Je le déclare donc : Quinault est un Virgile; Mais quoi! répondrez-vous, Cotin nous peut-il nuire ? Qui peut....- Quoi ?- Je m'entends.- Mais encor? - Taisez-vous. 4. Nicolas Perrot d'Ablancourt, de l'Académie françoise, avoit traduit Thucydide, Xénophon, Lucien, Arrien, César, Tacite, Frontin, etc. On appeloit ses traductions les belles Infidèles. 2. Sauval. 3. Saufal, Perrin, auteurs médiocres. (B.) 4. Cotin, dans un de ses écrits, m'accusoit d'être criminel de lèsemajesté divine et humaine. (B.) AU LECTEUR. Voici enfin la satire qu'on me demande depuis si longtemps. Si j'ai tant tardé à la mettre au jour, c'est que j'ai été bien aise qu'elle ne parût qu'avec la nouvelle édition qu'on faisoit de mon livre, où je voulois qu'elle fût insérée. Plusieurs de mes amis, å qui je l'ai lue, en ont parlé dans le monde avec de grands éloges, et ont publié que c'étoit la meilleure de mes satires2. Ils ne m'ont pas en cela fait plaisir. Je connois le public: je sais que naturellement il se révolte contre ces louanges outrées qu'on donne aux ouvrages avant qu'ils aient paru, et que la plupart des lecteurs ne lisent ce qu'on leur a élevé si haut qu'avec un dessein formé de le rabaisser. Je déclare donc que je ne veux point profiter de ces discours avantageux; et non-seulement je laisse au public son jugement libre, mais je donne plein pouvoir à tous ceux qui ont tant critiqué mon ode sur Namur d'exercer aussi contre ma satire toute la rigueur de leur critique. J'espère qu'ils le feront avec le même succès; et je puis les assurer que tous leurs discours ne m'obligeront point à rompre l'espèce de vœu que j'ai fait de ne jamais défendre mes ouvrages, quand on n'en attaquera que les mots et les syllabes. Je saurai fort bien soutenir contre ces censeurs Homère, Horace, Virgile, et tous ces autres grands personnages dont j'admire les écrits; mais pour mes écrits, que je n'admire point, c'est à ceux qui les approuveront à trouver des raisons pour les défendre. C'est tout l'avis que j'ai à donner ici au lecteur. La bienséance néanmoins voudroit, ce me semble, que je fisse quelque excuse au beau sexe de la liberté que je me suis donnée de peindre ses vices; mais, au fond, toutes les peintures que je fais dans ma satire sont si générales, que, bien loin d'appréhender que les femmes s'en offensent, c'est sur leur approbation et sur leur curiosité que je fonde la plus grande espérance du succès de mon ouvrage. Une chose au moins dont je suis certain qu'elles me loueront, c'est d'avoir trouvé moyen, dans une matière aussi délicate que celle que j'y traite, de ne pas laisser échapper un seul mot qui pût le moins du monde blesser la pudeur. J'espère donc que j'obtiendrai aisément ma grâce, et qu'elles ne seront pas plus choquées des prédications que je fais contre leurs défauts dans cette satire, que des satires que les prédicateurs font tous les jours en chaire contre ces mêmes défauts. 1. En 1694. 2. « C'est, ce me semble, le chef-d'œuvre de M. Despréaux. » Dictionnaire de Bayle, article Barbe, n. A.) Cet éloge, suivant Daunou, conviendroit beaucoup mieux à la neuvième satire ou à la huitième. SATIRE X. 1693. LES FEMMES. Enfin bornant le cours de tes galanteries, Alcippe, il est donc vrai, dans peu tu te maries; Et déjà le notaire a, d'un style énergique, Ces mots ont dans sa bouche une emphase admirable : Que si sous Adam même, et loin avant Noé, 4. Instrument, en style de pratique, veut dire toutes sortes de contrats. (B.) 2. Juvénal a fait une satire contre les