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est, ut honorem hominibus habitum in monumentis hujusmodi, nonnulla religione deorum consecrari arbitrentur. Itaque cum Rhodii bellum illud prope soli superius cum Mithridate rege gesserint, omnesque ejus copias acerrimumque impetum moenibus, litoribus, classibusque suis exceperint, cum et regis inimici præter ceteros essent statuam ejus, quæ erat apud ipsos in celeberrimo urbis loco, ne tum quidem in ipsis urbis periculis attigerunt. Forsitan vix convenire videretur, quem ipsum hominem cuperent evertere, ejus effigiem simulacrumque servare : sed tamen videbam, apud eos cum essem, et religionem esse quandam in his rebus, a majoribus traditam, et hoc disputare: cum statua se ejus habuisse temporis rationem, quo posita esset; cum homine vero, quo gereret bellum atque hostis esset.

LXVI. Videtis igitur, consuetudinem religionemque Græcorum, quæ monumenta hostium in bello ipso soleat defendere, eam summa in pace prætoris populi romani statuis præsidio non fuisse. Taurominitani, quorum est civitas fœderata, homines quietissimi, qui maxime ab injuriis nostrorum magistratuum remotissimi consuerant esse, præsidio foederis; hi

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• Remoti.

tout, et parmi tous les Grecs. Je ne croirais pas ce que je vous dis des statues, si je ne les avais vues arrachées de leur base et couchées par terre; non, je ne le croirais pas, par la raison que, chez les Grecs, l'honneur rendu aux hommes par de tels monumens a toujours tenu, en quelque sorte, à la religion et au culte des immortels. Dans les premières guerres contre Mithridate, les Rhodiens lui avaient résisté presque seuls 67; ils s'étaient opposés à toutes ses troupes; ils avaient soutenu ses plus rudes attaques sur leurs têtes, dans leurs murs et avec leurs flottes; ils étaient plus que d'autres ennemis du monarque; toutefois, même dans les périls dont ils se voyaient investis, ils n'ont pas touché à sa statue placée dans l'endroit de leur ville le plus fréquenté. Peut-être ne paraît-il guère conséquent qu'ils aient épargné la représentation et l'image de celui dont ils auraient voulu exterminer la personne. Mais enfin, quand j'étais à Rhodes *, je voyais par moi-même que leurs ancêtres leur avaient transmis pour ces monumens une sorte de vénération religieuse; ils disaient pour leur défense, que, par rapport à la statue, ils avaient eu égard au temps où elle avait été placée, et que, quant à la personne du prince, ils avaient considéré le temps où il leur faisait la guerre, où il était leur ennemi.

LXVI. Vous voyez donc que ces principes religieux des Grecs 68 qui, dans la guerre même, mettent en sûreté les monumens d'un ennemi, n'ont pu, même au sein de la paix, mettre à l'abri les statues d'un préteur du peuple romain. Les Taurominitains, dont la ville nous est unie par un traité d'alliance, hommes fort tranquilles, que leur traité avait toujours mis à couvert des vexations de nos magistrats; les Tau

* Cicéron avait fait un voyage à Rhodes après avoir plaidé la cause de Roscies d'Amérie.

tamen istius evertere statuam non dubitaverunt : qua ablata, basin tamen in foro manere voluerunt: quod gravius in istum fore putabant, si scirent homines, statuam ejus a Taurominitanis esse dejectam, quam si nullam umquam positam arbitrarentur. Tyndaritani dejecerunt in foro : et eadem de causa equum inanem reliquerunt. Leontinis, misera in civitate atque inani, tamen istius, in gymnasio, statua dejecta est. Nam quid ego de Syracusanis loquar, quod non est proprium Syracusanorum, sed et illorum commune, et conventus illius, ac prope totius provincia? quanta illuc multitudo, quanta vis hominum convenisse dicebatur tum, cum statuæ sunt illius dejectæ atque eversæ ? at quo loco? celeberrimo ac religiosissimo: ante ipsum Serapim, in primo aditu vestibuloque templi. Quod nisi Metellus hoc tam graviter egisset, atque illam rem imperio edictoque prohibuisset : vestigium statuarum istius in tota Sicilia nullum esset relictum.

