Des flots elle ne peut détacher son regard,
Ses yeux cherchent son fils, sa prière l'appelle; Ainsi, dans son attente inquiète et fidèle, Rome le réclame, ô César.
Par toi, le bœuf en paix va sillonnant nos plaines Que Cérès enrichit de ses bienfaits divers; Sans terreur, nos vaisseaux voltigent sur les mers; L'honneur sait respecter ses chaines :
Nos lois, nos mœurs au Vice ont arraché ses traits; Le chaste hymen n'est plus souillé d'aucun outrage; Le père, dans ses fils, contemple son image;
Le châtiment suit les forfaits.
Qui tremble au nom du Parthe? Et quelle crainte inspire Le Scythe ou le Cantabre, ou cet horrible essaim Que le Danube cherche à vomir de son sein; Tant que l'heureux César respire?
Chacun coule ses jours en paix, dans ses jardins, A l'arbre veuf unit la vigne vierge encore, Puis vient s'asseoir joyeux à sa table, et t'implore Comme le dieu de ses festins.
Ses vœux montent vers toi; de sa coupe limpide Le vin coule en ton nom; aux Lares paternels Il l'associe; ainsi la Grèce a des autels
Pour Castor et le grand Alcide.
Longas ô utinam, Dux bone, ferias Præstes Hesperia! dicimus integro Sicci mane die, dicimus uvidi,
Cùm sol oceano subest.
Dive, quem proles Niobæa magnæ Vindicem linguæ, Tityosque raptor Sensit, et Trojæ propè victor altæ Phthius Achilles,
Cæteris major, tibi miles impar; Filius quamvis Thetidos marinæ Dardanas turres quateret tremendâ Cuspide pugnax :
Ille, mordaci velut icta ferro Pinus, aut impulsa cupressus Euro, Procidit latè, posuit que collum in Pulvere Teucro.
Ille non, inclusus equo Minervæ Sacra mentito, malè feriatos Troas, et lætam Priami choreis
Ah! donne à ton pays de longs jours de repos,
Digne chef des Romains! C'est le cri qu'on t'adresse, A jeun, quand naît le jour, le cri de notre ivresse, Quand le soleil dort sous les flots.
O Dieu, qui sus frapper dans sa race débile L'orgueil de Niobé, compagne d'Amphion, Le ravisseur Titye, et le superbe Achille Sur le seuil d'Ilion;
Faible devant toi seul, pour tout autre, indomptable, Bien qu'enfant de Thétis qui protégeait ses jours, De Dardanus, en vain sa lance formidable
Faisait trembler les tours ;
Comme un pin, dont l'acier mord la tige hautaine, Comme un vaste cyprès sous l'orage croulant, Le colosse abattu, sur la poudre troyenne Posa son cou sanglant.
Il n'eût point, enfermé dans un coursier perfide, Surpris, au sein des jeux, les Troyens abusés, Ni la cour de Priam, dansant d'un pas rapide Sur ses appuis brisés;
Sed palam captis gravis, heu nefas! heu! Nescios fari pueros Achivis
Ureret flammis, etiam latentes Matris in alvo;
Ni, tuis victus Venerisque gratæ Vocibus, Divùm pater annuisset Rebus Æneæ potiore ductos Alite muros.
Doctor argivæ fidicen Thaliæ,
Phoebe, qui Xantho lavis amne crines, Dauniæ defende decus Camœnæ,
Spiritum Phoebus mihi, Phoebus artem Carminis, nomenque dedit poëtæ.
Virginum primæ, puerique claris Patribus orti,
Deliæ tutela Deæ, fugaces
Lyncas, et cervos cohibentis arcu, Lesbium servate pedem, meique Pollicis ictum;
Rite Latonæ puerum canentes, Rite crescentem face noctilucam,
Prosperam frugum, celeremque pronos Volvere menses.
Mais, terrible aux captifs, son exécrable joie, Quelle horreur! eût plongé dans des brasiers cruels Les enfants nouveau-nés, et poursuivi sa proie
Dans les flancs maternels;
Si, fléchi par tes vœux, par ceux de Cythérée, Aux débris des Troyens Jupiter n'eût permis D'élever des remparts de plus longue durée, Sous des cieux plus amis.
Savant maître du luth dont s'enivre l'Attique, Toi qui dans le Xanthus baignes tes blonds cheveux, Dieu toujours jeune et beau, de la Muse Italique Maintiens l'honneur fameux.
Oui, Phébus me sourit, Phébus qui du Poète M'a donné l'art, le nom, le souffle harmonieux. Nobles vierges, et vous enfans, dont l'œil reflète L'éclat de vos aïeux,
Pupilles de Diane, elle dont l'arc immense Atteint le lynx agile et la biche des bois, Du rythme Lesbien respectez la cadence Que vous marquent mes doigts ;
De Latone chantez le fils, au char splendide, Chantez Phébé, fidèle à ses changeantes lois,
Douce aux fruits de la terre, et dans leur vol rapide Précipitant les mois.
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