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prosélytes, était capable de faire perdre
aux Français le bon goût et la saine cri-
tique, si Racine,Despréaux, Rousseau,
madame Dacier, l'abbé des Fontaines,
et les autres personnes de goût et de ju-
gement, n'en avaient fait sentir le dan
ger et le faux brillant. Boindin l'accuse
d'avoir composé avec Malafaire et Sau-
rin les horribles vers qu'ils attribuèrent
faussement à Rousseau par un complot
affreux, et dont ce grand poète, que
la Motte regardait comme un rival dan-
gereux, fut la triste victine.

MOTTE (LOUIS-FRANÇOIS-GABRIEL
D'ORLÉANS DE LA), naquit à Carpentras,
d'une famille noble, en 1683. Il avait
été administrateur du diocèse de Senez
pendant la détention de M. Soanen,
qui en était évêque, lorsqu'il fut nommé,
en 1733, à l'évêché d'Amiens. Sa con-
duite dans le diocèse de Senez lui avait
donné trop de droit à la reconnaissance
de ceux qui disposaient de tout alors
dans l'église de France, pour ne pas
s'attendre à cette élévation. Mais on
peut dire que jamais protégé n'a moins
cherché à flatter ses protecteurs en les
imitant, que l'évêque d'Amiens; doux,
simple, ennemi de l'intrigue, ne quit-
tant jamais son diocèse, charitable
jusqu'à se reprocher son nécessaire, al-
liant la vraie piété avec la plaisanterie
honnête, il força ses ennemis mêmes à
respecter ses vertus. Quoiqu'il eût 91 ans
quand il mourut, le 10 juillet 1774, ses
diocésains, cn le perdant, ressentirent
la douleur que nous éprouvons de la
perte d'une personne qui nous est chère,
et que nous nous flattions de pouvoir
conserver. On a donné, depuis sa mort,
un Recueil de ses lettres, in-12; des
Mémoires pour servir à l'histoire de sa
vie, 2 vol. in-12; enfin sa Vie,
l'abbé Proyart, 1788, in-12.

par

MOTTEUX (PIERRE-ANTOINE),
gentilhomme protestant, né à Rouen
en 1660, passa en Angleterre à la révo-
cation de l'édit de Nantes, et y est mort
le 19 février 1718; l'anglais lui devint
si familier qu'il traduisit Don Qui-
chotte, et composa des Chansons ct
autres Poésies dans cette langue,

MOTTEVILLE (FRANÇOISE BER-
TAUD, dame de ), fille de Pierre Ber-
taud, seigneur de Noisy et gentil-
homme ordinaire de la chambre du roi,
et de Louise de Bessin de Mathonville,
naquit en Normandie vers 1615. Elle

fut élevée à la cour de la reine Anne
d'Autriche, qui honorait sa mère de
son amitié et de sa confiance, et elle sut
plaire à cette reine par ses manières ai-
mables et par son esprit. Dans la suite,
ayant été enveloppée dans la disgrâce
qui fut commune à toutes les favorites
d'Anne d'Autriche, elle se retira avec
sa mère en Normandie, où elle épousa
Nicolas Langlois, seigneur de Motte-
ville, premier président de la chambre
des comptes de Normandie,lequel mou-
rut deux ans après. La reine étant deve-
nue régente, après la mort du cardinal
de Richelieu, rappela à la cour madame
de Motteville et la retint toujours
auprès d'elle, en qualité de dame em-
ployée sur l'état de la maison de la
reine-mère, après la dame d'honneur
et la dame d'atours.Madame de Motte-
ville fut très-attachée à cette princesse
et à la reine d'Angleterre, Henriette-
Marie de France. Elle mourut à Paris
le 29 décembre 1689, à 74 ans. On a
l'ale des Mémoires pour servir à l'his-
toire d'Anne d'Autriche, imprimés à
Amsterdam en 1723, en 5 vol. in-12:
on y trouve beaucoup de petits faits
écrits avec un grand air de sincérité.
Il y a eu depuis d'autres éditions de ces
Mémoires; celle de 1750,6 vol. in-12,
a une bonne table.

