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cet

l'avénement du roi Guillaume, et fut obligé de quitter cette place, parce qu'il refusa de lui prêter serment; cependant il fut élu principal du collège de Saint-Jean en 1711, et professeur de théologie de la Marguerite à Cambridge, poste qu'il a conservé jusqu'à sa mort, arrivée le 7 avril 1727; il est enterré dans l'église d'Holme, où il a une épitaphe. Il est auteur de l'Examen de l'autorité des conciles généraux, 1688, in-4°; la Certitude de la religion chrétienne, 1708, 2 vol. in-8°; Defensio sancti Augustini adversùs J. Phereponi animadversiones, Cambridge, 1707, et Londres, 1728, in-8° ouvrage est contre M. Le Clerc. JENKINS (LEOLINE), jurisconsulte anglais, né en 1623, devint assesseur de la cour de chancellerie à Oxford, professeur en droit, et ensuite official de Cantorbéry. Il fut député au congrès de Cologne en 1673, et à celui de Nimègue. Le roi le revêtit ensuite de la qualité de son ministre plénipotentiaire à la Haie. De retour en Angleterre, il s'opposa de tout son pouvoir au bill d'exclusion du duc d'Yorck, fut revêtu de la charge de secrétaire d'état en 1680, et mourut le 1er septembre 1685; il est enterré dans la chapelle du college de Jésus à Oxford. On a publié ses Négociations, 1724, 2 vol. in-fol. JENNENS (CHARLES), gentilhomme riche de la province de Leicester, reçut le surnom de Soliman le magnifique, par le nombre de ses domestiques, la beauté de ses équipages la somptuosité de sa table. Quoi qu'il fat non-conformiste, il ne s'est point occupé de ses opinions, mais des Oratorio qu'Handel a mis en musique, particulièrement celui intitulé Le messie. Il voulait publier une belle édition de Shakespeare, pièce à pièce. Il en avait déjà paru quatre lorsqu'il est mort le 20 novembre 1773. La cinquième a paru après sa mort : ces pièces sont Le Roi Lear, Hamlet, Othello, Macbet, Jules-César.

JENSON (NICOLAS), célèbre imprimeur français, alla s'établir à Venise, où il jeta les fondemens de l'imprimerie de cette ville, et donna pour premier ouvrage un livre italien sous le titre latin de Decor puellarum, Venise, 1461, in-4°, fort rare, de 235 pag., que l'on croit être de 1471, et s'y ac

quit une grande réputation jusqu'en 1482, qu'on ne voit plus d'éditions de lui. Voy. JANSON.

JEPHTE, neuvième juge des Hébreux, succéda en cette charge à Jaïr. Il marcha contre les Ammonites vers 1188 avant J.-C., et fit vœu, s'il remportait la victoire, de sacrifier la première chose qu'il rencontrerait en retournant chez lui. Il défit les Ammonites; et lorsqu'il s'en retournait, sa fille unique, que Philon appelle Seila, alla au devant de lui transportée de joie. Jephté au désespoir lui déclara son vœu téméraire, et la sacrifia deux mois après, selon l'opinion la plus probable. Il fit un grand carnage de la tribu d'Ephraïm, et mourut vers 1181 avant J.-C., après avoir gouverné les Israélites pendant six ans.

JEREMIE, prophète de famille sacerdotale, fils du prêtre Helcia, était natif d'Anathoth,proche de Jérusalem. Il fut sanctifié dès le sein de sa mère, et commença à prophétiser sous le règne de Josias, 629 ans avant J.-C. Les malheurs qu'il prédisait aux Juifs les irritèrent tellement qu'ils le jetèrent dans une fosse remplie de boue. Il y aurait péri, si l'Ethiopien Abdemelech, ministre du roi Sédécias, ne l'en eût fait retirer. Jérusalem ayant été prise par les Babyloniens, 606 avant J.-C., comme Jérémie l'avait prédit, Nabuzardan, général de Nabuchodonosor, laissa le choix au prophète ou d'aller à Babylone, ou de rester en Judée. Jérémie choisit ce der