Atque ego hoc non vereor, ne quid horum non modo impulsu, verum omnino adventu meo factum esse videatur. Omnia ista ante facta sunt, non modo, quam ego Siciliam, verum etiam quam iste Italiam attingeret : dum ego in Sicilia sum, nulla statua dejecta est. Posteaquam illinc discessi, quæ sunt gesta, cognoscite.

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LXVII. Centuripinorum senatus decrevit, populusque jussit, ut, quæ statuæ C. Verris ipsius, et pa

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rominitains, dis-je, n'ont pas hésité à renverser la statue du préteur. Ils en ont toutefois laissé subsister la base dans leur forum, persuadés que ce serait un plus grand affront pour Verrès, si l'on savait que les Taurominitains avaient renversé sa statue, que si l'on croyait qu'ils ne lui en eussent jamais érigé. Les Tindaritains en ont aussi renversé une dans leur forum; et, pour la même raison, ils ont laissé le cheval seulement. Les habitans de Léontini 69, cette ville maintenant si pauvre et si misérable, ont abattu sa statue placée dans leur gymnase. Pourquoi dirai-je des Syracusains ce qui ne les regarde pas seuls, ce qui leur est commun avec tous les citoyens romains établis dans leur ville, avec présque toute la province ? Quel concours de monde, à ce qu'on disait ! quelle affluence de peuple lorsqu'on abattit, qu'on renversa les statues de Verrès! Mais dans quel lieu se trouvaient-elles placées? Dans le lieu le plus fréquenté et le plus vénérable, à l'entrée et dans le vestibule du temple même de Sérapis. Et si Métellus n'eût pas montré autant de rigueur, s'il n'eût pas fait agir toute son autorité, s'il n'eût pas rendu un édit sévère pour 'arrêter ce déchaînement des peuples, il ne resterait dans la Sicile aucune trace des statues de Verrès.

Non, on ne pourra dire, je ne l'appréhende point, qu'aucun de ces mouvemens ait eu lieu, je ne dis pas à ma sollicitation, je dis seulement à mon arrivée. Les statues étaient renversées avant que j'arrivasse en Sicile, avant même que Verrès eût mis le pied dans l'Italie; on n'en a renversé aucune tant que j'ai séjourné dans cette province. Voici ce qui s'est passé dès que j'en ai été parti.

LXVII. Il a été décidé par le sénat de Centorbe, et ordonné par le peuple, que les questeurs feraient abattre les statues de Verrès, celles de son père et de son fils, et qu'au

tris, et filii, essent, eas quæstores demoliendas locarent: dumque ea demolitio fieret, senatores ne xxx minus adessent. Videte gravitatem civitatis et dignitatem: neque eas in urbe sua statuas esse voluerant, quas inviti, per vim atque imperium, dedissent; neque ejus hominis, in quem ipsi, cum gravissimo testimonio, publice, quod numquam antea, Romam mandata legatosque misissent: et id gravius esse putaverunt, si publico consilio, quam si per vim multitudinis factum videretur. Cum hoc consilio statuas Centuripini publice sustulissent, audit Metellus : graviter fert: evocat ad se Centuripinum magistratum, et decemprimos: nisi restituissent statuas, vehementer iis minatur. Illi ad senatum renuntiant: statuæ, quæ istius causæ nihil prodessent, reponuntur : decreta Centuripinorum, quæ , quæ de statuis erant facta, non tolluntur. Hic ego aliud alii concedo: Metello, homini sapienti, prorsus non possum ignoscere, si quid stulte facit. Quid? ille hoc putabat Verri criminosum fore, si ejus statuæ essent dejectæ, quod sæpe vento, aut aliquo casu fieri solet? non erat in hoc neque crimen ullum, neque reprehensio. Ex quo igitur crimen atque accusatio nascitur? ex hominum judicio et voluntate.

LXVIII. Ego, si Metellus statuas reponere Centuripinos non coegisset, hæc dicerem : Videte, judices, quantum et quam acerbum dolorem sociorum atque amicorum animis inusserint istius injuriæ; cum Centuripinorum amicissima et fidelissima civitas, quæ

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