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tolluntur maximo gemitu luctuque civitatis: quem illi diem festum cum recentibus beneficiis C. Marcelli debitum reddebant, tum generi, nomini, familiæ Marcellorum maxima voluntate tribuebant. Mithridates in Asia, cum eam provinciam totam occupasset, Mucia non sustulit. Hostis, et hostis in ceteris rebus nimis ferus et immanis, tamen bonorem hominis, deorum religione consecratum, violare noluit : tu Syracusanos unum diem festum Marcellis impartire noluisti; per quos illi adepti sunt, ut ceteros dies festos agitare possent. At vero præclarum diem reposuisti, Verrea ut agerent, et ut ad eum diem, quæ sacris epulisque opus essent, in complures annos locarentur. Sed jam in tanta istius impudentia remittendum aliquid videtur, ne omnia contendamus, ne omnia cum dolore agere videamur. Nam me dies, vox, latera deficiant, si hoc nunc vociferari velim, quam miserum indignumque sit, istius nomine apud eos diem festum esse, qui sese istius opera funditus exstinctos esse arbitrentur. O Verrea præclara, quoquam si accessisti, quo non attuleris tecum istum diem! etenim quam tu domum, quam urbem adiisti, quod fanum denique, quod non eversum atque extersum reliqueris? quare appellentur sane ista Verrea quæ non ex nomine, sed ex manibus naturaque tua constituta esse videantur.

M. Marcelli. 2. Diem illis rep.

C'est par l'entremise des mêmes hommes, avec qui il était en communauté d'injustices, de rapines et de femmes, que Verrès a fait abolir la fête de Marcellus 24, au grand regret de tous les Syracusains, cette fête qu'ils célébraient avec empressement, autant pour reconnaître les services récens de Caïus Marcellus, que pour honorer le nom même des Marcellus, et toute cette illustre famille. Mithridate, en Asie, après avoir envahi cette province entière, n'abolit pas la fête de Mucius 25. Il était ennemi, et un ennemi cruel et féroce; il ne voulut pas néanmoins toucher aux honneurs rendus à un mortel, honneurs liés avec le culte qu'on rendait aux dieux. Vous, Verrès, vous avez empêché les Syracusains d'accorder un seul jour de fête à ces Marcellus, auxquels ils devaient l'avantage de pouvoir célébrer toutes leurs autres fêtes. Mais vous les avez amplement dédommagés de cette partie; vous avez pourvu, en choisissant des entrepreneurs, en faisant avec eux un bail à longues années, à ce qu'on célébrât en votre honneur une fête magnifique, à ce qu'on assignât des fonds pour fournir aux festins et aux sacrifices. Egayons un peu notre style en parlant d'une conduite de Verrès aussi révoltante; ne soyons point toujours montés sur le ton sérieux, et ne nous livrons point partout à la véhémence de nos sentimens. Oui, le jour, la voix et les forces me manqueraient, si je voulais maintenant élever assez le ton pour faire sentir combien il est horrible, combien il est indigne qu'il y ait une fête en l'honneur de Verrès, chez des peuples qui se croyaient ruinés sans ressources par ses vexations. O les belles fêtes que celles qu'on a appelées de votre nom Verrea! Vous êtes-vous rendu en quelque endroit, sans y avoir apporté avec vous l'usage de célébrer votre fête 26? Êtes-vous entré dans une maison, dans une ville, dans un

XXII. Quam facile serpat injuria, et peccandi consuetudo; quam non facile reprimatur, videte, judices. Bidis oppidum est, tenue sane, non longe a Syracusis. Hujus longe primus civitatis est Epicrates quidam. Hujus hereditas H-S quingentorum millium venerat a muliere quadam propinqua, atque ita propinqua, ut ea etiamsi intestata esset mortua, Epicratem Bidinorum legibus heredem esse oporteret. Recens syracusana erat illa res, quam ante demonstravi, de Heraclio Syracusano, qui bona non perdidisset, nisi ei venisset hereditas. Huic quoque Epicrati venerat, ut dixi, hereditas. Cogitare cœperunt ejus inimici, nihilo minus eodem prætore hunc everti bonis posse, quo Heraclius esset eversus : rem occulte instituunt : ad Verrem per ejus interpretes deferunt: ita causa componitur, ut item palæstritæ Bidenses peterent ab Epicrate hereditatem, quemadmodum palæstritæ Syracusani ab Heraclio petissent. Numquam vos prætorem tam palæstricum vidistis: verum ita palæstritas defendebat, ut ab illis ipse unctior discederet : qui statim, cum præsensisset, jubet cuidam suorum amicorum numerari H-S LXxx. Res occultari satis non