nier parti; mais les Juifs, ayant tué leur gouverneur Godolias, s'enfuirent en Egypte. Jérémie les y suivit et leur reprocha leur idolâtrie avec son zèle ordinaire; ils en furent si irrités qu'on dit qu'ils le lapidèrent dans la ville de Taphné, 590 avant J.-C. Il nous reste de lui des Prophéties et des Lamenta tions en hébreu, dont le style est majes tueux et les expressions fortes et sublimes. Il y a à Venise une église dédiée sous son nom. On y célèbre sa fête avec beaucoup de pompe et de magnificence. Voy. BARUCH.

JEREMIE II, métropolitain de La risse, fut élevé sur la chaire patriarcale de Constantinople à l'âge de 36 ans. Les luthériens lui présentèrent la confession d'Augsbourg, dans l'espérance de la lui faire approuver; mais il la

combattit de vive voix et par écrit. II ne paraissait pas même éloigné de réunir l'Eglise grecque à la romaine, et avait adopté la réformation du cafendrier de Grégoire XIII. Ses envieux en prirent occasion de l'accuser de correspondance avec le pape, et de le faire exiler en 1585. On a imprimé sa correspondance avec les luthériens, en grec et en latin, à Wirtemberg, 1584, in-fol. Un catholique l'avait déjà publiée en latin en 1581.

JEROBOAM Ier, natif de Savéda et fils de Nabath de la tribu d'Ephraïm, plut tellement à Salomon que ce prince lui donna l'intendance des tribus d'Ephraïm et de Manassés. Le prophète Abias lui prédit qu'il régnerait sur dix tribus. Salomon, pour empêcher l'effet de cette prédiction, voulut faire mourir Jéroboam; mais il s'enfuit vers Sé

sac

roi d'Egypte. Après la mort de Salomon, Jeroboam se présenta à Roboam, avec le peuple d'Israël, pour être déchargé des impots excessifs; et n'ayant pu rien obtenir, ils se déclarèrent pour Jeroboam, et le prirent pour leur roi. C'est ainsi que se fit la division des royaumes de Juda et d'Israël. Jeroboam, pour retenir ses sujets sous son obéissance, leur fit adorer deux veaux d'or, l'un à Béthel, et l'autre à Dan, 974 avant J.-C. Peu de temps après un prophète, s'approchant d'un de ces autels, prédit qu'un fils de la race de David égorgerait sur cet autel tous les prêtres qui y offriraient de l'encens; et pour marquer qu'il disait vrai l'autel se fendit en deux à l'instant. Cette prophétie fut accomplie par Josias, 250 ans après. Jéroboam, qui était présent, étendit la main pour ordonner à un de ses officiers d'arrêter le prophète; mais elle se sécha aussitôt. Il obtint néanmoins sa guérison; ce qui ne le rendit pas meilleur. Il mourut dans ses impiétés, 954 avant J.-C., après un règne d'environ 22 ans. Nadab, son fils, lui succéda.

JEROBOAM II, roi d'Israël, fut associé par son père Joas, et régna seul, 826 ans avant J.-C. C'était un prince vaillant et heureux. Il défit les Syriens, reprit sur eux ce qu'ils avaient conquis, et leur enleva Damas et Hamath. Il mourut idolâtre 784 ans avant J.-C., après un règne de 41 ans. Zacharie, son fils, lui succéda.

