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Vulgaires ne saurait tenir lieu d'ordinaires. Saint-Marc.-Il le remplace très bien. Éditeur de 1772, A.

Il n'est

pas sûr que salaires ait un pluriel bien établi dans notre langue.

désormais me va faire un cachot de ma place?

Chant IV. Vers 73-74.

J.J. Blaise Libraire, Quai des Augustins.

Le vigilant Girot court à lui le premier.

1.

C'est d'un maître si saint le plus digne officier;
La porte dans le choeur à sa garde est commise:
Valet souple au logis, fier huissier à l'église. 1
Quel chagrin, lui dit-il, trouble votre sommeil?
Quoi! voulez-vous au chœur prévenir le soleil?
Ah! dormez, et laissez à des chantres vulgaires
Le soin d'aller sitôt mériter leurs salaires.

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ΙΟ

effet, plume oiseuse est tout-à-fait impertinent, puisque c'est donner à une chose inanimée une épithète qui ne convient qu'à l'homme, que la plume rend oiseux. Brienne. L'épithète oiseuse adaptée à la plume est légère et agréable; c'est dommage qu'on ne l'ait pas assez employée depuis. Le Brun.

Il règne dans toute la maison du chantre un parfum d'oisiveté et de nonchalance; il n'y a pas jusques aux valets qui ne reposent sur la plume oiseuse. M. Andrieux, Cours.

1 Saint-Marc et ( d'après lui) Féraud blâment ce vers comme formant une phrase isolée composée de deux nominatifs absolus qui ne se rapportent à rien... Saint-Marc convient cependant qu'on trouve dans nos poètes quelques exemples de semblables phrases. — Il suffit d'opposer à cette critique étrange, ces mots de MM. Andrieux (Cours) et Daunou: Excellent vers!.. et la citation de ces deux beaux vers de la Henriade (III, 209, 210), dont le dernier paraît imité de Boileau :

De l'ombre du repos, ils volent aux hasards;

Vils flatteurs à la cour, héros aux champs de Mars.

2 Vers 13 et 14. Tout cela n'est guère bien. Après avoir dit avec grâce au chantier (vers 23, p. 289):

et laissaient en leur lieu,

A des chantres gagés le soin de louer Dieu,

il ne fallait pas répéter ici la même pensée en d'autres termes. Brienne. M. Amar indique aussi la répétition, mais sans faire de remarque. Enfin, M. Andrieux (Cours) observe que la forme du discours de Girot (vers 11 à 14), le mouvement de la phrase même rappelle trop le discours tenu par Gilotin au trésorier (ch. 1, v. 97, p. 296).

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Vulgaires ne saurait tenir lieu d'ordinaires. Saint-Marc.-Il le remplace très bien. Éditeur de 1772, A.

Il n'est pas sûr que salaires ait un pluriel bien établi dans notre langue.

Ami, lui dit le chantre encor pâle d'horreur,
N'insulte point, de grâce, à ma juste terreur;
Mêle plutôt ici tes soupirs à mes plaintes,

Et tremble en écoutant le sujet de mes craintes.
Pour la seconde fois un sommeil gracieux
Avait sous ses pavots appesanti mes yeux,
Quand, l'esprit enivré d'une douce fumée,
J'ai cru remplir au chœur ma place accoutumée.
Là, triomphant aux yeux des chantres impuissans,
Je bénissais le peuple, et j'avalais l'encens,1
Lorsque du fond caché de notre sacristie 2,
Une épaisse nuée à longs flots est sortie,

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Qui, s'ouvrant à mes yeux, dans son bleuâtre éclat, M'a fait voir un serpent conduit par le prélat."

Du corps de ce dragon, plein de soufre et de nitre,

Saint-Marc.

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Il a été employé depuis par d'autres poètes, et Boileau est louable d'en avoir donné l'exemple à cause de la rareté des rimes. Même éditeur. - Ajoutons avec M. de S.-S., que les exemples donnés par le dictionnaire de l'Académie prouvent l'erreur de Saint-Marc.

