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par une prestation de serment 72. Jusqu'au règne de Justinien on ne fut pas forcé de déposer en matière civile; ce fut ce prince qui introduisit ce changement ". Les autres moyens de preuves étaient les titres, la notoriété publique et les aveux arrachés par la torture 4. Ce moyen infâme, et que dans des questions civiles nul prétexte apparent ne pouvait justifier, était employé contre les esclaves en certains cas déterminés, lorsqu'il s'agissait par exemple des biens dépendant d'une succession 7. Le judex pouvait faire compléter par le serment une preuve qu'il jugeait incomplète ", et probablement aussi une partie pouvait devant le judex, comme devant le préteur, déférer le serment à son adversaire ". Après les plaidoyers en règle on récapitulait les points principaux dans une vive discussion où les deux parties se pressaient d'interrogations et de réponses", puis le jugement était prononcé. Quand il y avait plusieurs judices, c'était la majorité qui déci

13, § 4, D., de Testib., XXII, 5. Gabinio quoque Maximo idem princeps (Hadrianus) in hæc verba rescripsit: Alia est auctoritas præsentium testium, alia testimoniorum quæ recitari solent, tecum ergo delibera ut si retinere eos velis, des iis impendia.

72 Cic., pro Rosc. comæd., c. 15. QUINTIL., Inst. orat., V, 7, § 5. 73 QUINTIL., Inst. orat., V, 7, § 9. l. 16. l. 17, C., de Testib., IV, 20. 74 QUINTIL., Inst. orat., V, 1-5.

75 PAUL, Sent., V, 15, § 6. In re pecuniaria tormenta, nisi cum de rebus hereditariis quæritur, non adhibentur. Alias autem jurejurando aut testibus explicantur.—V, 16, § 2, ibid.— 1. 2, D., de App. rec., XLIX, 5.

76 DENYS, II, 75. 1. 31, D., de Jurej., XII, 2. Solent enim sæpe judices in dubiis causis exacto jurejurando secundum eum judicare qui juraverit.-1. 3, C., de Reb. cred., IV, 1. In bonæ fidei contractibus, nec non in cæteris causis, inopia probationum, per judicem jurejurando causa cognita res decidi oportet.

77 L. 25, § 3, D., de Probat., XXII, 3. In omnibus autem visionibus, quas præposuimus, licentia concedenda est ei, cui onus probationis incumbit, adversario suo de rei veritate jusjurandum inferre, prius ipso pro calumnia jurante, ut judex juramenti fidem secutus ita suam sententiam possit firmare jure referendæ religionis ei servando.

78 QUINTIL.. Inst. orat., VI, 4.

dait". Quand le juge n'était pas suffisamment éclairé par les plaidoiries, la cause était ajournée ( lis ampliata), et l'on recommençait une seconde et une troisième fois les plaidoiries. La sentence devait se prononcer de vive voix ", mais ordinairement elle était écrite avant le prononcé, et c'était sur la tabella qu'on la lisait. Si le défendeur faisait défaut au judicium, il était cité trois fois, soit par dénonciation orale (denunciatione) soit par dénonciation écrite (literis), soit par affiche (edictis) 3; après ces formalités, la procédure se continuait malgré son absence, et le jugement rendu avait la force d'un jugement contradictoire ".

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79 VAL. MAX., VII, 7, 1 ; l. 36, 38, pr., D., de Re jud., XLII, 1.

20 De là ces expressions de prima, secunda, tertia actio, que nous rencontrons dans CICERON, pro Flacc, 20; pro Cœcina, 2, 33. (ASCON.) in Verr., I, 9 (sup., n. 63), GELLIUS, XIV, 2.

31 L. 1, C., de Sententiis ex periculo recitandis, VII, 44. Arbitri nulla sententia est quam scriptam edidit litigatoribus, si non ipse recitarit.

82 SUET., Claud., 15. De quodam etiam negotio, ita ex tabella pronunliasse creditur : secundum eos se sentire qui vera proposuissent, propter quæ usque eo eviluit, ut passim ac propalam contemptui esset.-ORELLI, Inser,, 3671.. decreto ex Tabulis recitato SPANGENBERG, Tab. neg., 81. Sententiam quam tulit L. Novius Rufus, Leg. Aug., Pr. Pr. V. C., inter compaganos Rivilorenses et Val. Faventinum, descriptam el propositam pr. Non. novembr. inluster vir J. S. Rufus.., decretum ex lilia recitavit.