posse. Perquendam eorum, qui interfuerat, fit Epicrates certior. Primo negligere et contemnere cœpit,

temple, que vous ne les ayez entièrement balayés et parfaitement nettoyés? Ainsi, j'y consens, que ces fêtes soient appelées Verrea, puisqu'elles rappellent, avec votre nom, votre naturel avide et rapace.

XXII. Voyez, Romains, combien l'injustice et l'habitude de malfaire s'étendent insensiblement, et, combien il est difficile de les réprimer! Il existe une ville nommée Bidis, fort peu considérable, voisine de Syracuse. Un certain Epicrate est, sans contredit, le premier de cette ville. Une succession de cinq cent mille sesterces * lui avait été laissée par une certaine femme sa parente, et parente si proche, que, quand elle serait morte sans faire de testament, Epicrate, d'après les lois de Bidis, devait se trouver héritier. L'affaire de Syracuse, dont je viens de parler, était toute récente. On savait que le Syracusain Héraclius n'aurait point perdu son patrimoine, s'il ne lui fût échu une succession. Il était aussi échu une succession à Epicrate. Ses ennemis pensèrent que, sous le même préteur, on pouvait le dépouiller de sa fortune, comme on avait dépouillé Héraclius. Ils trament sourdement leur intrigue; ils instruisent Verrès par le moyen de ses agens; il est réglé que les administrateurs des cirques de Bidis revendiqueraient la succession contre Epicrate, comme avaient fait ceux de Syracuse contre Héraclius. On n'a jamais vu de préteur aussi favorable aux gymnases; mais, en soutenant leurs intérêts, 27 il n'oubliait pas les siens. Dans l'affaire d'Epicrate, Verrès, prévenu à temps, commence par lui-même, et ordonne que l'on compte sur-le-champ à un de ses amis quatre-vingt mille sesterces **.

La chose ne put être assez cachée; Epicrate en est informé

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quod causa prorsus, quod dubitari posset, nihil habebat. Deinde, cum de Heraclio cogitaret, et istius libidinem nosset : commodissimum putavit esse de provincia clam abire : itaque fecit: profectus est Rhegium.

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XXIII. Quod ubi auditum est, æstuare illi, qui dederant pecuniam: putare nihil agi posse, absente Epicrate: nam Heraclius tum affuerat, cum primum dati sunt judices: de hoc, qui antequam in jus aditum esset, antequam denique mentio controversia facta esset, discessisset, putabant nihil agi posse. Homines Rhegium proficiscuntur, Epicratem conveniunt: demonstrant id, quod ille sciebat, se H-S LXXX dedisse: rogant eum, ut id, quod ab ipsis abisset pecuniæ, curet: ab sese caveat, quemadmodum velit; de illa hereditate cum Epicrate neminem esse acturum. Epicrates homines multis verbis a se male acceptos dimisit: redeunt illi Rhegio Syracusas: queri cum multis, ita ut fit, incipiunt, sese H-SLXXX nummum frustra dedisse : res percrebruit : in ore atque sermone omnium cœpit esse. Verres refert illam suam syracusanam : ait se velle de illis H-S LXXX cognoscere: advocat multos: dicunt Bidini Volcatio se dedisse : illud non addunt, jussu istius. Volcatium vocat pecuniam referri imperat. Volcatius animo æquissimo nummos affert, qui nihil amitteret: reddit inspectantibus multis: Bidini nummos auferunt. Di1 Di putari. * Ut sibi id.

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