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jamais de la noblesse et de la dignité, si turpiter, si sordide, si quoquo animi vitio dictum esse aliquid videatur (de Orat., II, 83). Nous donnons une traduction fidèle toutes les fois que le permet la langue française; et on trouvera peut-être encore qu'il y a ici bien des choses qui avaient besoin, pour être excusées, des formes de la langue latine, plus accoutumée que la nôtre à la licence de ces débats et à l'expression franche des haines politiques. J. V. L.

ORATIO

IN

L. CALPURNIUM PISONEM.

ORATIO SEPTIMA ET TRICESIMA.

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I. JAMNE vides, bellua, jamne sentis,

quæ sit hominum querela frontis tuæ ? Nemo queritur, Syrum, nescio quem, de grege novitio

rum, factum esse consulem. Non enim nos color iste servilis, non pilosæ genæ, non dentes putridi deceperunt oculi, supercilia, frons, vultus denique totus, qui sermo quidam tacitus mentis est, hic in fraudem homines impulit; hic eos, quibus erat ignotus, decepit, fefellit, induxit. Pauci ista tua lutulenta vitia noveramus; pauci tarditatem ingenii, stuporem, debilitatemque linguæ. Nunquam erat audita vox in foro; nunquam periculum factum consilii; nullum non modo illustre, sed ne notum quidem factum aut militiæ, aut domi. Obrepsisti ad honores errore hominum, commendatione fumosarum imaginum, quarum simile habes nihil, præter colorem. Is mihi etiam gloriabitur, se omnes magistratus sine repulsa * Deest principium.

DISCOURS

CONTRE

L. CALPURNIUS PISON.

DISCOURS TRENTE-SEPTIÈME.

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I. NE sais-tu pas, monstre odieux, ne vois-tu pas combien tout le monde se plaint de ta figure trompeuse? Personne ne se récrie sur ce qu'un je ne sais quel Syrus', de la troupe des esclaves nouveau-venus, se soit élevé au consulat. Ce n'est ni ce teint basané, ni ces joues velues, ni ces dents infectes, qui nous ont fait prendre le change : les yeux, les sourcils, le front, enfin tout l'air du visage, interprète muet des sentiments de l'âme, voilà ce qui nous a trompés en ta faveur, voilà ce qui a séduit, égaré, abusé ceux qui ne te connaissaient pas. Peu de nous savaient tes infamies; on ignorait combien tu as peu d'esprit, de facilité, d'éloquence. Jamais on n'avait entendu ta voix an forum; on ne t'avait jamais éprouvé pour le conseil; on ne pouvait citer de toi aucune action civile ou militaire, je ne dis pas illustre, mais connue. Tu as surpris les honneurs par l'ignorance de tes concitoyens, et à la recommandation de ces portraits enfumés auxquels tu ne ressembles que par la couleur. Et il se vantera encore d'avoir obtenu toutes les magistratures

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assecutum? Mihi ista licet de me, vera cum gloria, prædicare; omnes enim honores populus romanus mihi ipsi, homini novo, detulit. Nam, tu quum quæstor es factus, etiam qui te nunquam viderant, tamen illum honorem nomini mandabant tuo. Ædilis es factus. Piso est a populo romano factus, non iste Piso. Prætura item majoribus delata est tuis: noti erant illi mortui; te vivum nondum noverat quisquam. Me quum quæstorem in primis, ædilem priorem, prætorem primum cunctis suffragiis populus romanus faciebat: homini ille honorem, non generi; moribus, non majoribus meis; virtuti perspectæ, non auditæ nobilitati deferebat. Nam quid ego de consulatu loquar? parto vis, anne gesto? Miserum me! cum hac me nunc peste atque labe confero? sed nihil comparandi causa loquar : attamen ea, quæ sunt longissime disjuncta, comprehendam. Tu consul es renuntiatus (nihil dicam gravius, quam quod omnes fatentur), impeditis reipublicæ temporibus, dissidentibus consulibus Cæsare et Bibulo, quum hoc non recusares, quin ii, a quibus dicebare consul, te luce dignum non putarent, nisi nequior, quam Gabinius, exstitisses. Me cuncta Italia, me omnes ordines, me universa civitas non prius tabella, quam voce, priorem consulem declaravit.

I

II. Sed omitto, ut sit factus uterque nostrum. Sit sane Fors domina campi. Magnificentius est dicere, quemadmodum gesserimus consulatum, quam, quemadmodum ceperimus.

Ac tamen.

sans essuyer de refus! C'est moi qui puis me donner cette louange avec justice: oui, je le puis dire, c'est à ma personne que le peuple romain a conféré tous les honneurs, puisque j'étais homme nouveau. Pour toi, quand tu fus nommé questeur, ceux même qui ne t'avaient jamais vu accordaient cette charge à ton nom. On te fit édile : c'était un Pison que nommait le peuple romain, et non celui qui m'écoute. La préture n'a été donnée aussi qu'à tes ancêtres on les connaissait morts, on t'ignorait vivant. Moi, lorsque le peuple romain, d'une voix unanime, me nommait questeur un des premiers, premier édile, premier préteur3, c'était à la personne, et non à la naissance qu'il accordait cette distinction; c'était à mes mœurs, et non à mes ancêtres ; c'était à de solides vertus, et non à une frivole noblesse. Que dirai-je du consulat? rappellerai-je notre nomination on notre gestion? Que je suis malheureux d'avoir à me comparer avec cet opprobre, ce fléau de la patrie! Mais, sans prétendre faire de parallèle, je rapprocherai seulement des objets fort éloignés. Pour ne citer que des faits publics, tu fus élevé au consulat au milieu des troubles civils, durant les divisions des consuls César et Bibulus, lorsque tu consentais à être regardé par ceux qui te nommaient comme indigne du jour, si tu n'étais plus méchant et plus vil que Gabinius. Pour moi, toute l'Italie, tous les ordres, tous les citoyens, m'ont déclaré consul le premier, par acclamation autant que par suffrage.

II. Mais je supprime la manière dont nous avons été faits consuls l'un et l'autre. La fortune règne dans le champ de Mars, je le veux. Il m'est bien plus glorieux d'exposer comment nous avons géré le consulat que de dire comment nous l'avons obtenu.

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