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Gênes en 1470, de la noble maison de Justiniani, vint à Paris, où il se fit dominicain en 1488. Il s'y acquit une grande réputation par sa science et par son habileté dans les langues orientales, et fut nommé en 1514 évêque de Nebbio dans l'île de Corse par le pape Léon X. Il assista au cinquième concile de Latran, fit fleurir la science et la piété dans son diocèse, et périt dans la mer en passant de Gênes à Nebbio, en 1536, avec le vaisseau qui le portait. Son principal ouvrage est un psautier en hébreu, en grec en arabe et en chaldéen, avec des versions latines et de courtes notes, Gênes, 1516, in-fol. : c'est le premier psautier qui ait paru en diverses langues; il est estimé. Il a été l'éditeur de Porcheti victoria adversus impios Hebræos, Parisiis, 1520, in-fol., assez rare; il est auteur de Annali di Genoa, 1537, in-fol., qui n'est pas commun.

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JUSTINIANI (FABIO), né à Gênes en 1568, de Léonard Taranchetti, qui fut adopté dans la famille Justiniani, pour n'avoir pas voulu tremper dans la conjuration de Fiesque. Il entra dans la congrégation de l'oratoire de Rome, et fut, en 1616, évêque d'Ajaccio, où il est enterré dans son église cathédrale. Son épitaphe date sa mort du 3 janvier 1627. On a de lui Index universalis materiarum Bibliæ, Rome, 1612, in-fol.; Tobias explanatus, 1620, in-fol.

JUSTINIANI (BERNARD), noble vénitien, neveu de saint Laurent Justiniani, fut honoré de diverses charges et ambassades par sa république; il parvint à celle de procurateur de Saint-Marc, et mourut en 1489, à 81 ans. On a imprimé les discours qu'il a prononcés en différentes occasions avec ses lettres, et son Histoire de Venise, Venise, 1492, in-fol. : on trouve souvent l'Histoire, qui va jusqu'en 809, sans les autres pièces qui ont été supprimées; Vita beati Laurenti Justiniani, 1475, in-40; Sa vie, par Antoine Stella, en latin, a été imprimée à Venise, 1533, in-8°. De sa famille, qui subsiste honorablement en Italie, était le marquis Vincent Justiniani, qui a fait graver par Blommaert, Mellan et autres, sa Galerie,

Rome, 1642, 2 vol. in-fol. : il en a été tiré depuis 1750 des épreuves qui sont bien inférieures aux anciennes ; l'abbé Bernard Justiniani, qui a donné en italien l'Origine des ordres militaires, Venise, 1692, 2 vol. in-fol., dont a été extraite l'Histoire des ordres militaires, Amsterdam,* 1721, 4 vol. in-80, à laquelle se joint l'histoire des ordres religieux, Amsterdam, 1716, 4 vol. in-8°.

JUSTINIEN Ier, nevcu de Justin l'Ancien, et fils de Vigilantia et de Sabatius,fut fait César et Auguste, le premier avril 527, et succéda à l'empereur Justin son oncle, le premier août suivant. Il publia des lois sévères contre les hérétiques, répara les temples ruinés, et se déclara le protecteur de l'Église. Justinien eut d'abord à combattre Hypatius, Pompéius et Probus, neveux de l'empereur Anastase, qui excitèrent contre lui une grande sédition, dans laquelle il aurait succombé, sans l'impératrice Théodora sa femme, et la prudence de Bélisaire et de Mundus. Après avoir puni de mort les séditieux, il vainquit les Perses par la valeur de Bélisaire son général, extermina les Vandales, reconquit l'Afrique, subjugua les Goths en Italie, défit les Maures et rétablit l'empire romain dans sa première splendeur. Il choisit ensuite dix habiles jurisconsultes, à la tête desquels était le célèbre Tribonien, pour recueillir en un corps les lois romames, et ordonna que ce recueil fût appelé le Code Justinien. Il fit rédiger en 533 les décisions dispersées des juges et des magistrats, qui furent divisées en 50 livres, sous le nom de Digestes ou Pandectes, Florence, 1553, in-fol., qui se partagent en deux ou trois vol. : il faut qu'il y ait à la fin 8 feuillets non chiffrés, cotés cece. Il y en a e core l'édition que M. Pothier a donnée à Paris, 1748, 3 vol. in-fol., qui est estimée. Il composa 4 livres d'Institutes, qui comprennent en abrégé le texte de toutes les lois, et fit recueillir, en 541, les lois qu'il avait faites nouvellement, dans un volume qui fut appelé le Code des Novelles. Les meilleures éditions de ces ouvrages réunis sous le titre de Corpus juris civilis, sont celle d'Elzévir, 1664, 2 vol. in-8°, plus belle que la réimpression de 1681;

