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arundine cruribus suis, cum parvulis filiolis ludens ab Alcibiade risus est.

2. Homerus quoque, ingenii cœlestis vates, non aliud sensit, vehementissimis Achillis manibus canoras fides aptando, ut earum militare robur leni pacis studio relaxaret.

CAPUT IX.

DE VI ELOQUENTIÆ.

De vi Eloquentiæ in Romanis.

POTENTIAM vero eloquentiæ etsi plurimum valere animadvertimus, tamen sub propriis exemplis, quo scilicet vires ejus testatiores fiant, recognosci convenit.

1. Regibus exactis, plebs dissidens a patribus, juxta ripam fluminis Anienis in colle, qui Sacer appellatur, armata consedit. Eratque non solum deformis, sed etiam miserrimus reipublicæ status, a capite ejus cetera parte corporis pestifera seditione divisa; ac, ni Valerii subvenisset eloquentia, spes tanti imperii in ipso pæne ortu suo corruisset. Is namque populum nova et insolita libertate temere gaudentem, oratione ad meliora et saniora consilia revocatum, senatui subjecit, id est, urbem urbi junxit. Verbis ergo facundis ira, consternatio,

arma cesserunt.

qu'à cheval sur un bâton, et jouant avec ses enfans, il excita la risée d'Alcibiade. (Av. J.-C. 413.)

2. C'était aussi le sentiment d'Homère, ce poète divin, lorsqu'il mettait entre les mains violentes du fils de Pelée une lyre harmonieuse, pour reposer leur énergie guerrière par un exercice doux et paisible.

CHAPITRE IX.

DU POUVOIR DE L'ÉLOQUENCE.

Du pouvoir de l'Éloquence chez les Romains.

Nous voyons que l'éloquence a beaucoup d'empire; néanmoins il est à propos de l'envisager dans des exemples particuliers, pour faire mieux ressortir son pouvoir.

1. Après l'expulsion des rois, le peuple, irrité contre le sénat, s'était retiré près de l'Anio, sur le Mont sacré. La république offrait l'aspect le plus triste et le plus douloureux; divisée par une discorde fatale, ce n'était plus qu'une tête et un corps séparés l'un de l'autre; et, si l'éloquence de Valerius n'était venue au secours de la patrie, l'espérance d'un si vaste empire se serait évanouie presque à sa naissance. Les paroles de ce grand homme ramenèrent à des sentimens plus modérés et plus sages un peuple égaré par les charmes d'une liberté récemment conquise, et à laquelle il n'était point accoutumé; elles le soumirent au sénat, elles rendirent l'état à lui-même. Ainsi une voix éloquente se fit entendre, et la colère, la sédition, les armes lui cédèrent la victoire. (An de R.

2. Quæ etiam Marianos Cinnanosque mucrones, vilis profundendi sanguinis cupiditate furentes, inhibu runt. Missi enim a sævissimis ducibus milites ad M. Ar tonium obtruncandum, sermone ejus obstupefacti, des trictos jam et vibrantes gladios cruore vacuos vagin reddiderunt. Quibus digressis, P. Antronius (is eni solus in ambitu expers Antonianæ facundiæ steterat) cru dele imperium truculento ministerio peregit. Quam di sertum igitur eum fuisse putemus, quem ne hostium qui dem quisquain occidere sustinuit, qui modo vocem eju ad aures suas voluit admittere?

3. Divus quoque Julius, quam cœlestis numinis, tam etiam humani ingenii perfectissimum columen, vim facundiæ proprie expressit, dicendo in accusatione Cn. Dolabellæ, quem reum egit, extorqueri sibi causam optimam C. Cottæ patrocinio; siquidem maxima tunc eloquentia questa est. Cujus facta mentione, quoniam domesticum nullum majus adjecerim exemplum, peregrinandum est.

De vi Eloquentiæ in externis.

I. PISISTRATUS dicendo tantum valuisse traditus est, ut ei Athenienses regium imperium oratione capti permitterent, quum præsertim ex contraria parte amantissimus patriæ Solon niteretur. Sed alterius salubriores

2. L'éloquence arrêta même des soldats de Marius et de Cinna, elle retint leur glaive furieux, brûlant de verser le sang des citoyens. Des émissaires de ces chefs barbares vinrent pour égorger M. Antonius. A la voix de cet illustre orateur, ils restèrent immobiles, et, sans pouvoir frapper leur victime, remirent dans le fourreau leurs épées étincelantes, déjà levées sur sa tête. Ils se retirèrent. Mais P. Antronius, qui seul s'était tenu à l'écart, et n'avait pu entendre les paroles éloquentes d'Antonius, exécuta l'ordre sanguinaire et lui donna la mort. Quelle dut être son éloquence? Ses ennemis même n'ont pas la force de l'assassiner, sitôt qu'ils ont prêté l'oreille à ses discours. (An de R. 666.)

3. Le divin Jules César, qui fut le plus parfait soutien et de la Providence céleste, et même de l'esprit humain 21, exprima le pouvoir de la parole avec beaucoup de vérité: il dit, au sujet de l'accusation qu'il avait intentée à Cn. Dolabella, que le plaidoyer de C. Cotta lui arrachait des mains une excellente cause; et ce fut de la bouche la plus éloquente que sortit cette plainte (an de R. 676). Après un tel exemple, je ne saurais trouver dans nos annales rien de plus imposant; je passe donc aux étrangers.

Du pouvoir de l'Éloquence chez les étrangers.

1. TELLE fut, au rapport des historiens, l'éloquence de Pisistrate, que les Athéniens, séduits par ses paroles, lui déférèrent la puissance royale, malgré l'opposition et les efforts de Solon, citoyen tout dévoué à sa patrie. Mais si les harangues de l'un étaient plus sages, celles

erant conciones, alterius disertiores : quo evenit, ut alioqui prudentissima civitas libertati servitutem præferret.

2. Pericles autem felicissimis naturæ incrementis, sub Anaxagora præceptore summo studio perpolitus et instructus, liberis Athenarum cervicibus jugum servitutis imposuit. Egit enim ille urbem, et versavit arbitrio suo; quumque adversus voluntatem populi loqueretur, jucunda nihilominus et popularis ejus vox erat. Itaque veteris comœdiæ maledica lingua, quamvis potentiam viri perstringere cupiebat, tamen in labris ejus hominis melle dulciorem leporem fatebatur habitare; inque animis eorum, qui illum audierant, quasi aculeos quosdam relinqui prædicabat.

Fertur quidam, quum admodum senex primæ concioni Periclis adolescentuli interesset, idemque juvenis Pisistratum jam decrepitum concionantem audisset, non temperasse sibi quo minus exclamaret, Caveri illum civem oportere, quod Pisistrati orationi simillima ejus esset oratio ; nec hominem aut æstimatio eloquii, aut morum augurium fefellit. Quid enim inter Pisistratum et Periclem interfuit, nisi quod ille armatus, hic sine armis tyrannidem gessit?

3. Quantum eloquentia valuisse Hegesiam, cyrenaicum philosophum, arbitramur, qui sic mala vitæ repræsentabat, ut, eorum miseranda imagine audientium pectoribus inserta, multis voluntariæ mortis oppetendæ cu

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