PAUL, Sent., V, 5a, § 7. Trinis literis vel edictis, aut uno pro omnibus dato, aut trina denunciatione conventus, nisi ad judicem a quo sibi denuntiatum est, aut cujus literis vel edicto conventus est, venerit, quasi in contumacem dicta sententia auctoritatem rerum judicalarum obtinet; quin imo nec appellari potest ab ea. 1. 68-71, D., de Judic., V, 1. 1. 72, ibid. Non nunquam autem hoc edictum (peremptorium, sc.) post tot numero edicta quæ præcesserint, datur; non nunquam post unum vel alterum, non nunquam stat'm, quod appellatur unum pro omnibus. Hoc autem æstimare oportet eum, qui jus dixit, et pro conditione causæ, vel personæ, vel temporis, ita ordinem edictorum vel compendium moderare. 1. 26, § 29, D., de Fideic. libert., XL, 5. -1. 7, 8, 9, C., Quomodo et quando judex, VII, 43.

84 L., 73, D., de Judic., V, 2. Et post edictum peremptorium impetra

CHAPITRE VII.

Des Changemens introduits sous les Empereurs.

Sous l'empire, les consuls conservèrent jusqu'au quatrième siècle quelque pouvoir judiciaire. La juridiction des préteurs dura plus longtemps. Mais le préfet de la ville prit une part importante de leurs fonctions 3.

Hors de Rome, dans l'Italie et dans les provinces, la juridiction fut partagée entre les magistrats municipaux et les gouverneurs. L'empire, jaloux des franchises municipales, avait réduit de beaucoup la compétence des magistrats municipaux; la juridiction criminelle leur avait été complétement enlevée, et de la juridiction civile il ne leur était resté qu'une compétence fort étroite et bornée aux actes

tum, quum dies ejus supervenerit, tune absens citari debet; et sive responderit, sive non responderit, agetur causa et pronuntiabitur; non utique secundum presentem, sed interdum vel absens, si bonam causam habuit,vincet.Cod. Gregor., X, 1.—1. 1, 2, 25, C., Quomodo et quando judex, VII, 43,

1 GAIUS, II, 278. Præterea legata per formulam pelimus: fideicommissa yero Romæ quidem apud consulem, vel apud eum prætorem qui præcipue de fideicommissis jus dicit persequimur in provinciis vero apud præsidem provinciæ.

L. 17, C., de Appel., VII, 68, 1, 18, C., de Præd. min., V, 71. 1. 16, C. Th., de Off, præt., VI, 4. Symmach,, Epist., VIII, 21, Prætorem Symmachum novum mox urbanum tribunal accipiet, X, 39, Nov. 13,

C. 1.

I, 1, D., de Off. præf. urb., I, 12, l. 1, § 2. D., de Obseg. parent,, XXXVII, 15. WALTER, Histoire de la Constitution romaine, chap. XXVIII,

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qui intéressaient la jurisdictio, sans intéresser l'imperium ♦. Au-dessus de tous ces magistrats s'élevait l'empereur, juge suprême de l'empire. Il décidait les causes portées devant lui soit en les examinant par lui-même 3, soit en déléguant le jugement tantôt au sénat, tantôt à un magistrat, ou à quelque particulier faisant fonction de judex ".

En ce qui concerne les procédures, on s'en tint aux anciennes formes. Le magistrat engageait l'affaire, puis renvoyait devant un judex. Ainsi agirent le préfet de la ville et celui du prétoire. Ainsi agissaient également les præsides et les legati dans les provinces. Mais, par une suite naturelle de l'arbitraire du gouvernement, on s'éloigna souvent de l'ancien ordre de choses, et l'on crut inutile de s'astreindre à la régularité et aux longueurs de l'ancienne procédure; ce fut d'abord le judex nommé par l'empe

4 L. 26, pr., D., ad Municip. 1. 1. Ea quæ magis imperii sunt quam jurisdictionis, magistratus municipalis facere non potest. § 1. Magistratibus municipalibus non permittitur in integrum restituere, aut bona rei servandæ causa juberi possidere, aut dotis servandæ causa, vel legatorum servandorum causa.-1. 4, D., de Jurisd., II, 1. — l. 1. l. 4, § 3, 4, D., de Damn. inf., XXXIX, 2.

