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INTRODUCTION.

LES Consuls L. Gellius et Cn. Cornélius, l'an de Rome 681, avaient porté une loi, d'après un sénatus-consulte, pour reconnaître citoyens romains tous ceux à qui Pompée, de l'avis de son conseil, aurait accordé le droit de cité romaine, dans la province d'Espagne où il avait été envoyé contre Sertorius. D'après cette loi, et à la recommandation de L. Cornélius Lentulus, dont Balbus adopta les prénoms, Pompée accorda le droit de cité à L. Cornélius Balbus, citoyen distingué de Cadix, dont il avait éprouvé la fidélité et le courage dans les guerres d'Espagne. Un accusateur, originaire de Cadix, dispute ce droit à Balbus, parce que, dit-il, Balbus est d'une ville fédérée, ex civitate fœderata, et que le citoyen d'une telle ville, près la loi Julia, ne peut devenir citoyen romain, si les habitants de cette ville n'ont accepté la loi en vertu de laquelle on lui confère ce titre, nisi is populus fundus factus sit. La loi Gellia-Cornélia, dit-il encore, excepte les peuples dont le traité est consacré, c'est-à-dire dont le traité a été présenté au peuple romain: or, le traité de Cadix a été présenté au peuple romain.

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Avant de montrer comment Cicéron défend Balbus, nous expliquerons ce qu'on doit entendre par ville fédérée, et par fundus fieri. Les villes alliées étaient distinctes des villes fédérées; et voici la différence qu'on peut assigner entre ces deux sortes de villes. Les villes libres alliées étaient celles qui se gouvernaient par leurs propres lois, sans être assujetties à aucun tribut. Les villes libres fédérées se gouvernaient aussi par leurs propres lois, mais étaient soumises à un tribut quelconque en vertu d'un traité, ex fœdere ; de là on les appelait fœde ratæ, villes fédérées : nous traduisons littéralement pour éviter les périphrases. On appelait fundi facti les peuples libres qui adoptaient des lois romaines, soit que ces peuples fussent alliés, soit même qu'ils fussent citoyens de Rome. Ces villes adoptaient les lois romaines qu'elles croyaient leur convenir, mais en se réservant toujours la liberté de les abolir quand bon leur semblait. Fundus fieri, au moins dans le sens de l'orateur*, se disait d'un peuple qui adoptait une ou plusieurs lois romaines, qui donnait son consentement à la loi, à ce qui se faisait ou se ferait en vertu de la loi.

Le plaidoyer de Cicérou, qui parla pour L. Cornélius Balbus après le grand Pompée et

*On peut consulter N. Rigault, Ismaël Bouillaud, et Henri de Valois, Dissert. de Populis fundis, Amsterdam, 1740, in-4°; et Mazochi, Comm. in Tabulas Heracleenses, Naples, 1754, fol.

M. Licinius Crassus, renferme un magnifique éloge de Pompée, plusieurs choses à la louange de celui qu'il défend, tout ce qui peut le rendre intéressant aux yeux des juges, ses qualités personnelles, son courage, ses services, l'amitié des plus grands personnages, de Pompée, de César; enfin, et c'est le fond du Discours, l'explication d'un point de droit. L'orateur démontre fort longuement que le consentement des villes alliées et fédérées est nécessaire pour l'exécution d'une loi, quand cette loi est indifférente au salut de Rome et de l'empire, mais qu'il ne saurait être défendu aux Romains d'animer par des récompenses les hommes qui leur ont rendu ou qui peuvent leur rendre des services. Il faut voir dans le Discours même le développement des preuves qui établissent ce moyen de défense: il est appuyé par des raisonnements et par des exemples, surtout par l'exemple de Marius. Le consentement du peuple de Cadix n'était pas nécessaire; mais il le donne à présent, s'il ne l'a pas donné auparavant il a envoyé des députés pour supplier les juges en faveur de leur ancien compatriote; il lui a accordé le droit d'hospitalité publique comme à un citoyen romain. Le traité de Cadix n'est pas consacré, et quand il le serait, la première ordonnance du peuple a été annulée par une ordonnance postérieure.

Cette cause a été plaidée l'an de Rome 697, de Cicéron, 51. Il nous semble, malgré les rai

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sonnements et les interprétations subtiles de l'orateur, que la loi Julia (chap. 8) n'était point du tout pour lui; mais Pompée, César, Crassus, Cicéron même, qui était alors de leur parti, durent aisément l'emporter sur une loi qui n'intéressait que les peuples vaincus.

Balbus gagna sa cause; et on le vit, en 714, élevé au consulat. Pline (V, 5; VII, 43) cite les deux Balbus, celui-ci et Balbus le jeune, son neveu, comme les seuls étrangers ou citoyens adoptés qui aient obtenu, l'un le consulat, l'autre le triomphe.

Le client de Pompée et de Cicéron fut reconnaissant, du moins envers ce dernier ; toujours fidèle à César, il fut tout-puissant sous sa dictature, et contribua le plus à lui faire oublier que Cicéron avait préféré le parti de son rival. On trouvera dans les volumes suivants plusieurs lettres de Balbus. (Ep. ad Attic., VIII, 15; IX, 8 et 13, etc.) On verra aussi (Ep. famil., X, 32) quelle fut, en 710, la conduite de son neveu, questeur de Pollion.

J. V. L.

ORATIO

PRO

L. CORNELIO BALBO.

ORATIO SEXTA ET TRICESIMA.

VO

I. SI auctoritates patronorum in judiciis 1valent, ab amplissimis viris L. Cornelii causa defensa est; si usus, a peritissimis; si ingenia, ab eloquentissimis; si studia, ab amicissimis, et quum beneficiis cum L. Cornelio, tum maxima familiaritate conjunctis. Quæ sunt igitur meæ partes? auctoritatis tantæ, quantam vos in me esse luistis, usus mediocris, ingenii minime voluntati paris : nam ceteris, a quibus est defensus, debere plurimum video; ego, quantum ei debeam, 2 alio loco. Principio orationis hoc 3 oppono, me omnibus, qui amici fuerint saluti et dignitati meæ, si minus referenda gratia satisfacere potuerim, at prædicanda et habenda certe satis esse facturum.

hunc

Quæ fuerit hesterno die Cn. Pompeii gravitas in dicendo, judices, quæ facultas, quæ copia, non opinione tacita vestrorum animorum, sed 'Valerent. -2Al. addunt ostendam. 3 Al., pono.

Male.

-

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