femmes, qui est son plus bel ouvrage. (B.) 3. Paroles du commencement de la satire de Juvénal. (B.) Le vice audacieux, des hommes avoué, A la triste innocence en tous lieux fit la guerre, Et que, même aujourd'hui, sur ce fameux modèle, Sans doute, et dans Paris, si je sais bien compter, Je sais que d'un conte odieux Mais laissons là, dis-tu, Joconde et son histoire": Devant vous aujourd'hui criminel dénoncé, Et mis sur la sellette aux pieds de la critique, J'ai vu tout ce qu'ont fait La Fontaine et Molière; 4. Phryné, courtisane d'Athènes. (B.) 2. Laïs, courtisane de Corinthe. (B.) 3. Ceci est dit figurément. (B.) 4. Conte de La Fontaine tiré de l'Arioste. 5. François Corbueil-Villon naquit à Paris en 1431. Accusé et, à ce qu'il paroit, convaincu de friponnerie, il fut condamné à être pendu : la peine ayant été commuée en bannissement, il retomba dans de nouveaux désordres qui lui attirèrent une seconde sentence pareille à la première; mais Louis XI lui fit grâce du supplice. On ne sait pas bien en quel lieu et en quel temps il mourut. Rabelais dit qu'il se retira en Angleterre et y devint le favori d'Édouard IV. 6. Mellin de Saint-Gelais naquit, en 1491, à Angoulême, fils naturel de l'évêque de cette ville, Octavien de Saint-Gelais; il laissa des poésies diverses, entre lesquelles on distingue la Déploration du bel Adonis, une imitation de trois chants de l'Arioste, etc. Arioste', Marot2, Boccace3, Rabelais'. Et que, pour être heureux sous ce joug salutaire, Je vieillis, et ne puis regarder sans effroi Je crois déjà les voir, au moment annoncé Qu'à la fin sans retour leur cher oncle est passé, Sur quelques pleurs forcés qu'ils auront soin qu'on voie, Je me fais un plaisir, à ne vous rien celer, De pouvoir, moi vivant, dans peu les désoler, 4. L'Arioste, né à Reggio (près de Modène), en 1474, est un des plus célèbres poëtes italiens. Son grand ouvrage, l'Orlando furioso, parut en 1516. 2. Clément Marot étoit de Cahors, où il naquit, en 1495, d'un père qui lui-même étoit poëte, mais qui a été surpassé par son fils. Conduit à la cour de François Ier, il célébrà les belles et les princes, suivit le roi à la bataille de Pavie et y reçut une blessure. Ayant embrassé la religion réformée, il se réfugia à Gênes, puis à Turin, où il mourut dans l'indigence en 1544. 3. De tous les ouvrages de Boccace, le plus connu est son Décaméron, recueil de contes où La Fontaine a puisé les sujets de la plupart des siens. 11 naquit, en 1313, à Paris, où son père, né à Certaldo, en Toscane, avoit été attiré par des affaires de commerce, et fut bientôt conduit à Florence, où il fit ses premières études. Son père, qui le destinoit au négoce, le renvoya, vers 1323, à Paris, d'où il ne revint qu'en 1829. Il a été l'ami de Pétrarque. Après avoir habité Naples et Florence, il vint mourir à Certaldo le 21 décembre 1375. 4. François Rabelais naquit à Chinon en 1483. Il se fit cordelier à Fontenai-le-Comte, puis bénédictin à Maillezais, ensuite médecin à Montpellier. Après avoir accompagné le cardinal du Bellay à Rome, il revint en France, habita Lyon et Paris, obtint une prébende dans la collégiale de Saint-Maur des Fossés, et enfin la cure de Meudon; il mourut, à Paris probablement, en 1553. 5. Les Contes de la reine de Navarre, etc. (B.) Marguerite de Valois, sœur de François Ier, étoit née à Angoulême en 1492; elle épousa le duc d'Alençon, 'puis Henri d'Albret, roi de Navarre, et fut mère de Jeanne d'Albret, qui a donné le jour à Henri IV. Marguerite mourut en 1549. |