MOTTLEY (JEAN), gentilhomme
anglais, auteur de quelques Farces et
d'une Vie du czar Pierre, est mort
le 30 octobre 1750.

MOUFET (THOMAS), médecin de
Londres,mort vers 1600, s'est fait con-
naitre par son Theatrum insectorum,
Londini, 1634, in-fol. Voy. VOTTON
(EDOUARD).

MOUCHY ou MONCHY (ANTOINE
DE), célèbre docteur de la maison et
société de Sorbonne, plus connu sous
le nom de Demochares, était natif du
Bourg de Ressions, diocèse de Beau-
vais. Il fut reçu de la société de Sor-
bonne en 1536, prit le bonnet de doc-
teur en 1540, et devint aussitôt pro-
fesseur de Théologie dans les écoles de
Sorbonne. Il fit paraître un grand zèle
contre les calvinistes, et fut nommé
contre eux inquisiteur de la foi en
France. Ce n'est pas de son nom qu'on
appela mouches ou mouchards ceux
qui épient les actions des autres ; mais
ceux qu'il employait pour découvrir
les sectaires ne servirent pas peu à

fortifier cet ancien sobriquet qui est resté aux espions de la police. Ce zèle lui attira la haine des hérétiques, qui le décrient souvent dans leurs ouvrages. Il devint chanoine et pénitencier de Noyon, fut l'un des Juges du fameux Anne du Bourg, et parut avec éclat au colloque de Poissi, au concile de Trente, et à celui de Reims en 1564. Il mourut à Paris, étant sénieur de Sorbonne, le 8 mai 1574, à 80 ans. On a de lui la Harangue qu'il prononça au concile de Trente; un Traité du sacrifice de la Messe en latin, in-8°; et un grand nombre d'autres ouvrages où il y a de l'esprit et du feu, mais peu de critique.

ότι

MOUHY (CHArles de Fieux, chevalier de), né à Metz en 1702, a passé sa vie à faire des romans. Il est mort à Paris le 29 février 1784. Ses romans sont La Paysanne parvenue, 12 parties, en 4 vol. in-12; Mémoires posthumes du comte de....., avant son retour à Dieu, 2 vol. in-12; Lamékis, 2 vol. in-12; Mémoires de Fieux, Paris, ou le Mentor à la mode; Le Mérite vengé; Le Papillon, ou Lettres parisiennes, 4 vol.; La Mouche, Aventures de Bigand, 4 vol.; Nouveaux motifs de conversion; Mémoires de Moras; Vie de Chimène de Spinelli, 2 vol.; Mille et une Faveurs, 8 vol. c'est le plus recherché de ses romans, parce qu'il est le plus licencieux; Art de la Toilette; Lettre d'un Génois à son correspondant de Marseille; Mémoires d'une fille de quaLité, 4 vol.; Le Masque de fer, 6 parties; Tablettes dramatiques, in-8°, qu'il a données depuis sous le titre de Dictionnaire dramatique, 3 vol. in-8°; Les Délices du sentiment, 6 vol.; Lettres du commandeur de.

:

2 par

ties; Mémoires de Bénavidez, 4 parties; L'Amante anonyme ; Le Financier, 5 parties. Ses romans ont eu un court succès, et sont parfaitement ou bliés. Son érudition dramatique n'a pas même fait réussir son Dictionnaire des théâtres.

MOULIN (CHARLES DU), naquit à Paris en 1500, d'une famille noble et ancienne, originaire de Brie, qui, selon Papyre Masson, avait l'honneur d'appartenir à Elisabeth, reine d'Angleterre, du côté de sa mère. Il fut reçu avocat au parlement de Paris en 1522,

