Page images
PDF
EPUB

Quam penè furvæ regna Proserpinæ,
Et judicantem vidimus Æacum,

Sedesque discretas piorum, et
Eoliis fidibus querentem

Sapho puellis de popularibus ;
Et te sonantem pleniùs aureo,

Alcæe, plectro, dura navis,
Dura fugæ mala, dura belli!

Utrumque sacro digna silentio
Mirantur Umbræ dicere; sed magis

Pugnas et exactos tyrannos

Densum humeris bibit aure vulgus.

Quid mirum, ubi illis carminibus stupens Demittit atras bellua centiceps

Aures, et, intorti capillis

Eumenidum recreantur angues?

Quin, et Prometheus, et Pelopis parens Dulci laborem decipitur sono;

Nec curat Orion leones,

Aut timidos agitare lyncas.

Hélas! j'ai vu de près le noir séjour des manes,
Minos, l'asyle ouvert aux mortels vertueux,
Et Sapho sur un luth fameux
Soupirant ses amours profanes;

Et toi, plus fier poète, Alcée à l'archet d'or,
Qui vas chantant les maux du nautonnier rapide,
Les maux du soldat intrépide,

Ceux du proscrit, plus durs encor!

Les Ombres, autour d'eux, dans un pieux silence Ecoutent; mais le choc des glaives dévorans,

Mais la défaite des tyrans

Charment surtout leur foule immense.

Comment s'en étonner, quand Cerbère en suspens
Baisse, pour écouter, ses oreilles livides,
Et quand au front des Euménides
Le plaisir endort les serpens?

Tantale, Prométhée, à leur longue misère
Ont pensé voir un terme, et l'agile Orion
Au lynx timide, au fier lion

A cessé de porter la guerre.

00000000

ODE XIV.

AD POSTHUMUM.

Eheu! fugaces, Posthume, Posthume,
Labuntur anni; nec pietas moram
Rugis et instanti senecta
Afferet, indomitaque morti.

Non, si trecenis, quotquot eunt dies,
Amice, places illacrymabilem

Plutona tauris, qui ter amplum
Geryonem, Tityonque tristi

Compescit undâ, scilicet omnibus,
Quicumque terræ munere vescimur,

Enaviganda, sive reges,

Sive inopes erimus coloni.

Frustrà cruento Marte carebimus,
Fractisque rauci fluctibus Hadriæ,

Frustrà per autumnos nocentem
Corporibus metuemus Austrum.

Visendus ater flumine languido
Cocylus errans, et Danaï genus

Infame, damnatusque longi

Sisyphus Æolides laboris.

[ocr errors][merged small][merged small]

Hélas! comme un torrent, le Temps fuit, fuit sans cesse,
Ami; ta piété ferait un vain effort

Pour retarder d'un pas la hideuse Vieillesse,
Pour fléchir l'indomptable Mort.

Vainement, chaque jour, une triple hécatombe
Charmerait le Monarque aux yeux vides de pleurs;
Il nous faut tôt ou tard descendre dans la tombe
Par le dur sentier des douleurs.

Cette onde qui neuf fois de sa ceinture amère
Enlace Géryon, Titye et ses fureurs,

Nous la passerons tous, vains enfans de la terre,
Princes ou pauvres laboureurs.

Que nous sert d'éviter le glaive des batailles,
Et les vagues hurlant sur les rocs écumeux,
Et le vent de l'Auster fécond en funérailles,
Quand vient l'Automne au front brumeux ?

Il nous faut visiter le lent et noir Cocyte,
Le père d'Hypermnestre et ses infâmes sœurs,
Et Sisyphe roulant ce rocher, dont la fuite
Le voue à d'éternels labeurs.

Linquenda tellus, et domus, et placens Uxor: neque harum quas colis arborum

Te, præter invisas cupressos, Ulla brevem dominum sequetur.

Absumet hæres Cæcuba dignior
Servata centum clavibus, et mero
Tinget pavimentum superbum,
Pontificum potiore cœnis.

ODE XV.

IN SUI SECULI LUXURIAM.

Jam pauca aratro jugera regiæ
Moles relinquent : undiquè latiùs
Extenta visentur Lucrino
Stagna lacu, platanusque cælebs

Evincet ulmos: tùm violaria, et
Myrtus, et omnis copia narium.

Spargent olivetis odorem
Fertilibus domino priori;

Tùm spissa ramis laurea fervidos
Excludet ictus. Non ità Romuli

Præscriptum, et intonsi Catonis
Auspiciis, veterumque normâ.

« PreviousContinue »