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nino perhonorificum, discessum meum funus dici reipublicæ. Reliqua non reprehendo; sed mihi ad id, quod sentio, assumo. Nam, si illud jure rogatum dicere ausi sunt, quod nullo exemplo fieri potuit, nulla lege licuit, quia nemo de cœlo servarat oblitine erant, tum, quum ille, qui id egerat, plebeius est lege curiata factus, dici de cœlo esse servatum? qui si plebeius omnino esse non potuit, qui tribunus plebis potuit esse? et, cujus tribunatus si ratus est, nihil est, quod irritum ex actis Cæsaris possit esse; ejus non solum tribunatus 'ratus, sed etiam perniciosissimæ res, auspiciorum religione conservata, jure latæ videbuntur?

Quare aut vobis statuendum est, legem Æliam manere, legem Fufiam non esse abrogatam, non omnibus fastis legem ferri licere; quum lex feratur, de cœlo servari, obnuntiari, intercedi licere; censorium judicium ac notionem, et illud morum severissimum magisterium, non esse nefariis legibus de civitate sublatum; si patricius tribunus plebis fuerit, contra leges sacratas; si plebeius, contra auspicia fuisse : aut mihi concedant homines oportet, in rebus bonis non exquirere jura ea, quæ ipsi in perditis non exquirunt, præsertim quum ab illis aliquoties conditio C. Cæsari lata sit, ut easdem res alio modo ferret; qua conditione auspicia requirebant, leges comprobabant in Clodio auspiciorum ratio sit eadem, leges omnes sint eversæ ac perditæ civitatis.

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Il est bien honorable pour moi que mon exil ait été nommé un désastre public; je n'attaque point le reste de ses paroles, j'en tire seulement une, conséquence en ma faveur. En effet, s'ils ont osé dire que ce qui n'était autorisé par aucun exemple, ni permis par aucune loi, a été ordonné légalement, parce que personne alors n'avait observé le ciel, ont-ils donc oublié qu'il fut dit qu'on observait le ciel au moment où l'auteur de cette loi atroce se faisait recevoir plébéien dans une assemblée par curies 22? Or, s'il n'a pu absolument être plébéien, comment a-t-il pu devenir tribun? S'ils veulent légitimer son tribunat et tous ses forfaits, qu'ils pensent que si le tribunat de Clodius est légal, il est impossible que les actes de César ne le soient pas.

Il faut donc qu'il soit décidé par vous que la loi Elia subsiste, que la loi Fufia n'a pas été abrogée; qu'il n'est par permis de porter indistinctement une loi tous les jours qui ne sont pas néfastes; que lorsqu'on porte une loi, on a droit d'observer le ciel, d'annoncer des auspices contraires, de former opposition; que la censure, cette sévère magistrature des mœurs, n'a pas été anéantie par des lois criminelles; que Clodius, patricien, n'a pu être tribun sans violer les lois sacrées 23; que plébéien, il n'a pu l'être qu'en violant les auspices: ou il faut que mes adversaires m'accordent de ne pas exiger dans des opérations utiles une régularité de formes qu'ils n'exigent pas dans des actes funestes; surtout quand ils ont eux-mêmes plusieurs fois proposé à César de porter les mêmes lois d'une autre manière, protestant contre la violation des formes, mais reconnaissant au moins la sagesse de ses lois; tandis que Clodius n'a pas moins violé les formes, et que ses lois sont toutes au détriment de l'état.