et plaida pendant quelques années au Châtelet et au parlement. Mais voyant qu'il ne réussissait pas selon ses désirs, parce qu'ayant la langue grasse il ne puovait prononcer nettement, il s'appliqua à la composition des excellens ouvrages qui ont rendu sa mémoire immortelle, et qui le font passer, avec raison, pour le plus grand jurisconsulte français, et pour l'un des plus beaux génies de son siècle. Il publia en 1539 son Commentaire sur les matières féodales de la coutume de Paris, et en 1551 ses Observations sur l'édit du roi Henri II contre les petites dates: ce dernier livre fut très-agréable à la cour de France; mais il déplut beaucoup à celle de Rome. On pilla sa maison à Paris en 1552, et se voyant en danger d'être maltraité, parce qu'on le soupçonnait de donner dans les opinions de Calvin, il se retira en Allemagne, où il fut retenu onze mois par les luthériens dans les prisons de Montbéliard et de Blamont, parce qu'il ne voulut pas suivre leurs avis dans ses consultations. Il passa ensuite à Bâle, s'arrêta quelque temps à Tubinge, et alla à Strasbourg, à Dole et à Besançon, travaillant toujours à ses ouvrages et enseignant le droit avec une réputation extraordinaire, partout où il faisait quelque séjour. Il revint à Paris en 1557, d'où il sortit encore en 1562 pendant les guerres de la religion. Il se retira pour lors à Orléans, et revint à Paris en 1564. Trois de ses consultations, dont la dernière regardait le concile de Trente, lui suscitèrent de nouvelles affaires. Il fut mis en prison à la Conciergerie; mais il en sortit peu de temps après avec honneur. Il avait épousé en 1538 Louise de Beldon, fille du greffier des présen tations du parlement, dont il eut deux fils et une fille. Elle mourut en 1556. Du Moulin la regretta beaucoup, parce qu'elle avait un grand mérite, et qu'elle l'animait dans ses études. Charles du Moulin refusa une charge de conseiller que le parlement lui offrait, croyant ne pouvoir en même temps remplir cette charge et s'occuper à composer des livres. Il était consulté de toutes les provinces du royaume, et l'on s'écartait rarement de ses réponses dans les tribunaux tant civils qu'ecclésiastiques. Sur la fin de sa vie, il abandonna en

tièrement le parti et la doctrine des protestans, pour laquelle il avait eu beaucoup de penchant, et mourut à Paris avec de grands sentimens de piété et de soumission à l'église catholique, en 1566, à 66 ans, en présence de Claude d'Espense, habile théologien,de François Le Court, curé de Saint-Andrédes-Arcs sa paroisse, de Réné Bonel, principal du collège du Plessis, et de Jeanne du Vivier sa seconde femme. Ses œuvres ont été recueillies en 1681, 5 volumes in-fol. On les regarde, avec raison, comme les plus excellens ouvrages que la France ait produits en matière de jurisprudence. On reproche ncanmoins à ce célèbre jurisconsulte de s'être donné trop de louanges, et d'avoir eu, sur l'usure et sur quelques autres points importans, des opinions qui ne sont point conformes à la saine théologie. Brodeau a écrit sa vie. Charles du Moulin son fils mourut à Paris d'hydropisie en 1570. Sa fille Anne du Moulin, qui avait épouse Simon Bobé, fut assassinée avec toute sa famille en l'absence de son mari, le 19 février 1572, par des voleurs qu'on ne put jamais découvrir.

MOULIN (PIERRE DU), fameux théologien de la religion prétendue ré

30 Le Capucin, ou l'Histoire de ces moines; 4o Le Bouclier de la foi, ou défense des églises réformées, in-8o, contre le père Arnoux, jésuite, et un autre livre contre le même jésuite, intitulé Fuites et évasions du sieur Arnoux; 5o Du Juge des controverses et des traditions, in-8°; 6o Anatomie de la messe, Sedan, 1636, in-12: ily en a une seconde partie imprimée à Genève en 1640; cette Anatomie est moins rare qu'une autre Anatomie de la messe dont l'original est italien, 1552, in-12: il fut traduit en francais et imprimé avec une épître dédicatoire au marquis del Vico, datée de Genève, 1555. Dans la préface du traducteur l'auteur italien y est appelé Antoine d'Adam. Dans la traduction latine de 1561, 172 pages in-8°, et 19 pages d'errata et de table, l'auteur y est appelé Antonius ab Aedam; suivant Gesner, c'est un Augustin Mainard; mais un Jean Lefevre de Moulins, docteur en théologie de Paris, qui en a publié une réfutation en 1563, l'attribue à Théodore de Beze. L'édition francaise a été réimprimée en 1562, in-16, par Jean-Martin, sans nom de lieu; 70 Nouveauté du papisme, dont la meilleure édition est celle de 1633,