JEROME (SAINT), célèbre docteur de l'église, et le plus érudit de tous les pères latins, était fils d'Eusèbe, et naquit à Stridon, ville de l'ancienne Pannonie, vers 340. Il fit ses études à Rome, où il eut pour maître le savant grammairien Donat. Après avoir reçu le baptême, il vint dans les Gaules; il y transcrivit le livre des Synodes de saint Hilaire de Poitiers. Il alla ensuite à Aquilée, où il fit amitié avec Héliodore, qui l'engagea à voyager dans la Thrace, le Pont, la Bithynie, la Galatie et la Cappadoce. Saint Jérôme se retira vers 372 dans le désert de Syrie. Les orthodoxes du parti de Mélèce le persécutèrent comme Sabellien, parce qu'il se servait du mot d'hypostase, que le concile de Rome avait employé en 369. Cela l'obligea d'aller à Jérusalem, où il s'appliqua à l'étude de la langue hébraïque, afin d'acquérir une connaissance plus parfaite de l'Ecriture sainte. Saint Jérôme consentit vers ce même temps d'être ordonné prêtre par Paulin d'Antioche, mais à condition qu'il ne serait attaché à aucune église. Ôn dit qu'il eut un si grand respect pour le sacrifice de l'autel, qu'il ne voulut jamais l'offrir; mais cela n'a aucune vraisemblance. Il alla à Constantinople en 381, pour entendre saint Grégoire de Naziance, et retourna à Rome l'année suivante, où il fut secrétaire du pape Damase. Il instruisit alors un grand nombre de dames romaines dans la piété et dans les sciences, dont les plus illustres sont les saintes Marcelle, Albine, Léa, As ile, Paule, Blesille et Eustochie. Ces liaisons l'exposèrent aux calomnies de ceux dont il reprenait avec zèle les déréglemens; et le pape Sirice, qui avait succédé à Damase, n'ayant pas pour saint Jérome toute l'estime que sa doctrine et sa vertu méritaient, ce saint docteur sortit de Rome, et s'en retourna dans le monastère de Bethléem, où il écrivit contre les hérétiques, surtout contre Vigilance et Jovinien. Il se brouilla avec Jean de Jérusalem et avec Rufin, au sujet des origénistes; écrivit le premier contre Pélage, et mourut le 30 septembre 420, âgé d'environ 80 ans. Il y a plusieurs éditions de ses oeuvres, celle de dom Martianay, Paris, 1693 à 1706, 5 vol. in-fol., et celle de MM. Vallarsi, Vérone, 1734, 11 vol. in-fol. Cette der

nière n'a pas fait de tort à la précédente. Les principaux ouvrages de saint Jérome sont 10 une Version latine de l'Ecriture sainte, qui a été adoptée par l'église, sous le nom de Vulgate, excepté la Version des Psaumes, qui a été retenue presque en entier de l'ancienne version; 2o des Commentaires sur plusieurs livres sacrés; 30 des Traités polémiques contre les hérétiques Montan, Helvidius, Jovinien, Vigilance et Pélage; 40 Plusieurs lettres; 50 un Traité de la vie et des écrits des auteurs ecclésiastiques qui avaient fleuri avant lui; 60 Histoire des pères des déserts, Anvers, 1628, in-fol.; 7o un Martyrologe qui lui est attribué, Lucques, 1668, in-fol. On a traduit ses Lettres, 3 vol. in-8°, 1713. Saint Jérome savait le grec et l'hébreu. Son style est vif, plein de feu, et quelquefois de noblesse. Voy. MARTIANAY, GROFFRIN.

*

Elle épousa en secondes noces
Guy de Lusignan .
Isabeau, sœur de Sibylle, épousa
en troisièmes noces Henri II de
Champagne, qui fut reconnu
roi de Jérusalem,

Elle épousa en quatrièmes noces
* Amauri de Lusignan, frère de
Guy, qui fut aussi reconnu roi
de Jérusalem.

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Enfin Marie, fille d'Isabeau et
de son second mari Conrad,
marquis de Montferrat, devint
reine de Jérusalem, à la mort
de sa mère, en
Elle épousa

* Jean de Brienne, qui fut roi ti-
tulaire de Jérusalem, et em-
pereur de Constantinople, et
mourut à Paris en

1194

1197

1205

1205

1237 Il laissa une fille, Iolande, qui transporta ses droits sur le royaume de Jérusalem à l'empereur Frédéric II, quien pritle titre, et qui le perdit à la mort de son petit-fils Conradin; mais Charles d'Anjou, roi de Sicile, l'unit au titre de son royaume; il en acheta le droit de Marie d'Antioche, petite-fille d'Isabeau et de son mari Henri. Voy. les mêmes historiens qu'au royaume de Chypre.