SUÉTONE, Claud., 14, 15; Nero., 15; Domit., 8. Dio Cass., LIX, 18; LX, 4; LXIX, 7; LXXI, 6; LXXVII, 17.

6 CAPITOL., M. Anton., c. 10. Senatum multis cognitionibus, et maxime ad se pertinentibus judicem dedit... In senatus autem honorificentiam multis et prætoriis et consularibus privatis decidenda negotia delegavit; quo magis eorum cum exercitio juris auctoritas cresceret.

7 PAUL, Sent., V, 5a, § 1. - 1. 3, D., quis a quo appel., XLIX, 3. ORELLI, Inscript. 3671... judex datus ab optimo principe... BOECKH, Inscript. græc., I, n. 1732.

8 L. 12, § 1, D., de Judic., V, 1. Judicem dare possunt, quibus hac lege, vel constitutione, vel senatus-consulto conceditur. Lege sicut proconsuli. Is quoque, cui mandata est jurisdictio, judicem dare potest, ut sunt ́legati proconsulum; item hi quibus id more concessum est propter vim imperii, sicut præfectus urbi, ceterique Romæ magistratus. —l. 1, pr. D., quis a quo apell., XLIX, 3.

9 L. 7, 8, de Off. præsid., I, 18.

reur 10 qu'on affranchit des règles antiques; mais le changement gagna rapidement. Il s'établit donc une distinction entre les procédures ordinaires et les cognitiones extraordinaria" ou persecutiones 12. On agissait par instance extra ordinem quand le principe sur lequel se fondait la demande n'était pas reconnu par le droit civil ou l'édit, et ne pouvait ainsi s'appuyer que sur une décision extraordinaria de l'empereur 15; dans ce cas, le magistrat introduisait l'instance (jus dicebat), non pas dans la forme régulière, comme magistrat, mais extra ordinem et comme commissaire". Ces cas extraordinaires se multiplièrent rapidement1. Dans ces nouvelles procédures on ne s'astreignait ni à attendre l'époque du conventus16, ni à observer la solennité des

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10 L. 1, § 4, D., a quib. apell., XLIX, 2. Interdum imperator ita solet judicem dare, ne liceret ab eo provocare, ut scio sæpissime a Divo Marco judices datos. 1. 5, C., de Judic., III, 1.

11 SUÉTONE, Tiber., 31; Claud., 15.

12 L. 178, § 2, D., de V. S. GAIUS, II, 278 (sup., n. 1).

13 L. 7, D., de leg. Cornel. de fals., XLVIII, 10. Nullo modo servi cum dominis suis consistere possunt, quum ne quidem omnino jure civili, neque jure prætorio, neque extra ordinem computantur.

14 L. 7, § 2, de Off. proc., I, 16. Quum plenissimam autem jurisdictionem proconsul habeat, omnium partes, qui Romæ vel quasi magistratus, vel extra ordinem jus dicunt, ad ipsum pertinent.

15 L. 5, pr. D., de Extr. cogn., 1. 13. Cognitionum numerus, écrit Callistrate, quum ex variis causis descendat, in genera dividi facile non potest nisi summatim dividatur. Numerus ergo cognitionum, in quatuor fere genera dividi potest, aut enim de honoribus sive muneribus gerendis agitatur, aut de re pecuniaria disceptatur, aut de existimatione alicujus cognoscitur, aut de capitali crimine quæritur. Comme exemples de ces extraordinariæ cognitiones on peut citer les actions qui avaient pour objet un fideicommis, 1. 170, de V. S., § 1, Inst., II, 23; l'action contre les publicains, TACITE, Ann., XIII, 51; l'action à fin d'honoraires. 1. 1, 4, D., de Extr. cogn., l. 13. Ibid.

16 THÉOPHILE, III, 12, pr. Bonerum emptio..... téte xúpav iyovca, ývíxa tà δικαστήρια ordinaria ἦν, τουτέστιν ἡνίκα ἐκινεῖτο ἐν μόνω τῷ καιρῷ τοῦ κονδέντου. Σήμερον δὲ τῶν δικαστηρίων ἐξτραορδιναρίων ὄντων, καὶ ἐν παντὶ καιρῷ γυμναζομένων, εἰκότως αἱ bonorum venditiones εἰσὶν ἐν ἀχρηστιά.

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