formée, de la même famille que le pré-in-4o, cet ouvrage est plein de raille

cédent, naquit au château de Buy dans le Vexin, au mois d'octobre 1568.Il enseigna la philosophie à Leyde, fut ensuite ministre à Charenton, et entra en cette qualité auprès de Catherine de Bourbon, princesse de Navarre, sœur du roi Henri IV, mariée en 1599 avec le duc de Bar. Du Moulin avait l'esprit délicat et brillant, mais très-satirique. Il alla en 1615 en Angleterre, à la sollicitation du roi de la Grande-Bretagne, et il y dressa un plan de réunion des églises protestantes; il présida au synode des calvinistes tenu à Alais en 1620. Quelque temps après, ayant reçu avis par Drelincourt que le roi voulait le faire arrêter, retira à Sedan, où le duc de Bouillon le fit professeur en théologie et ministre ordinaire. Il fut employé dans les affaires les plus importantes de son parti, et mourut à Sedan en 1658, à 90 ans. Ses principaux ouvrages sont 10 l'Anatomic de l'arminianisme, en latin, Leyde, 1619, in-fol.; 20 un Traité de la pénitence et des clefs de l'Église;

il se

ries indécentes et de déclamations outrées et satiriques; 8° Le Combat chrétien, in-8°; De monarchia pontificis romani, Londres, 1614, in-8°; il y a dans tous ces ouvrages beaucoup d'esprit, de feu et d'érudition, mais trop de satires, d'injures, et quelquefois d'emportemens.

MOULIN (PIERRE DU), son fils aîné, fut chapelain de Charles II, roi d'Angleterre, et chanoine de Cantorbery, où il mourut en 1684, à 84 ans. On a de lui 10 un livre intitulé La Paix de l'âme, qui est fort estimé des protestans, et dont la meilleure édition est celle de Genève en 1729, in-12; 2o UR livre intitulé Clamor regii sanguinis, in-12, que Milton attribuait mal à propos à Alexandre Morus; 30 une Défense de la religion protestante en anglais. Louis et Cyrus du Moulin, frères de ce dernier, le premier médecin et l'autre ministre des calvinistes, sont aussi auteurs de plusieurs ouvrages. Louis fut un des plus violens ennemis du gouvernement ecclésiastique angli

can, qu'il attaqua et outragea dans sa Paranesis ad ædificatores imperii, in4o, dédiée à Olivier Cromwel, dans son Papa ultrajectinus, et dans son livre intitulé Patronus bonæ fidei. Il mourut en 1680, à 77 ans. Cyrus du Moulin est auteur de quelques ouvrages de controverse. Pierre Iet du Moulin avait eu ces trois fils de Marie Colignon, qu'il avait épousée le 5 juin 1599. Il se maria en secondes noces avec demoiselle Sara de Geslay, dont il eut Jean, Henri et Daniel du Moulin. Ce Daniel du Moulin alla s'établir en Bretagne peu de temps après la mort de Pierre du Moulin son père. Sa famille subsiste encore avec honneur. Elle est alliée aux meilleures maisons du royaume, et remonte jusqu'au 14e siècle.

de

MOULIN (GABRIEL DU), curé de Manneval, est auteur des Conquêtes des Normands dans le royaume de Naples et de Sicile, depuis 1003 jusqu'en 1112, Rouen, 1658, in-fol.; Histoire générale de Normandie, depuis l'an Soo jusqu'en 1361, Rouen, 1631, in-fol.: l'une et l'autre histoires sont estimées; mais comme l'histoire de Normandie concerne plus directement la France, elle est plus rare que l'autre : l'année de l'impression de ses ouvrages indique le temps où il a vécu.

