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neuf fascicules seulement ont paru jusqu'ici. Mais, en vingt ans, j'ai pu terminer complétement, pour ma part, la tâche que j'avais entreprise. Cela m'a permis de tirer de ces articles les éléments du discours prononcé par moi, le 4 septembre 1879, en qualité de Procureur général près de la Cour des Comptes sur les Origines de la Comptabilité chez les Romains.

La seconde partie du présent ouvrage concernant les finances de l'empire romain a été lue par l'auteur à l'Académie des Sciences morales et politiques et publiée dans le Compte rendu des séances de cette savante compagnie (en décembre 1884 et avril 1885).

Enfin la portion la plus étendue et la plus difficile, à raison même de l'immensité des documents juridiques est entièrement inédite, et comprend la période du Bas-Empire jusqu'à Justinien.

L'idée mère de cet essai consiste à rechercher comment se trouvaient résolues, chez les Romains. les questions que la nature même des opérations financières engendre en matière de comptabilité publique. Ainsi comment étaient organisés le contrôle législatif, administratif et judiciaire des finances? A qui incombaient les rôles essentiellement distincts d'ordonnateur et de comptable en deniers ou en matières ?

C'est à ce point de vue très neuf et très pratique que s'était placé le premier, en 1871, M. Bouchard, aujourd'hui président à la Cour des Comptes, dans sa remarquable Etude sur l'administration des finances de l'empire romain dans les derniers temps de son existence. J'ai cru devoir suivre cette méthode naturelle en l'étendant aux temps de la République et de l'Empire, et en la développant ou en la confirmant, ou en rectifiant ses applications pour l'époque du Bas-Empire, à l'aide des documents nouveaux, fournis soit par les textes juridiques ou épigraphiques, soit par les récents travaux de la science française ou allemande en cette matière.

LIVRE PREMIER

Des Origines de la Comptabilité sous les rois et sous la République romaine.

INTRODUCTION

L'organisation des finances, comme le mécanisme de la comptabilité, destinée à éclairer le gouvernement par le contrôle mutuel des documents eux-mêmes, en un mot, la science financière semble appartenir exclusivement aux temps modernes. On revendique pour le régime représentatif à la fois la garantie et l'honneur de ces formes protectrices de tous les intérêts sociaux. Mais il ne faut pas fausser, en l'exagérant, une doctrine si

vraie dans sa généralité. L'histoire nous montre des nations puissantes, de vastes États, où le gouvernement sut accomplir, avec succès et parfois avec gloire, sa grande mission de justice, d'ordre et de sécurité, longtemps avant l'avènement complet des réformes nécessaires pour assurer pleinement le libre exercice des droits individuels, par l'heureuse application du principe de la séparation des pouvoirs. Ni le moyen âge, ni l'antiquité elle-même, n'ont ignoré tout à fait les éléments et surtout la pratique plus ou moins avancée des règles fondamentales de la comptabilité publique.

Il est donc permis de rechercher les premières notions de la science financière chez le peuple le plus calculateur, le plus exact et le plus politique de l'antiquité (*). Je me propose de tracer dans un premier livre l'esquisse des origines de la comptabilité sous les rois et sous la république romaine (1) en renvoyant aux livres II et III, l'exposé de ses progrès ou de ses vices sous l'empire et le bas-empire (2).

Si les Grecs, après leurs triomphes dans les arts, ont inauguré l'étude théorique de l'éco

() Voyez dans un appendice, à la fin de ce premier livre, la bibliographie de la matière et les documents principaux indiqués dans les notes annoncées par les chiffres intercalés dans le texte.

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