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que par la suite ils n'ont pas adopté le même système politique; mais la différence des vues et des opinions n'a jamais affaibli entre eux les sentiments de l'amitié.

Jusqu'à cette époque, Cicéron s'était toujours montré contraire aux projets de César, et même, depuis son retour à Rome, il avait attaqué les actes de son consulat. Dans cette partie de son Discours, il se déclara ouvertement pour lui, au grand mécontentement des zélés républicains. Il a tâché en bien des endroits de justifier son changement, et surtout, dans sa grande Lettre à Lentulus, écrite l'année suivante (Epist famil., I, 9); mais les raisons qu'il a données ne le satisfaisaient pas lui-même. On peut en juger d'après plusieurs Lettres à son ami Atticus, dans lesquelles il se plaint de l'état de sujétion où la nécessité l'a réduit.

Il ajoute, dans ce Discours, que si le vainqueur des Gaulois a eu des torts envers lui, il se fait un honneur et un devoir de les oublier, et qu'à l'exemple des plus illustres citoyens, il sacrifie volontiers ses ressentiments personnels au bonheur de la patrie.

L'avis de Cicéron et de Servilius prévalut, du moins en grande partie. César fut continué; mais Pison seul fut révoqué, et revint à Rome l'année suivante. Il eut pour successeur en Macédoine Q. Ancharius, qui n'avait été que préteur, et à qui Cicéron adresse une lettre de recommandation, Epist. famil., XIII, 40. Ga

binius, protégé par Pompée, garda sa province encore une année, c'est-à-dire jusqu'au temps où Pompée et Crassus ayant été nommés consuls, on leur assigna l'Espagne et la Syrie. Ce fut alors que le gouvernement des Gaules fut prorogé à César pour cinq années.

Le Discours sur les Provinces consulaires fut prononcé l'an de Rome 697, sous le consulat de Cn. Cornélius Lentulus Marcellinus et de L. Marcius Philippus.

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ORATIO

DE PROVINCIIS

CONSULARIBUS.

I. SI

ORATIO QUINTA ET TRICESIMA.

quis vestrum, patres conscripti, exspectat, quas sim provincias decreturus, consideret ipse secum, qui mihi homines ex provinciis potissimum detrahendi sint : non dubitabit, quid me sentire conveniat, quum, quid mihi sentire necesse sit, cogitarit. Ac, si princeps eam sententiam dicerem, laudaretis profecto; si solus, certe ignosceretis etiamsi paullo minus utilis vobis sententia videretur, veniam tamen aliquam dolori meo tribueretis. Nunc vero, patres conscripti, non parva afficior voluptate, vel quod hoc maxime reipublicæ conducit, Syriam, Macedoniamque decerni, ut dolor meus nihil a communi utilitate dissentiat; vel quod habeo auctorem P. Servilium, qui ante me sententiam dixit, virum clarissimum, et quum in universam rempublicam, tum etiam erga meam salutem, fide ac benivolentia singulari. Quod si ille et paullo ante, et, quotiescumque ei locus dicendi ac potestas fuit, Gabinium et Pisonem, duo reipublicæ portenta, ac

DISCOURS

SUR LES PROVINCES

CONSULAIRES.

DISCOURS TRENTE-CINQUIÈME.

1. Si quelqu'un de vous, pères conscrits, attend mon opinion sur le choix des provinces, qu'il considère en lui-même de quels hommes je veux avant tout que nos provinces soient délivrées dès qu'il aura reconnu quels sont les sentiments que doivent nécessairement m'inspirer ceux qui les oppriment, il ne doutera plus de l'opinion qu'il me convient d'adopter. Si j'étais le premier à proposer cette opinion, assurément vous applaudiriez à mes paroles; si j'étais le seul, vous m'écouteriez du moins avec indulgence; et quand même ce que je proposerais vous semblerait n'être pas utile, l'égarement d'une juste colère me servirait d'excuse auprès de vous. Mais ici j'ai tout lieu de me féliciter, pères conscrits : l'intérêt de la patrie demande que la Syrie et la Macédoine soient provinces consulaires, et le vœu de ma haine s'accorde avec le bien de l'état ; ensuite je ne fais qu'appuyer l'avis de P. Servilius', non moins respectable par son zèle ardent pour la république qu'il n'est cher à mon cœur par l'amitié dont il m'honore. Si dans la délibération présente, et toutes les fois qu'il a eu l'occasion et le droit de prendre

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pæne funera, quum, propter alias causas tum maxime propter illud insigne scelus eorum, et importunam in me crudelitatem, non solum sententia sua, sed etiam verborum gravitate esse notandos putavit : quonam me animo in eos esse oportet, cujus illi salutem pro pignore tradiderunt ad 'expiandas suas cupiditates? Sed ego in hac sententia dicenda non parebo dolori meo, nec iracundiæ serviam. Quo animo unusquisque vestrum debet esse in illos, hoc ero: præcipuum illum et proprium sensum doloris mei, quem tamen vos communem semper vobis mecum esse duxistis, a sententia dicenda amovebo; ad ulciscendi tempora reservabo.

II. Quatuor sunt provinciæ, patres conscripti, de quibus adhuc intelligo sententias esse dictas : Galliæ duæ, quas hoc tempore uno imperio videmus esse conjunctas; et Syria, et Macedonia, quas, vobis invitis et oppressis, pestiferi 'illi consules pro eversæ reipublicæ præmiis occupaverunt. Decernendæ nobis sunt lege Sempronia duæ. Quid est, quod possimus de Syria Macedoniaque dubitare? Mitto, quod eas ita partas habent ii, qui nunc obtinent, ut non ante attigerint, quam hunc ordinem condemnarint, quam auctoritatem vestram e civitate exterminarint; quam fidem publicam, quam perpetuam populi romani salutem, quam me, ac meos omnes fædissime crudelissimeque vexarint. Omnia domestica illa, atque urbana mitto; quæ tanta sunt, ut nunquam Hanni

'Al. codd., explendas, quod Grævius probavit. 2 Multæ edd. non habent illi.

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