Exegi monumentum ære perennius,
Regalique situ pyramidum altius ;
Quod non imber edax, non Aquilo impotens
Possit diruere, aut innumerabilis
Annorum series, et fuga temporum.
Non omnis moriar; multaque pars mei
Vitabit Libitinam. Usquè ego posterâ
Crescam laude recens, dùm Capitolium
Scandet cum tacitâ virgine Pontifex.
Dicar, quà violens obstrepit Aufidus,
Et quả pauper aquæ Daunus agrestium
Regnavit populorum, ex humili potens
Princeps Eolium carmen ad Italos
Deduxisse modos. Sume superbiam
Quæsitam meritis, et mihi Delphicâ

Lauro cinge volens, Melpomene, comam.

J'achève un monument qui défìra l'airain,
Qui dépasse en hauteur le front des pyramides,
Que ne pourront saper ni les ondes avides,
Ni la rage des vents, ni des siècles sans fin

Les innombrables jours, phalange aux pieds rapides.
Je ne dois pas mourir tout entier, grâce aux Dieux !
Mon nom nouveau verra grandir son auréole,
Tant que doit la vestale au seuil du Capitole
Monter, près du Pontife, à pas silencieux.
Dans les champs où bondit l'Aufide au gré d'Eole,
Où le pauvre Daunus régna sur des pasteurs,
On dira que, de l'art atteignant les hauteurs,
Aux lyriques accords des chantres d'Eolie,
Le premier, j'assouplis les rythmes d'Italie.

O Muse, un juste orgueil peut chatouiller ton cœur;
Sur mon front, viens tresser la palme du vainqueur.

ODES D'HORACE. .

LIVRE QUATRIEME.

CARMINUM

HORATII

LIBER QUARTUS.

ODE I.

AD VENEREM.

Intermissa, Venus, diù,

Rursus bella moves. Parce, precor, precor! Non sum qualis eram bonæ

Sub regno Cynara. Desine, dulcium

Mater sæva Cupidinum,

Circa lustra decem flectere mollibus

Jam durum imperiis. Abi