telle avec les grandes gloses et l'Index de Daoyz, Lyon, 1627, 6 vol. in-fol.; celle avec les notes de Godefroi, Paris, Vitrai, 1628, 2 vol. in-fol. ; Amsterdam, Elzevir, 1663, 2 vol., in-fol. Ces ouvrages ont acquis à Justinien une gloire immortelle ; mais il s'engagea témérairement dans les affaires ecclésiastiques. Il menaça d'exil le pape Agapet, voulut connaître du différend des trois chapitres, et commit des violences inexcusables envers les papes Silverius et Vigile, avant et après le 5e concile général tenu en 553. Il mourut deux ans après, le 14 novembre 565, à 84 ans, après en avoir régné 38. C'est ce prince qui fit bâtir à Constantinople l'église de Sainte-Sophie, qui passe pour un chef-d'œuvre d'architecture, Justinle-Jeune lui succéda.

JUSTINIEN II, le Jeune, fils aîné de l'empereur Constantin Pogonat, lui succéda en 685 à l'âge de 16 ans. Il reconquit diverses provinces sur les Sarrasins, et fit avec eux une paix avantageuse, qu'il rompit légèrement et contre ses intérêts en 69o. Il se fit ensuite détester par ses cruautés, ses exactions et ses débauches. Il ordonna un jour d'égorger tout le peuple de Constantinople, à commencer par le patriarche; cet ordre qui transpira donna lieu au patrice Léonce de soulever le peuple. Justinien fut alors détrôné. On lui coupa le nez, et on l'envoya en exil dans la Chersonèse en 694. Léonce fut aussitôt déclaré empereur; mais Tibère Absimate le chassa en 697. Celui-ci régna environ sept ans, au bout desquels Trebellius, roi des Bulgares, ayant rétabli Justinien en 704, Léonce et Tibère Absimate furent punis de mort. Justinien II continua d'exercer ses cruautés, et régna encore six ans depuis son rétablissement. Il fut tué avec son fils Tibère par Philipique Bardanes son successeur en 711. En lui fut éteinte la famille d'Héraclius.

JUVARA (PHILIPPE), né à Messine en 1685, étudia l'architecture sous le chevalier Fontana. Il vécut long-temps dans la détresse ; mais enfin ayant présenté au duc de Savoie, à qui la Sicile venait d'être cédée,le plan d'un palais à bâtir à Messine, ce prince en fut si content qu'il le nomma son premier architecte avec une pension de 3500 livres T. III.

et l'amena à Turin. Il lui donna ensuite l'abbaye de Selve, qui vaut 5500 livres de rente. Juvara bâtit l'église vouée par Victor Amédée pour la levée du siége de Turin et la superbe chapelle de la Vénerie. Il fut appelé depuis en Portugal, où l'on fut également content de lui. Il en revint avec l'ordre du Christ, et une pension de 15,000 livres. Lorsque le palais de Madrid fut incendié, il y fut appelé pour le rebâtir; mais une fièvre l'emporta presque aussitôt à Madrid en 1735.

JUVENAL (DECIUS-JUNIUS), célébre poète latin, au premier siècle, était d'Aquin en Italie. Il alla à Rome dans sa jeunesse, et y employa la moitié de sa vie à faire des Déclamations. Il composa ensuite des Satires qui lui acquirent une grande réputation; mais ayant attaqué dans ses vers Paris, bouffon et comédien de Néron, il fut relégué pour commander quelques troupes dans la Pentapole, sur les frontières d'Egypte et de Lybie. On croit qu'il vécut jusqu'au règne d'Adrien, l'an 128 de J.-C. Il nous reste de lui seize Satires, dans lesquelles on remarque beaucoup d'esprit, de force et de véhémence; mais le style n'en est point assez naturel, et les obscénités dont elles sont remplies en rendent la lecture dangereuse. D'ailleurs il s'élève contre les vices de son temps avec trop de misanthropie et de fureur; ce qui a fait dire avec raison :

Juvénal, élevé dans les cris de l'école, Poussa jusqu'à l'excès sa mordante hyperbole.

Il y en a une édition faite au Louvre, 1644, in-fol. ; celle cum notis variorum est d'Amsterdam, 1684, in-8°; celle ad usum Delphini est de 1684, in-40; celle de Casaubon, Leyde, 1695, in-, est estimée; celle de Paris, 1747, in-12, est belle; celle de Birmingham, 1761, in-4o, est magnifique.

JUVENAL DES URSINS. Voyez ÚRSINS.

