Études morales sur l'antiquité

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Hachette, 1905 - Ethics - 339 pages

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Page 77 - L'homme n'est qu'un sujet plein d'erreur, naturelle et ineffaçable sans la grâce. Rien ne lui montre la vérité. Tout l'abuse ; ces deux principes de vérités, la raison et les sens, outre qu'ils manquent chacun de sincérité, s'abusent réciproquement l'un l'autre. Les sens abusent la raison par de fausses apparences; et cette même piperie qu'ils apportent à la raison, ils la reçoivent d'elle à leur tour; elle s'en revanche. Les passions de l'âme troublent les sens, et leur font des impressions...
Page 20 - ... demeuré intact. Ainsi les mensonges de la vanité reçurent une sorte de consécration officielle. Pour recomposer leurs vieilles annales, les Romains avaient dû faire, après l'incendie, ce qu'on fit à Paris après le désastre de la commune, alors qu'on rétablit , à l'aide de documens particuliers, les registres publics de l'état civil.
Page 218 - ... ma journée ; je reviens sur toutes mes actions et mes paroles. Je ne me dissimule rien, je ne me passe rien. Eh! pourquoi craindrais-je d'envisager une seule de mes fautes, quand je puis me dire : Prends garde de recommencer, pour aujourd'hui je te pardonne.
Page 111 - ... car tant qu'il ne s'agit que d'intérêts particuliers, la question reste confuse: qu'un homme se sacrifie et consente à l'exil, à la servitude, à la mort, cela peut rester inaperçu ou ne pas toucher le monde; mais un état peut-il consentir à mourir? « Quel est, dit Carnéade, l'état assez aveugle pour ne pas préférer l'injustice qui le fait régner à la justice qui le rendrait esclave? » C'est donc en politique surtout qu'on voit paraître l'inconciliable contradiction entre la sagesse...
Page 11 - ... la cavalerie, quindecimvir pour le partage des terres, le premier qui conduisit des éléphans en triomphe, après la première guerre punique, a écrit que son père avait réuni complètement en lui les dix principaux avantages qui soient l'objet des vœux et des efforts des hommes sages; qu'il avait voulu être le premier guerrier de son temps, le meilleur orateur , le plus brave général , chargé de la conduite des affaires les plus importantes, élevé à la plus haute dignité, distingué...
Page 130 - Romains, hâtez-vous de renverser ces amphithéâtres ; brisez ces marbres, brûlez ces tableaux, chassez ces esclaves qui vous subjuguent, et dont les funestes arts vous corrompent. Que d'autres mains s'illustrent par de vains talents ; le seul talent digne de Rome est celui de conquérir le monde et d'y faire régner la vertu.
Page 69 - Carnéude, sont relativement à nous, non pas vraies, mais plus ou moins probables. Il est l'auteur de la doctrine qu'on appelle le probabilisme, doctrine qu'il a établie et défendue avec une dialectique souvent captieuse, mais qui, au fond, n'est pas déraisonnable, bien qu'on l'ait jugée telle. Nous sommes tous probabilistes, vous et moi, savants et ignorants ; nous le sommes en tout , excepté en mathématiques et en matière de foi. Dans les autres sciences et dans la vie, nous nous conduisons...
Page 258 - Sa lettre de la même année à Chrest, évêque de Syracuse, contient les mêmes plaintes contre les obstinés qui « oublient et leur propre salut et la vénération due à la très sainte foi, et, se déchirant entre eux par une honteuse et détestable division, donnent occasion de railler à ceux dont les sentiments sont éloignés de la sainte religion 2 ». L'appel des donatistes contre les décisions du concile lui inspire une autre lettre, adressée aux évêques qui y siégèrent, et dans...
Page 97 - Trois degrés d'élévation du pôle renversent toute la jurisprudence. Un méridien décide de la vérité ; en peu d'années de possession, les lois fondamentales changent; le droit a ses époques.
Page 271 - Je détail, qu'il suffit de se figurer, et qui arrachait au malheureux ce cri qu'il faut recueillir dans sa noble épître au peuple d'Athènes : « Que de torrens de larmes je répandis, que de gémissemens, les mains tendues vers l'Acropole de votre cité, suppliant Minerve de sauver son serviteur et de ne pas l'abandonner! » Dans son désespoir, le jeune philosophe opprimé se détournait du Dieu adoré par son tyran et levait ses mains vers la déesse de la sagesse, la seule divinité qui ne...

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