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SOUS PRESSE :

HISTOIRE DE LA COMÉDIE

AU MOYEN AGE

1 vol. in-8°.

Paris. Imprimerie P.-A. BOURDIER, CAPIOMONT ET COMP., rue des Poitevins, 6.

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1873, April 24. Salisbury Fund.

HARVARD UNIVERSITY

LIBRARY

SEP 2 O 1985

La Poésie se meurt, la Poésie est morte. C'est l'Histoire qui est la grande œuvre du dix-neuvième siècle, et malgré le déchiffrement de pierres longtemps réputées illisibles, malgré les clartés imprévues que nos quatre-vingts ans d'agitations ont jetées sur le caractère des hommes et l'enchaînement des événements, l'imagination publique, ses fatalités et ses aspirations, l'éclosion et l'épanouissement des idées littéraires n'ont pas moins laissé pénétrer leurs secrets que les luttes du Forum et la chute des dynasties. A cette critique rogue et pédante qui, au lieu d'avancer, marquait le pas, épluchait dédaigneusement les mots et jaugeait les idées avec un mètre officiel, ont succédé des jugements véritables, l'appréciation raisonnée des différents talents et le rencadrement de chacun dans son époque et dans son pays. M. Villemain fut le premier en France à régénérer la critique par l'érudition et à sortir la littérature des formules invariables où de prétendus connaisseurs, renouvelés des Grecs, l'avaient emprisonnée. Avant de juger, il a voulu comparer et n'admirer le génie qu'à bon escient, après en avoir constaté le succès, compris les causes et reconnu l'influence. Il a fallu que les passions et les intérêts de l'homme, son milieu politique et social lui expliquassent le littérateur : les idées elles-mêmes sont devenues des résultats, et l'imagination n'a plus été la folle du logis. Nous sommes tous sortis de son cours; les bravos qui acclamaient son enseignement retentissent encore à nos oreilles et

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nous montrent la route de Byzance. M. Sainte-Beuve ne s'enferma point dans ces généralités historiques; sa critique est beaucoup plus intime: il étudie le talent dans tous ses tenants et aboutissants, et fait d'une biographie curieusement fouillée, quelquefois même un peu indiscrète, le dernier mot de l'histoire littéraire. Il est entré par la médecine dans la littérature et suppose volontiers que la pensée a des nerfs et des ganglions; il déshabille ses sujets, les saisit comme avec des tenailles et les attire dans le champ de sa lunette; alors il les tourne et les retourne, en montre l'endroit et l'envers. Peut-être voudrait-on qu'il s'occupât davantage dans ses investigations, de la cause première, du talent en lui-même, de la substance; mais il est resté physiologiste. Ainsi que tous les écrivains dont le succès est complet, il était d'ailleurs né tout spécialement pour ses œuvres: un rosier porte toujours des roses, et la rose est la reine des fleurs. Malgré toutes ses qualités mâles, son dévouement au travail et son initiative, la vaillance, la variété et l'étendue de ses idées, il appartient un peu par son esprit au genre féminin; il en a la faculté de se transposer et de s'éprendre, la divination et les délicatesses. Il aime aussi les finesses, les coups de griffe veloutée et les sous-entendus; comme une femme qui sait son métier d'élégante, préfère les nuances et les demi-nuances aux couleurs tranchées et se plaît à donner aux contours les rondeurs et le flou de l'estompe. Mais si vigoureux, si original que soit le talent, il subit les conséquences de son système : quelle qu'ait été leur importance sociale, les personnages que M. Sainte-Beuve accueille dans. sa galerie semblent plutôt des portraits sur fond d'or que des réalités historiques.

M. Taine ne s'inquiète pas non plus des genres ni des catégories; il ne reconnaît point de règles absolues, et, si on le poussait, nierait les principes littéraires : quoi qu'en aient conclu des critiques superficiels, là s'arrêtent les analogies. M. Sainte-Beuve ne procède de personne et a pris la peine de créer la méthode qui lui convenait davantage : c'est un

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