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Ἤειδον μὲν ἐγών, ἐχάρασσε δὲ θεῖος Ομηρος '.

Quand la dernière fois, dans le sacré vallon,
La troupe des neuf Sœurs, par l'ordre d'Apollon,
Lut l'Iliade et l'Odyssée,

Chacune à les louer se montrant empressée,
<< Apprenez un secret qu'ignore l'univers,
Leur dit alors le dieu des vers:

Jadis avec Homère, aux rives du Permesse,
Dans ce bois de lauriers où seul il me suivoit,
Je les fis toutes deux plein d'une douce ivresse :
Je chantois, Homère écrivoit. >>

XXXI. - Plainte contre les Tuileries.

1703.

Agréables jardins, où les Zéphyrs et Flore
Se trouvent tous les jours au lever de l'aurore;
Lieux charmans, qui pouvez dans vos sombres réduits
Des plus tristes amans adoucir les ennuis,
Cessez de rappeler dans mon âme insensée
De mon premier bonheur la gloire enfin passée.
Ce fut, je m'en souviens, dans cet antique bois
Que Philis m'apparut pour la première fois;
C'est ici que souvent, dissipant mes alarmes,
Elle arrêtoit d'un mot mes soupirs et mes larmes;
Et que, me regardant d'un œil si gracieux,
Elle m'offroit le ciel ouvert dans ses beaux yeux.
Aujourd'hui cependant, injustes que vous êtes,
Je sais qu'à mes rivaux vous prêtez vos retraites,
Et qu'avec elle assis sur vos tapis de fleurs,
Ils triomphent contens de mes vaines douleurs.
Allez, jardins dressés par une main fatale,
Tristes enfans de l'art du malheureux Dédale :
Vos bois, jadis pour moi si charmans et si beaux,
Ne sont plus qu'un désert, refuge de corbeaux,
Qu'un séjour infernal, où cent mille vipères,

Tous les jours en naissant, assassinent leurs mères".

1. Vers grec de l'Anthologie. (B.) Le dernier vers de cette pièce

est une traduction de ce vers grec.

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2. Ce sont des vers de Le Verrier, refaits et développés par Boileau.

FIN DES POÉSIES DIVERSES.

ÉPIGRAMMES.

I. A Climène.

Tout me fait peine;
Et depuis un jour
Je crois Climène,
Que j'ai de l'amour.
Cette nouvelle

Vous met en courroux :
Tout beau, cruelle,

Ce n'est pas pour vous.

II.
·- A une demoiselle.

Pensant à notre mariage,

Nous nous trompions très-lourdement.
Vous me croyiez fort opulent,

Et je vous croyois sage.

III. Sur une personne fort connue.

De six amans contens et non jaloux,
Qui tour à tour servoient madame Claude,
Le moins volage étoit Jean, son époux.

Un jour pourtant, d'humeur un peu trop chaude,
Serroit de près sa servante aux yeux doux,
Lorsqu'un des six lui dit : « Que faites-vous?
Le jeu n'est sûr avec cette ribaude :

Ah! voulez-vous, Jean-Jean, nous gâter tous?»

IV.

- Sur un frère aîné que j'avois, et avec qui j'étois brouillé. De mon frère, il est vrai, les écrits sont vantés; Il a cent belles qualités;

Mais il n'a point pour moi d'affection sincère.
En lui je trouve un excellent auteur,

Un poëte agréable, un très-bon orateur;

Mais je n'y trouve point de frère.

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VI.

Qu'il étoit faux que Saint-Sorlin
Contre Arnauld eût fait un ouvrage.
<< Il en a fait, j'en sais le temps,
Dit un des plus fameux libraires,
Attendez.... C'est depuis vingt ans ;
On en tira cent exemplaires.

C'est beaucoup, dis-je en m'approchant;
La pièce n'est pas si publique.

Il faut compter, dit le marchand;
Tout est encor dans ma boutique. »>

Sur la première représentation de l'Agésilas de M. de Corneille, que j'avois vue.

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4. Desmarets de Saint-Sorlin avoit écrit contre les religieuses de Port-Royal, et il étoit sur le point de mettre au jour la Défense du poëme héroïque, dirigée contre Boileau.

2. Poëme de Desmarets, ennuyeux à la mort. (B.)

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Oui, j'ai dit dans mes vers qu'un célèbre assassin,
Laissant de Galien la science infertile,
D'ignorant médecin devint maçon habile :
Mais de parler de vous je n'eus jamais dessein,
Perrault, ma muse est trop correcte;
Vous êtes, je l'avoue, ignorant médecin,
Mais non pas habile architecte.

XI.

X. Contre Linière.

Linière apporte de Senlis

Tous les mois trois couplets impies.
A quiconque en veut dans Paris,
Il en présente des copies :

Mais ses couplets, tout pleins d'ennui,

Seront brûlés même avant lui.

Sur une satire très-mauvaise, que l'abbé Cotin avoit faité, et qu'il faisoit courir sous mon nom.

En vain par mille et mille outrages

Mes ennemis, dans leurs ouvrages,

Ont cru me rendre affreux aux yeux de l'univers.
Cotin, pour décrier mon style,

A pris un chemin plus facile :

C'est de m'attribuer ses vers.

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A quoi bon tant d'efforts, de larmes et de cris,
Cotin, pour faire ôter ton nom de mes ouvrages?
Si tu veux du public éviter les outrages,
Fais effacer ton nom de tes propres écrits.

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4. Il étoit tellement goutteux qu'il ne pouvoit marcher. (B.)

XIV.

Vers en style de Chapelain, pour mettre à la fin de son poëme
de la Pucelle.

Maudit soit l'auteur dur, dont l'âpre et rude verve
Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve;
Et, de son lourd marteau martelant le bon sens,
A fait de méchans vers douze fois douze cents'.

XVII.

XV. - Le débiteur reconnoissant.

1681.

Je l'assistai dans l'indigence :

Il ne me rendit jamais rien.

Mais quoiqu'il me dût tout son bien,
Sans peine il souffroit ma présence.
Oh! la rare reconnoissance!

XVI. Parodie de cinq vers de Chapelle.

Tout grand ivrogne du Marais
Fait des vers que l'on ne lit guère.

Il les croit pourtant fort bien faits;

Et quand il cherche à les mieux faire,

Il les fait encor plus mauvais 2.

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A MM. Pradon et Bonnecorse, qui firent en même temps paroître contre moi chacun un volume d'injures 3.

1685.

Venez, Pradon et Bonnecorse,

Grands écrivains de même force,

De vos vers recevoir le prix;

Venez prendre dans mes écrits

La place que vos noms demandent :
Linière et Perrin vous attendent.

1. La Pucelle a douze livres, chacun de douze cents vers. (B.) 2. Voici les cinq vers de Chapelle que Despréaux parodie :

Tout bon habitant du Marais

Fait des vers qui ne coûtent guère.
Pour moi, c'est ainsi que j'en fais;
I si je les voulois mieux faire,
Je les ferois bien plus mauvais,

3. Pradon, les Nouvelles remarques sur tous les ouvrages de M. D***; et Bonnecorse, le Lutrigot, parodie du Lutrin.

BOILEAU I

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