MOULINS (GUYAR DES), prêtre et chanoine d'Aire en Artois, est le premier qui a traduit toute la Bible en français. Il commença cette traduction en 1291, à l'âge de 40 ans, et la finit 4 ans après. Il fut fait doyen de son chapitre en 1297. On conserve dans la bibliothèque de Sorbonne un manuscrit de cette traduction. Guyar des Moulins s'en dit l'auteur dans la préface; ce qui fait voir que ceux qui l'ont attribuée à Nicolas Oresme se sont trompés. Elle a été imprimée à Paris chez Verard, sans date, 2 vol. in-fol., gothique, en 1490.

MOULINS (LAURENT DES), prêtre, poète français, natif de Chartres, dont on a un poëme moral intitulé Le Catholicon des malavisés, autrement dit Le Cimetière des malheureux, Lyon, 1513, in -8°, et 1534. Il vivait au commencement du 16e siècle.

MOUNTFORD (GUILLAUME), acteur anglais célèbre, et auteur de six Pièces dramatiques, est mort en 1692.

MOURET (JEAN-JOSEPH), célèbre

musicien, naquit à Avignon en 1682, et se fit connaître par ses talens dès l'âge de 20 ans. Son esprit, ses saillies et son goût pour la musique le firent rechercher des grands, et il devint intendant de la musique de madame la duchesse du Maine, directeur du concert spirituel, et compositeur de la musique de la comédie Italienne; mais sur la fin de sa vie, ayant perdu en moins d'un an toutes ses places, qui lui valaient environ 5000 liv. par an, et ayant essuyé d'autres infortunes, son esprit en fut dérangé, et il mourut à Charenton près de Paris en 1738. On a de lui 1° les opéras intitulés Les Fêtes de Thalie, Les Amours des dieux, Le Triomphe des sens Les Gráces, Ariane et Pirithoüs; 2o trois livres d'Airs sérieux et à boire; 3o des Divertissemens pour les théâtres Français et Italien; des Sonates à deux flûtes ou violons; un livre de Fanfares; des Cantates et des Cantatilles françaises; de petits Motets, et des Divertissemens donnés à Sceaux; Ragonde.

MOURGUES (MICHEL), habile jésuite, enseigna la rhétorique et les mathématiques à Toulouse avec réputation. Il mourut en 1713, à 70 ans. Ses principaux ouvrages sont 10 Plan théologique du pythagorisme, 2 vol. in-8°, estimé; 20 Parallèle de la morale chrétienne,avec celle des anciens philosophes, in-12, bon ouvrage; 30 un Traité de la poésie française, in-12; 4o un Recueil de bons mots en vers français; 5° Traduction de la Thérapeutique de Théodoret ; 6° Nouveaux i élémens de géométrie, in-12.

MOUTIER (DU), habile dessinateur, dont on a des portraits estimės. MOUY. Voy. MAUREVERT.

MOYA (MATHIEU DE), fameux jésuite espagnol au 17e siècle, fut confesseur de la reine Marie-Anne d'Autriche, douairière d'Espagne, et publia en 1664, sous le nom d'Amadeus Guimenius un opuscule de morale, in-12, qui fit grand bruit, et qui fut censuré par la Sorbonne en 1665. On ne fit dans cette censure que rapporter les premiers mots de la plupart des propositions censurées, de peur, dit la Sorbonne, d'offenser la modestie et la pudeur des oreilles chastes, en copiant des prop8-sitions honteuses, scandaleuses, impu. dentes, détestables, qui doivent être

abolies entièrement de l'église et de la mémoire des hommes. » Le pape Alexandre VII ayant cassé et annulé cette censure de la Sorbonne par une bulle, le parlement de Paris fit défense de publier cette bulle, en appela comme d'abus, maintint la faculté de théologie dans le droit de censurer les livres, l'exhorta à continuer avec le même zèle, et manda les jésuites, auxquels il fit défense de laisser enseigner aucune des propositions censurées. Alexandre VII, instruit de cette fermeté, changea alors de conduite, et condamna plusieurs des propositions qui avaient été censurées par la Sorbonne.