JEROME DE PRAGUE, ainsi nommé du lieu de sa, naissance, fut disciple de Jean Hus, et enseigna avec zèle sa doctrine, ce qui le fit mettre en prison au concile de Constance, où il fit abjuration de ses erreurs le 23 septembre 1415. Il s'enfuit ensuite, et continua d'enseigner ses erreurs ; mais ayant été repris, il fut conduit à Constance, et brûlé comme un relaps, le samedi 30 mai 1416. Voy. Hus. JESUA LEVITE, savant rabbin esJERUSALEM, ville sanctifiée par la pagnol du 15° siècle, est auteur de présence de J.-C. pendant sa vie mor- l'ouvrage intitulé Halichot Glam, c'esttelle, a toujours été un objet de véné-à-dire Les voix de l'éternité. Ce livre ration pour les chrétiens. Les Sarrasins l'ayant enlevée aux empereurs grecs avec toute la Judée, les chrétiens d'Occident envoyèrent des troupes pour la conquérir.

*

Godefroi de Boulogne ou de
Bouillon en fut déclaré roi en

1099, et mourut en .

Baudouin Ier son frère.

Baudouin II, cousin.

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Mélisende, fille, épousa le comte

d'Anjou.

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Foulques V, et ler roi de Jéru

salem

Baudouin III,

fils.

+

Amauri, frère.

Baudouin IV, fils.

Sibylle, sœur, qui épousa Guil

laume de Montferrat, dont elle

I 100

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1118

1131

1141

1163

1173 1185

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est très-utile pour l'intelligence du Talmud. Il a été traduit en latin par Constantin l'Empereur, et Bashuysen en a donné une bonne édition à Hanovre en 1714, in-4°, en hébreu et en latin. JESUATES. Voy. JEAN COLOMBIN. JESUITES. Voy. AQUAVIVA, IGNACE, LAINEZ, STANDON HC.

JESUITESSES. Voy. MAGNY.

JESUS, fils de Sirach, composa, vers 234 ans avantJ.-C.,le livre de l'Ecclésiastique, que les Grecs nomment Пavage Tos, c'est-à-dire rempli de toute vertu. Ils le citent aussi sous le nom de Sagesse de Jésus, fils de Sirach, Son petit-fils, de même nom que lui, et aussi natif de Jérusalem, le traduisit d'hébreu en grec, vers 121 avant J.-C. Nous avons cette version grec que, mais le texte hébreu est perdu. JESUS-CHRIST, le sauveur da

monde, fils de Dieu, et Dieu luimême, le Messie prédit par les prophètes, et le médiateur entre Dieu et les hommes, fut conçu par l'opération du Saint-Esprit, dans le sein de la vierge Marie, épouse de Joseph, de la race de David, et naquit à Bethleem le 25 décembre de l'an du monde 2004 selon la plus commune opinion. Il rendit la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la santé aux malades, la vie aux morts, et confirma la divinité de sa mission par une infinité de miracles éclatans, qu'il opéra en public. Mais tout ce que les prophètes avaient prédit arriva les Juifs ne voulurent point le reconnaitre ; ils le condamnèrent injustement à la mort, et ils l'attachèrent à une croix sur le Calvaire, entre deux voleurs, le vendredi 3 avril de l'an 36 de l'Ere vulgaire, vers les neuf heures du matin. J.-C. expira sur cette croix pour le salut du genre humain, vers les trois heures du soir. Sa mort fut accompagnée de plusieurs prodiges. Il ressuscita le troisième jour, comme il l'avait prédit, et se fit voir à ses apótres, et dans une assemblée de plus de 500 de ses disciples, dont la plupart étaient encore en vie, lorsque saint Paul écrivit aux Corinthiens. J.-C. but et mangea plusieurs fois avec eux après sa résurrection; il les instruisit de toutes les vérités nécessaires au salut, leur ordonna de prêcher son Evangile par toute la terre, et monta au Ciel en leur présence, 40 jours après sa résurrection. Ses disciples reçurent la grâce et les dons du Saint-Esprit 10 jours après. Ils annoncèrent aussitôt la doctrine et la résurrection de J.-C., ⚫et ils la confirmèrent par de nouveaux miracles. Ils souffrirent les plus cruelles persécutions, et scellèrent de leur sang les vérités qu'ils prêchaient. C'est ainsi que la religion chrétienne s'établit dans tout l'univers par les persécutions, les souffrances et la mort même: ce qui prouve incontestablement sa di-, vinité; car les apótres et les disciples de J.-C. ne pouvaient ignorer s'il faisait des miracles et s'ils en faisaient eux-mêmes, ni s'ils avaient bu, mangé, et conversé avec lui pendant 40 jours après sa résurrection: et puisqu'ils ont souffert les persécutions les plus horribles, et la mort même, pour attester ces faits, il suit nécessairement qu'ils