1 Avaler l'encens! quelle expression! Brienne. Et j'avalais l'encens pour les parfums de l'encens; ellipse parfaite, pour rendre la rapidité de l'action. Le Brun.

Vers 22 à 24. Il semble qu'on voie le chantre se rengorger aux yeux de tout le chœur et avaler l'encens à pleine bouche. Quelle heureuse opposition de couleurs!.. M. Andrieux, Cours,

2 Fond caché de notre sacristie est ridicule et n'a aucun sens. Brienne et Saint-Marc.

5 V. E. Texte de 1674 à 1713. On a mis à grands flots, ce qui dénature ou au moins affaiblit l'image, dans plusieurs éditions modernes, telles que 1809 et 1825, Daun.; 1821, S.-S.; 1821, 1824 et 1828, Am.; 1825, Aug., in-8 et in-32; 1826, Mart.; 1829, B. ch...

4 V. 1674 à 1713. Bluastre... On ne dit plus que bleuatre.

5 Vers 27 et 28. Bleuatre éclat... Expression recherchée, mise pour rimer à prélat. Saint-Marc. On a honte, dit M. Amar, de se trouver si souvent dans la nécessité de relever de pareilles critiques.

1

Une tête sortait en forme de pupitre, 1
Dont le triangle affreux, tout hérissé de crins, 2
Surpassait en grosseur nos plus épais lutrins.
Animé par son guide, en sifflant il s'avance;
Contre moi sur mon banc je le vois qui s'élance.
J'ai crié, mais en vain; et, fuyant sa fureur,
Je me suis réveillé plein de trouble et d'horreur.
Le chantre s'arrêtant à cet endroit funeste,

A ses yeux effrayés laisse dire le reste.

Girot en vain l'assure,3 et, riant de sa peur,
Nomme sa vision l'effet d'une vapeur. 4

Le désolé vieillard, 5 qui hait la raillerie,

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1 Vers 29 et 30. Plein de soufre et de nitre : autre cheville. Saint-Marc.— La rime de nitre déterminée par le sens est neuve, et convient à la singularité du portrait. Le Brun - Ce que Le Brun aurait dû remarquer, c'est le bleuȧtre éclat occasioné par cette explosion subite de soufre et de nitre, qui lance le fatal lutrin sur le banc du chantre... Voilà les hémistiches inutiles, voilà les chevilles condamnées par Saint-Marc dans les vers de Boileau. M. Amar. · On a peine à comprendre comment Saint-Marc a pu critiquer des vers si correctement et si élégamment pittoresques. M. Daunou.

L'éditeur d'Amsterdam (1772) traite aussi de vétilleuses les critiques de Saint-Marc.

2 Le triangle; terme géométrique, heureusement transporté dans la langue des Muses. Le Brun. M. Amar fait aussi l'éloge de cette peinture.

3 L'assure ne vaut rien pour le rassure. Saint-Marc. Ces mots étaient jadis synonymes: on en trouve des exemples dans Malherbe, Molière et Racine. Féraud, I, 182; Roubaud, IV, 26; Clément, Lett. 1v, p. 258.

L'effet d'une vapeur est assez plaisant surtout en un siècle où les vapeurs sont à la mode. Brienne ( il écrivait ceci en 1674).

5 Saint-Marc préférerait le vieillard désolé qui, etc. - L'épithète désolé placée avant vieillard rend le personnage risible. Si le poète eût mis le vieillard désolé, il eût été presque barbare d'en rire. Le Brun. M. Andrieux (Cours) pense aussi que la tournure employée par Boileau est plus poétique que celle que propose Saint-Marc, et il rappelle qu'on en voit ailleurs des exemples, tels qu'au chant 1, vers 145, et au chant 11, vers 69 (Le zélé Gilotin... Le redouté Brontin).

TOME II.

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