JUVENCUS (CAÏUS-VECTIUS-AQUILINUS), l'un des premiers poètes chrétiens, naquit en Espagne d'une famille illustre. Il mit en vers latins la Vie de Jésus-Christ en quatre livres, vers 329, en suivant fidèlement, et presque mot pour mot, le texte des quatre Evangélistes; mais ses vers sont d'un mau

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vais goût, et sa latinité n'est point pure. On trouve son ouvrage dans la Bibliothèque des Pères, dans les poètes latins de Venise, 1502, in-4o, et dans le Corpus poetarum.

JUVENEL DE CARLENCAS (FÉLIX), né à Pezenas, où il s'est marié

et où il a vécu, est mort le 12 avril 1760 à 80 ans. Il est auteur d'un Essai sur l'histoire des belles-lettres, souvent imprimé, et dont la dernière édition est de Lyon, 1757, 4 volumes petit in-8o; Principes de l'histoire, 1733, in-12.

K.

KAHLER (WIGAND OU JEAN), savant

et laborieux écrivain allemand, et théologien luthérien, né à Wolmar, dans le landgraviat de Hesse-Cassel, le 20 janvier 1649, fut professeur en poésie, en mathématiques et en théologie à Rinteln, et membre de la société de Gottingen. Il mourut le 17 mai 1729, laissant deux fils et quatre filles. On a de lui un grand nombre de Dissertations réunies en 2 vol., à Rinteln, 1710 et 1711, sous le titre de Dissertationes Juveniles: les principales sont De Oceano, ejusque proprietatibus et vario motu; De cometis; De libertate Dei; De terra; De reflexione luminis, ejusque effectu; De imputatione peccati alieni, et speciatim adamici; De polygamia, etc.

KAIN (HENRI-LOUIS LE), fils d'un orfèvre, naquit à Paris le 14 avril 1728. Son goût pour le théâtre se manifesta dans ces sociétés de jeunes gens qui s'amusent de représentations dramatiques. M. de Voltaire, qui avait un theatre chez lui, rue Traversière, lui fit jouer successivement toutes ses pièces, et lui donna sans doute des leçons et des conseils, auxquels il a dù la réputation dont il a joui. Il parut pour la première fois sur le théâtre Français le 14 septembre 1750; les applaudissemens dont il a joui jusqu'à sa mort sont l'indication de ses talens. Les tràcasseries qu'il a essuyées dans le commencement lui ont fait surmonter quelques vices qu'il avait dans l'organe et dans la figure. Il est mort le 8 février 1778. D'un mariage d'inclination il a eu deux fils. Sa femme était morte trois ans avant lui; elle avait joué les rôles de soubrette pendant quelque temps. Personne n'a mieux senti que lui la supériorité de celui qui donne de l'argent pour être amusé, sur celui qui le reçoit pour l'amuser; aussi ne joignaitil jamais à son nom la qualité qui le

rendait célèbre, mais il prenait celle de pensionnaire du roi.

KALF (GUILLAUME), peintre, né à Amsterdam en 1630, quitta les sujets d'histoire pour peindre des fruits et des vases. Ses tableaux, peu intéressans par eux-mêmes, plurent par la nature rendue avec la plus grande vérité, et sont fort recherchés. Il est mort le 30 juin 1693.

KALTEYSEN (HENRI), célèbre dominicain du 15e siècle, né dans un château près de Coblentz, de parens nobles, parut avec éclat au concile de Bâle, où il réfuta avec force les hérétiques de Bohème, en 1433. Il devint ensuite archevêque de Drontheim et de Césarée, et se retira sur la fin de ses jours dans le couvent de son ordre à Coblentz, où il mourut le 2 octobre 1465. Il nous reste de lui, dans les recueils des conciles, un discours qu'il prononça au concile de Bâle, sur la manière de prêcher, contre les prétentions des Bohémiens.

KAM-HI, empereur de la Chine, petit-fils du prince tartare qui l'avait conquise, monta sur le trône en 1661. Son goût pour les sciences et les arts lui fit protéger les missionnaires dans son empire; mais par une vanité asiatique, il exigeait que dans les cartes que les missionnaires dressaient ils missent la Chine au centre du monde. Il mourut en 1722, à 71 ans.

KANOLD JEAN), médecin de Breslau, mort en 1729, à 49 ans, a laissé des mémoires sur la nature et sur les arts très-curieux.

KARA MUSTAPHA. Voy. CARA MUSTAPHA.

