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Lorsque le grand César enferme au sein des villes
Ses bataillons, lassés de leurs nobles travaux,

Quand lui-même aspire au repos,

C'est vous dont les accords charment ses jours tranquilles.

Dans son ame, c'est vous qui versez la pitié,
Heureuses d'allier la clémence à la gloire...
Des Titans qui ne sait l'histoire,

Et leur troupeau hideux soumis et foudroyé ?

Foudroyé par la main souveraine, éternelle,
Qui gouverne ce globe et les bruyantes mers,
Les cités, les tristes enfers,

La phalange des Dieux et la tourbe mortelle.

Même au grand Jupiter l'horrible légion
Inspira la terreur, quand sa rage unanime
De l'Olympe assiégeait la cime,

Quand leurs bras ențassaient Ossa sur Pélion.

Mais que pouvaient Mimas à la vaste poitrine,
Porphyrion, Rhétus, ces géants monstrueux,
Encelade, plus hardi qu'eux,

Lançant jusques au ciel les troncs qu'il déracine?

Contre Pallas, déesse au sonore pavois,

Que pouvaient leurs fureurs? Là, Vulcain se déchaîne; Lå, des cieux triomphe la Reine,

Et le Dieu qui jamais n'a posé son carquois;

Qui rore puro Castaliæ lavit
Crines solutos, qui Lyciæ tenet
Dumela, natalemque sylvam,
Delius et Patareus Apollo.

Vis consili expers mole ruit suâ :
Vim temperatam Di quoque provehunt
In majus; îdem odere vires
Omne nefas animo moventes.

Testis mearum centimanus Gyas
Sententiarum notus, et integræ
Tentator Orion Dianæ,
Virginea domitus sagittà.

Injecta monstris Terra dolet suis,
Moretque partus fulmine luridum

Missos ad Orcum: nec peredit
Impositam celer ignis Ætnam;

Incontinentis nec Tityi jecur
Relinquit ales, nequitia additus

Custos amatorem trecentæ

Pirithoum cohibent catena.

Le Dieu qui dans tes flots, limpide Castalie,
Baigne ses cheveux d'or, et chérit tour-à-tour
Délos, qui lui donna le jour,

Les forêts de Patare et de la Thessalie.

Un pouvoir sans prudence est tout près de crouler; Le Ciel grandit la force unie à la sagesse ;

Il la frappe dans son ivresse,

Vengeur de tous les droits qu'elle osa violer.

Gyas, monstre aux cent mains, c'est toi que j'en atteste; J'en atteste Orion dont l'insolente ardeur,

De Diane armant la pudeur,

Expira sous les traits de la Vierge céleste.

La Terre pleure encor sur ses fils criminels
Dont la foudre aux Enfers précipita l'audace;
L'Etna les couvre de sa masse,

Et n'est point allégé par ses feux éternels.

Au vautour, dont la faim ronge son cœur impie, L'impudique Titye est lié sans retour;

Égaré par un fol amour,

Sous cent chaines d'airain Pirithoüs l'expie.

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Cœlo tonantem credidimus Jovem
Regnare; præsens Divus habebitur
Augustus, adjectis Britannis
Imperio, gravibusque Persis.

Milesne Crassi conjuge barbarâ
Turpis maritus vixit? et hostium

( Proh Curia, inversique mores!)
Consenuit socerorum in arvis,

Sub rege Medo, Marsus et Appulus,
Anciliorum, et nominis, et togæ

Oblitus, æternæque Vestæ,
Incolumi Jove et urbe Româ !

Hoc caverat mens provida Reguli,
Dissentientis conditionibus

Fœdis, et exemplo trahenti
Perniciem veniens in ævum,

Si non periret immiserabilis
Captiva pubes : « Signa ego Punicis

Affixa-delubris, et arma

Militibus sine cæde, dixit,

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Jupiter règne aux cieux, qui n'en croit son tonnerre? Du Breton et du Parthe au glaive destructeur,

Auguste heureux triomphaleur

Comme son Dieu visible apparaît à la terre.

Crassus, quoi! ton soldat, dans sa chaine endormi, A vécu vil mari d'une épouse barbare!

(0 honte qu'Auguste répare,)

Il vicillit dans les champs d'un beau-père ennemi!

Sous un roi Mède, on vit le Marse bénévole
Mettre en oubli son nom, sa toge, nos autels,
De Vesta les feux immortels;

Et Rome était debout, Rome et son capitole!

Ce crime, Régulus le voulait prévenir,

Le jour où du rachat des captifs, sa grande ame
Déconseillait le pacte infame,

Pour en sauver l'exemple aux siècles à venir.

• Que nos soldats, dit-il, meurent dans l'esclavage:

• Point de pitié : j'ai vu, livrés par ces fuyards,

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Nos glaives et nos étendards

Suspendus en trophée aux temples de Carthage.

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