sont véritables; car il est impossible qu'un grand nombre de personnes souffrent volontairement la mort pour attester des faits qu'ils sauraient certainement être faux. La nature de cet ouvrage ne nous permet pas d'entrer dans un plus long détail sur les actions et les miracles de J.-C., ni sur les preuves qui démontrent la vérité de la religion chrétienne. Tous les fidèles doivent être instruits de l'Evangile, et les théologiens out publié d'excellens traités sur la vérité et la divinité de la religion de J.-C.

JETRO, beau-père de Moïse, et prêtre dans le pays de Madian, vers 1530 avant J.-C., reçut Moïse chez lui lorsqu'il fuyait la colère de Pharaon, et lui donna sa fille en mariage. Moïse ayant délivré les Israélites, Jethro vint au-devant de lui, lui amena sa femme et ses enfans, et lui donna plusieurs conseils pour le gouvernement.

JEUNE (JEAN LE), célèbre prédicateur missionnaire, et l'un de ces hommes apostoliques et extraordinaires que la Providence suscite pour le salut des fidèles, naquit à Poligni en FrancheComté en 1592, d'une famille noble et ancienne. Son père était conseiller au parlement de Dole, et Geneviève Collart, sa mère, était aussi de condition. Elle donna à tous ses enfans une éducation sainte, et leur inspira les sentimen's les plus purs et les plus tendres de la religion. Elle leur faisait lire sans cesse les OEuvres de Louis de Grenade, et les obligeait de laver leurs mains avant de les toucher, marquant par cette pureté extérieure la disposition intérieure qu'elle voulait qu'ils eussent pour profiter d'une doctrine si sainte, Le cardinal de Bérulle étant allé à Dole pour la visite des carmélites, le père Le Jeune se mit sous sa conduite, et renonça à un canonicat d'Arbois, pour entrer dans la congré gation de l'Oratoire. Il y fut reçu en 1614. Le cardinal de Bérulle en conçut une si grande espérance, qu'il voulut lui faire un habit de sa propre main, et lui servit d'infirmier dans une maladie contagieuse; il le recommanda très-particulièrement à sa congrégation avant que de mourir, et prédit que Dieu se servirait du père Le Jeune pour de grandes choses dans son église. Le pieux fondateur ne se trompa point.

