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core accompli son assomption en laissant dans sa tombe, au lieu de ses cendres, sa robe virginale ou une manne céleste 1.

:

Les Juifs furent dispersés témoins vivants de la parole vivante, ils subsistèrent, miracle perpétuel au milieu des nations. Etrangers partout, esclaves dans leur propre pays, ils virent tomber ce temple dont il ne reste pas pierre sur pierre, comme mes yeux ont pu s'en convaincre. Une partie de leur population enchaînée vint élever à Rome cet autre monument où devoient mourir les Chrétiens. Le ciseau sculpta sur un arc de triomphe qu'on admire encore les ornements qui brilloient aux pompes de Salomon, et dont, sans ce hasard, nous ignorerions la forme : l'orgueil d'un prince romain et le talent d'un artiste grec ne se doutoient guère qu'ils fournissoient une preuve de plus de la grandeur de la nation vaincue et de ses mystérieuses destinées. Tout devait servir, gloire et ruine, à rendre éternelle la mémoire du peuple que Moïse forma, et qui vit naître JésusChrist.

1 Plurimi asseverant quià in sepulchro ejus, non nisi manna invenitur quod scaturire cernitur. (De Assomp. B. Mariæ sermo, tributus divo Hieronymo, t. 9, p. 67.)

Le Capitole, incendié dans les désordres qui signalèrent la fin de Vitellius, étoit la proie des flammes presque au moment où le temple de Jérusalem brûloit. Domitien fit dans la suite la dédicace du nouveau Capitole : l'autel de la servitude y remplaça celui de la liberté; on eut encore le malheur de n'y pouvoir rétablir l'image fameuse du chien, dont les gardiens répondoient sur leur vie. Soixante millions furent employés à la seule dorure de cet édifice. Jupiter, en vendant tout l'Olympe, disoit Martial', n'auroit pu payer le vingtième de cette somme. Le dieu des Juifs avoit prononcé la destruction

1 Quantum jam superis, Cæsar, cœlo que dedisti,
Si repetas et creditor esse velis.

Grandis in æthereo, licet auctio fiat Olympo
Coganturque dei vendere quidquid habent;
Conturbabit Atlas, et non erit uncia tota,
Decidat tecum quâ pater ipse deum.
Pro capitolinis, quid enim cedere templis,
Quid pro Tarpeio frondis honore potero?
Quid pro culminibus geminis matrona tonantis?
Pallida prætereo; res agit illa tuas.

Quid loquar Alcidem, Phœbumque, piosque Laconas.
Addita quid Latio flavia templa polo?
Expectes, sustineas, Auguste, necesse est :
Nam tibi quod solvat non habet arca Jovis.
(Mart., lib. ix, épigr. 4.)

ANACLET,

pape.

De J.-C. 77.

de son temple, et Julien essaya vainement de le relever.

La grande peste et l'éruption du Vésuve qui fit périr Pline, le naturaliste, sont de cette époque 1.

Ébion, Cérinthe, Ménandre, disciple de Simon, alloient prêchant leurs hérésies. Les philosophes furent de nouveau exclus de Rome. C'étoient Euphrate, Tyrien, d'abord ami et ensuite adversaire d'Apollonius de Tyane, Démétrius le Cynique, Artémidore, Damis le pythagoricien, Épictète le stoïcien, Lucien l'épicurien, Diogène le jeune cynique, Héras et Dion de Pruse; Musonius seul trouva grâce auprès de Vespasien.

Le pape Clément acheva de gouverner l'Église la soixante-dix-septième année de Jésus-Christ; il céda sa chaire à saint Anaclet ou Clet, pour éviter un schisme 2. On attribue à saint Clément les ouvrages les plus anciens après les livres canoniques.

Jamais frère ne ressembla moins à son frère

1 Plin., lib. xxxiv, cap. 7.

2

Accepit impositionem manuum episcopatûs, et eo recusato remoratus est; (dicit enim in unâ epistolâ suâ, secedo, abeo, erigatur populus Dei...) Cletus constituitur. (Epiphanius contra hæreses, cap. 6.)

que Domitien à Titus. Sous Domitien, les

DOMITIEN,

peu- emp.

SIXTE,

papes. De J.-C. 82-97.

plades du nord, pressées peut-être par le grand ANACLET, EVARISTE, corps des Goths qui s'approchoit, remuèrent aux frontières de l'empire. Domitien fut battu par les Quades et les Marcomans en Germanie; il acheta la paix de Décébale, chef des Daces, en lui payant une espèce de redevance annuelle. Ce premier exemple de foiblesse profita aux barbares: selon les temps et les circonstances, ils continuèrent à vendre aux empereurs une paix dont le prix leur servoit ensuite à recommencer la guerre.

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Domitien vaincu ne s'en décerna pas moins les honneurs du triomphe il prit avec raison le surnom de Dacique. Il donna des jeux, se consacra des statues, et se traîna dans la gloire où d'autres empereurs s'étoient précipités.

Ses armes furent plus heureuses dans la Grande-Bretagne : Agricola battit les Calédoniens, et sa flotte tourna l'île au septentrion.

Un coup funeste fut porté à l'empire, par l'augmentation de la paie des soldats : leur influence, déjà trop considérable, s'accrut; le gouvernement dégénéra en république militaire il faut toujours que la liberté, d'ellemême impérissable, se retrouve quelque part.

NERVA, TRAJAN,

emp.

DRE ler.,

1 que

l'on

Domitien persécuta les philosophes ' confondoit avec les chrétiens: ils se retirèrent à l'extrémité des Gaules, dans les déserts de Libye et chez les Scythes. Apollonius, interrogé par Domitien, montra du courage et une rude franchise.

:

On commença à voir de tous côtés la succession des évêques à Alexandrie Abilius succéda à saint Marc; à Rome, saint Évariste à saint Clet, Alexandre Ier. ou Sixte Ier. à saint Évariste. Vers la fin de son règne, Domitien se jeta sur les fidèles. L'apôtre saint Jean, relégué dans l'île de Patmos, eut sa vision. Flavius Clément, consul et cousin germain de l'empereur qui destinoit les deux enfans de Clément à l'empire, avoit embrassé la foi, et fut décapité. L'Evangile faisoit des progrès dans les hauts rangs de la société.

Domitien assassiné, Nerva ne parut après lui ÉVARISTE, ALEXAN- que pour abolir le crime de lèse-majesté 2, punir les délateurs, et appeler Trajan à la pourpre : trois bienfaits qui lui ont mérité la reconnaissance des hommes.

papes.

De J.-C. 97-118.

1 Philosophia autem adèo perterrita est, ut, habitu mutato, alii in extremam Galliam aufugerent, alii in Libya Scythiæque deserta. Euseb., chron. an 92; Philost., vit Apol., lib. vir, cap. 4).

2 Claude avoit tenté cette abolition.

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