XX. Extremum illud est. Ego, si essent inimicitiæ mihi cum C. Cæsare, tamen hoc tempore reipublicæ consulere, inimicitias in aliud tempus reservare deberem. Possem etiam summorum virorum exemplo inimicitias reipublicæ causa deponere. Sed, quum inimicitiæ fuerint nunquam; opinio injuriæ beneficio sit exstincta : sententia mea, patres conscripti, si dignitas agitur C. Cæsaris, homini tribuam; si honos quidam, senatus concordiæ consulam; si auctoritas decretorum vestrorum, constantiam ordinis in eodem ornando imperatore servabo; si perpetua ratio Gallici belli, reipublicæ providebo ; si aliquod meum privatum officium, me non ingratum ' esse præstabo. Atque hoc velim probare omnibus, patres conscripti: sed levissime feram, si forte aut iis minus probaro, qui meum inimicum, repugnante vestra auctoritate, texerunt, aut iis, si qui meum cum inimico suo reditum in gratiam vituperabunt, quum ipsi et cum meo, et cum suo inimico in gratiam non dubitarint redire.

1 Ernest delevit esse, ut sæpius fecit in his monumentis, nobis non probantibus.

XX. Je ne dis plus qu'un mot. S'il existait quelque inimitié entre César et moi, je devrais n'envisager en ce moment que le bien de la république, et ajourner les haines. Je pourrais même, d'après de grands exemples, en faire le sacrifice à la patrie. Mais comme rien n'a jamais altéré notre amitié, comme le soupçon d'une offense a été effacé par la réalité d'un bienfait, s'il s'agit aujourd'hui de récompenser son mérite, je serai juste envers lui; s'il s'agit de lui accorder une faveur, je me joindrai au sénat pour le bien de la paix; s'il faut maintenir vos décrets, en prorogeant le commandement au même général, je tâcherai que cet ordre ne soit pas en contradiction avec luimême; si l'on veut continuer sans interruption la guerre contre les Gaulois, je choisirai le moyen le plus utile à Rome; si enfin je dois reconnaître quelque service personnel, je montrerai que je ne suis pas ingrat. Je voudrais, pères conscrits, obtenir l'approbation de tous ceux qui m'entendent: mais je me consolerai si j'ai le malheur de déplaire, soit à ceux qui, sans égard pour votre volonté bien connue, se sont montrés les protecteurs de mon ennemi, soit à ceux qui blâmeront ma réconciliation avec César, quand ils n'ont pas eux-mêmes hésité à se réconcilier avec un homme qui n'était pas moins leur ennemi que le mien.

NOTES

SUR LE DISCOURS

CONCERNANT

LES PROVINCES CONSULAIRES.

I.

- I. P. SERVILIUS ISAURICUS, un des plus anciens consulaires. Voyez Verrine V, chap. 26, et la note 22, tome IX, page 206.

2.- Ibid. Un sénateur qui avait la parole pouvait traiter une question étrangère à l'objet de la délibération présente nul n'avait droit de l'interrompre. Erat jus senatori, ut sententiam rogatus diceret ante, quidquid vellet alius rei, et quoad vellet. Aulu-Gelle, IV, 10.

3.. II. L'an 694, César, consul, fit proposer par le tribun Vatinius une loi qui lui accordait le gouvernement de la Gaule cisalpine. Le sénat jusqu'alors avait exercé sans contestation le droit de décerner les provinces consulaires : il craignait que ce droit ne fût transporté aux comices; il opposa la plus vive résistance à la loi proposée. Mais César, appuyé par Crassus et Pompée, l'emporta, et voyant le sénat frappé de terreur, il s'adressa à lui pour obtenir qu'il joignît au commandement de la Gaule cisalpine celui de la Gaule transalpine. Le sénat, empressé de recouvrer par le fait sa prérogative, lui accorda sur-le-champ sa demande. Ce ne fut que l'an 699 que le gouvernement des deux Gaules fut prorogé à César pour cinq ans.

4. Ibid. Cette loi proposée, l'an de Rome 630, par le tribun C. Sempronius Gracchus, ordonnait que le sénat, avant la tenue des comices consulaires, déterminerait les provinces qui seraient occupées par les consuls à l'expiration de leur magistrature. Jusqu'alors ces provinces n'avaient été décernées qu'après l'élection de ces

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