Le père Le Jeune se consacra aux missions, et fit pendant soixante ans, par son zèle et par ses travaux apostoliques, des biens infinis et des conversions sans nombre dans toute la France. Il perdit la vue en prêchant le carême à Rouen, à l'âge de 35 ans, ce qui le fit nommer dans la suite le Père aveugle. Cette infirmité ne le contrista point, quoiqu'il fût naturellement vif et impétueux; il répandait au contraire un air de gaîté dans la conversation. Ayant perdu par une fluxion un de ses yeux, ce qui le rendait difforme, au lieu qn'auparavant il avait les yeux presque aussi beaux que s'il en eût eu l'usage, il dit en riant à ses amis : « Les borgnes deviennent ordinairement aveugles; pour moi, au contraire, d'aveugle je suis devenu borgne.» Le père Le Jeune eut d'autres infirmités et de grandes maladies à cause de ses extrêmes austérités. Il fut deux fois taillé de la pierre; on ne le vit jamais laisser échapper aucune parole d'impatience. Les plus grands prélats avaient tant d'estime pour sa vertu, que le cardinal Bichi le servit à table durant tout le cours d'une mission. M. de la Fayette, évêque de Limoges, l'engagea en 1651 à demeurer dans son diocèse. Le père Le Jeune y passa presque toute sa vie et y établit des Dames de la Charité dans toutes les villes. Il recommandait à ses coopérateurs dans les missions de faire au peuple, après leurs sermons, un abrégé de la doctrine chrétienne. « Hélas! leur disait-il, si l'on ne connait pas Jésus-Christ, notre seul et unique médiateur,on est perdu! Faites-le donc bien connaître, aimer et servir.» Son humilité était admirable. Les grands seigneurs de la cour, 'étant arrivés à Rouen à la fin d'un carême qu'il avait prêché à la place du père Senault, le prièrent de leur prêcher son plus beau sermon que toute la ville de Rouen avait admiré; mais il se contenta de leur faire une instruction familière touchant les devoirs des grands, et l'obligation qu'ils ont de veiller sur leurs familles et sur leurs domestiques. Le père Le Jeune conduisait les pécheurs selon les règles les plus saines de la morale et de la discipline ecclésiastique; ce qui faisait que leurs conversions étaient solides et persévérantes. Sa réputation était si grande, qu'on venait quelqueT. III.

fois de cent lieues pour se mettre sous sa conduite. Il savait très-bien la théologie et les dogmes de la religion, et ne pouvait souffrir, qu'on détournát aucune parole de l'Ecriture sainte en un sens profane ou peu convenable à la majesté de nos mystères. Dans sa dernière maladie, qui fut longue, il reçut souvent la visite des évêques de Limoges et de Lombez. On lui avait permis de dire la messe quoiqu'il fût aveugle, mais il ne voulut jamais user de cette permission, dans la crainte de com mettre quelque irrévérence en célébrant les saints mystères. Il mourut à Limoges le 19 août 1672, à 80 ans. Après sa mort il y eut autour de son corps un si grand concours, que l'on fut obligé d'appuyer le plancher de la salle dans laquelle il était exposé crainte d'accident. Il nous reste de lui plusieurs Ouvrages, dont les principaux sont dix gros volumes d'excellens Sermons, dont la meilleure édition est celle de Toulouse en 1688, in-8°; ils sont capables de toucher et de convertir les cœurs les plus endurcis. Les personnes qui ont du talent pour la chaire, et qui n'ont pas la fausse délicatesse de se rebuter de quelques termes inusités et de comparaisons trop populaires, y trouveront un riche fonds de pensées, de sentimens et d'instructions.

JEWEL (JEAN), savant écrivain' anglais du 16e siècle, se fit protestant sur la fin du règne de Henri VIII, et fut exclu du collège d'Oxford du temps de la reine Marie. Après la mort de cette princesse il quitta l'Italie où il s'était enfui et retourna en Angleterre. On lui donna alors l'évêché de Salisbury. Il est mort le 23 septembre 1571. Entre ses ouvrages, qui sont nombreux, on distingue Apologia Ecclesiæ anglicana, Geneye, 1585 in-fol.; Defensio apologiæ, etc., latinė versa, par Th. Bruddock, 1600, in-fol.

JEZABEL, fille d'Ethbaal, roi des Sidoniens, épousa Achab, roi d'Israël, et l'entraîna dans l'idolâtrie; elle fit prendre la fuite au prophète Elie, et fut cause du meurtre de Naboth, vers 898 avant J.-C.; mais ses impiétés ne demeurèrent pas impunies, car Jéhu, étant allé à Jézirahel, la fit jeter par la fenêtre. Son corps fut mangé par les chiens, excepté la tête et l'extrémité des mains et des pieds, vers 884 de J.-G.

II

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