oiseaux de chant; de forte qu'il y attiroit tout ce qui s'en trouvoit dans ce. Païs-là, & qué, d'un bout de l'Année à l'autre, on y entendoit la plus douce Harmonie de chaque Saifon.

Il lui faifoit voir tous les jours quelque belle & furprenante Scène dans ces vaftes Forêts: & comme il avoit par-là toutes les occafions qu'il pouvoit fouhaiter de lui ouvrir fon cœur, il réüffit fi bien, qu'à fon départ elle lui promit en quelque maniére & lui donna fa parole, qu'en moins de cinquante ans elle lui rendroit une Réponse positive.

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A peine fut-elle de retour dans fes Vallées, qu'elle reçut de nouvelles Propofitions, & en même tems une Vifite des plus fuperbes de MISHPACH, qui étoit un Homme très puiffant, & qui avoit bâti une grande Ville, à laquelle il donna fon Nom. Les Edifices en étoient fi folides, qu'ils pouvoient au moins durer mille ans: il y avoit même quelques Maifons, qui étoient louées pour trois Vies; de forte qu'on auroit de la peine à concevoir aujourd'hui la quantité de pierres & de bois de charpente qui fut emploiée à leur ftructure. Quoi qu'il en foit, MISH PACH régala HILPA du fon harmonieux de quelques Inftrumens de Mufique qui venoient d'ê tre inventez, & il danfa, qui plus eft, en fa préfence, au fon du Tambourin. D'ailleurs, il lui fit préfent de divers Ustenciles de fer & de cuivre, qui étoient de nouvelle Invention, & qui fervoient aux Commoditez de la Vie. D'un autre côté, SHALUM devint fort inquiet, & fi chagrin, de ce qu'HILPA avoit reçu MISHPACH, qu'il ne lui écrivit plus, & ne parla plus d'elle durant une revolution entiere de SATUR NE: mais, lors qu'il s'aperçut que cette Entrevûe n'aboutiffoit qu'à une fimple Visite il renouvella fes Inftances auprès de la Belle, qui, à ce qu'on dit, tournoit fouvent les yeux avec quelque plaifir vers le Mont Tirzab , pendant que SHALUM gardoit un profond Silence.

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Son efprit balança une vingtaine d'années entre l'Inclination qu'elle avoit pour SHALUM, & fon intérêt qui plaidoit puiffamment en faveur de MisнPACH. Mais, il arriva un accident, qui la détermina. Lorfqu'elle étoit ainfi agitée des deux côtez, un Eclair mit le feu à une haute Tour de bois qu'il y avoit à Mishpach, d'où il gagna fi bien les Maifons, qu'en peu de jours toute la Ville fut réduite en cendres. MISHPACH, réfolu de la rebâtir à tout prix fur ce qu'il avoit épuifé tout le bois de charpente qui fe trouvoit dans fon voifinage, fe vit obligé d'avoir recours à SHALUM dont les Forêts avoient alors deux cens années. Il les acquit pour autant de Troupeaux de gros & de menu Bêtail, & une fi vafte étendue de Champs & de Prairies, que SHALUM fut beaucoup plus. riche que MISHPACH, & qu'il devint par-là fi agréable aux yeux de la fille de ZILPAH, qu'elle ne le refufa plus en mariage. Le jour qu'il la conduifit à fes Montagnes, il éleva un fi prodigieux Bucher de Cédre, & de toute forte de bois odoriférant, qu'il avoit plus de 300. coudées de hauteur. Il y jetta quantité de Myrrhe, de Spica nard, de Buiffons, & de Gommes aromatiques, qui venoient de fes Plantations. Ce fut l'Holocaufte que SHALUM offrit le jour de fes Epoufailles. La fumée en monta jufques au Ciel, & remplit tout le Païs de fa bonne Odeur. XX. DIS1

X X. DISCOURS.

Quæ in vitâ ufurpant homines, cogitant, curant, vident, quæque agunt vigilantes, agitantque, ea cuique in fomno accidunt.

Cic. de Divin. Lib.

Ce que les Hommes pratiquent d'ordinaire, ce qui les occupe, qui les exerce, & qui les agite, durant la Veille, c'est ce qui leur revient pendant le Sommeil.

AR la derniére de nos Poftes j'ai re

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çu la Lettre fuivante, qui roule fur une Penfée toute neuve & très bien pouffée. C'eft à caufe de cela même que je la donne ici au Public, fans y faire aucun changement, ni la moindre addition.

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PYTHAGORE donnoit un fort bon LETTRE Avis à fes Difciples, lorfqu'il leur fur le bon confeilloit d'examiner, avant que de Ufage, s'endormir, ce qu'ils avoient fait du- peut faire rant le jour afin de fe mettre en des REétat de pourfuivre le lendemain tout VBS. ,, ce qui feroit vertueux, & de préve,,.nir les mauvaises Habitudes, qui fe contractent facilement. Pour moi. ,, s'il m'eft permis d'ajouter quelque chofe à l'Avis de ce Philofophe, je. Tome VI.

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