KARA-MEHEMET, célèbre pacha turc, se signala par sa valeur et par sa conduite aux siéges de Candie, de Kaminieck et de Vienne, et à la bataille de Choczin. Il fut fait gouverneur de Bude en 1684, et défendi

cette ville courageusement contre les Impériaux ; mais ayant été blessé d'un éclat de canon, en donnant ses ordres sur les remparts, il mourut de sa blessure pendant le siége. Il avait fait tuer peu auparavant 40 esclaves chrétiens, en présence d'un officier qui l'était allé sommer de se rendre de la part du prince Charles de Lorraine; action barbare qui ternit toutes ses belles actions.

KARO (ISAAC), juif, obligé de sortir du royaume d'Espagne en 1492, en vertu de l'édit de Ferdinand et Isabelle, se retira à Jérusalem, où il vécut dans l'obscurité. Pour charmer son ennui il composa un livre intitulé Les générations d'Isaac, en hébreu : c'est un commentaire sur le Pentateuque, qui est imprimé à Constantinople en 1518, in-fol., et en dernier lieu à Amsterdam en 1708, in-fol.

KAYE Voy. CAIUS.

KEATING (GEOFFROI), habile docteur et prédicateur irlandais, natif de Tipperari, mort vers 1650, a composé, en Irlandais, une histoire des poètes de sa nation on en a donné une magnifique édition à Londres en 1738, in-fol., de la traduction anglaise de M. Dermot-ô-Connor, avec les généalogies des principales familles d'Irlande, recueillies par Keating. Il est auteur de plusieurs autres ouvrages en irlandais, qui sont estimés.

KEBLE (JOSEPH), jurisconsulte anglais, né à Londres en 1612, suivit la cour du banc du roi, avec une grande exactitude, depuis 1661 jusqu'en 17 0, année dans laquelle il mourut, au mois d'août. Il a donné plusieurs livres de droit qui ne sont propres qu'aux Anglais: Essai sur la nature et sur les actions humaines.

KECKERMAN (BARTHÉLEMI), laborieux écrivain calviniste, natif de Dantzick, enseigna l'hébreu à Heidelberg, puis la philosophie à Dantzick, où il mourut en 1609, à 36 ans. On a de lui plusieurs ouvrages, Genève, 1614, 2 vol. in-fol., dans lesquels il a fait des systèmes de presque toutes les sciences, où l'on remarque plus de méthode que de génie on estime son traité intitulé Rhetoricæ ecclesiasticæ libri duo.

KEILL (JEAN), célèbre astronome et mathématicien, naquit en Écosse

vers 1671, et fut élevé au college de Bailleul, dans l'université d'Oxford, où il prit le degré de bachelier et maître-ès-arts. Il alla en 1709 dans la Nouvelle-Angleterre, en qualité de trésorier, et fut fait à son retour professeur d'astronomie à Oxford, où il donna le premier des leçons sur la philosophie expérimentale. Keill eut la charge de déchiffreur sous la reine Anne, et conserva cette place sous le roi Georges Ier, jusqu'en 1716. 11 avait été reçu auparavant de la société royale de Londres, et docteur en médecine dans l'université d'Oxford. II mourut en 1721, à 50 ans. On a de lui plusieurs ouvrages d'astronomie, de physique et de médecine, très-estimés: le principal est son Introductio ad veram physicam et ad veram astronomiam, Leyde, 1739, in-40. M. Le Monnier fils, savant astronome, à traduit en français la partie astronomique de cet excellent ouvrage, Paris, 1746, in-4o.

KEILL(JACQUES), excellent docteur en médecine, et frère du précédent, naquit en Ecosse vers 1673. Il fit des leçons d'anatomie à Oxford et à Cambridge, avec un applaudissement universel. Il s'établit à Northampton en 1700, y pratiqua la médecine avec une réputation extraordinaire, et y mourut d'un cancer en 1719, à 46 ans. On a de lui divers écrits très-curieux et très-estimés.

KEITH (GEORGES), fameux théologien de la secte des quakers ou trembleurs, était écossais, d'une famille obscure. Il défendit d'abord avec zèle les opinions des presbytériens, et se fit ensuite trembleur. Il voyagea en Hollande et en Allemagne, pour y affermir les disciples de Fox. Il passa ensuite en Amérique, où il fut mis à la tête des trembleurs dans la Pensilvanie. il s'attira partout de longues et de fàcheuses affaires, à cause de la singularité de ses opinions: il niait l'éternité des peines de l'enfer, enseignait la métempsycose, et soutenait qu'il y avait deux Christ, l'un corporel, fils de Marie, l'autre spirituel, résidant dans tous les hommes depuis le commencement du monde. Il fut condamné à Londres en 1694, dans un synode général de la secte des trembleurs, malgré scs harangues et ses mé

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