MOYLE (GAUTIER), naquit dans la province de Cornouailles en 1672. Tout ce qu'il a composé a été bien reçu des Anglais, parce qu'il était très-attaché à la constitution ecclésiastique et civile, aussi contraire aux catholiques romains qu'aux volontés absolues des princes. Il est mort le 9 juin 1721. Ses OEuvres ont été publiées à Londres, 1726, 2 vol. in-8°, contenant un Essai sur le gouvernement de Rome; Examen du miracle de la légion fulminante; Essai sur le gouvernement romain, et sur celui de Lacédémone; Xénophon, sur les revenus d'Athènes comparés à ceux d'Angleterre, etc. On lui a reproché de l'irréligion; on peut le faire à bien d'autres de sa trempe; car tous ces politiques qui ne rêvent que gouvernement ne songent guère à autre chose.

MOYREAU (JEAN), graveur français, mort le 27 octobre 1762, à 71 ans, a gravé 87 pièces d'après les meilleurs tableaux de Wouvermans, des sujets de chasse et autres, d'après divers peintres. MOYSE, prophète et législateur des Juifs, fils d'Amram et de Jocabed, naquit 1571 ans avant J.-C. Le roi d'Egypte ayant ordonné de faire mourir tous les enfans mâles des Hébreux, Jocabed le tint caché pendant trois mois, et l'exposa ensuite sur le Nil dans un panier de joncs. Thermutis, fille de Pharaon, l'ayant trouvé, Maric, sœur de ce petit enfant, lui demanda si elle voulait une nourrice des Hébreux pour lui donner du lait. La princesse y consentit, et Moyse fut ainsi remis à sa propre mère. Trois ans après cette princesse l'adopta pour son fils et le fit élever avec grand soin dans toutes les sciences des Egyptiens. L'historien Josèphe

et Eusèbe racontent que Moyse étant devenu grand commanda les armées de Pharaon dans la guerre de ce prince contre les Ethiopiens, qu'il défit ces peuples, prit Saba leur capitale, et donna en cette guerre toutes les preuves de courage et de conduite que l'on peut attendre d'un grand capitaine; mais l'Ecriture sainte ne faisant aucune mention de cette guerre on doute avec raison de ce récit. Moyse ayant atteint l'âge de 40 ans quitta la cour de Pharaon et alla visiter les Hébreux. Ayant rencontré un Egyptien qui maltraitait un Israélite, il le tua et se sauva dans le désert de Madian, où il épousa Sephora, fille d'un prêtre nommé Jéthro, lequel, selon Attapan, cité par Eusèbe, était roi dans l'Arabie. Il en eut deux fils, Gerson et Eliezer. Dieu lui apparut dans un buisson ardent vers la montagne d'Horeb, tandis qu'il faisait paître les troupeaux de son beau-père, et lui déclara qu'il l'avait choisi pour délivrer les Israélites de l'oppression des Égyptiens. Moyse s'excusa sur son incapacité et sur la difficulté qu'il avait à parler; mais Dieu lui dit qu'Aaron lui servirait d'interprète. Moyse obéit, et s'étant présenté devant Pharaon, il lui ordonna de la part de Dieu de laisser sortir le peuple d'Israël, pour aller sacrifier dans le désert ; mais ce roi impie se moqua de cette demande et des miracles que fit Moyse pour prouver sa mission. Cette dureté fut cause des dix plaies miraculeuses dont Dieu affligea le royaume d'Égypte, savoir: 10 celle des eaux changées en sang, 2o celle des grenouilles, 3° des petits insectes piquans, 4o des mouches, de la peste, 6o des ulcères et des pustules, 7o de la grêle, 8o des épaisses ténèbres, 9° des sauterelles, 10° enfin celle de la mort des premiers nés des hommes et des bêtes. Tant de plaies obligèrent enfin Pharaon à laisser partir les Hébreux, l'an 1491 avant J.-C.; mais à peine furent-ils partis, qu'il les poursuivit jusqu'à la mer Rouge, où il fut submergé avec son armée, les Israélites l'ayant passée à pied sec. Moyse composa à ce sujet et fit chanter en action de grâce un Cantique qui est un chef-d'œuvre de poésie et d'éloquence. Il conduisit ensuite les Israélites dans le désert, il y fit un grand nombre de miracles, reçut la

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