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in sententiis dicendis brevia esse debent : non enim supplex, ut ad judicem, venit orator, sed hortator atque auctor. Quare proponere, qua mente dicat, quid velit, quibus de rebus dicturus sit, debet, hortarique ad se breviter dicentem audiendum. Tota autem oratio, simplex, et gravis, et sententiis debet ornatior esse, quam verbis.

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XXVIII. C. F. Cognovi jam laudationis et suasionis locos nunc, quæ judiciis accommodata sint, exspecto; idque nobis genus restare unum puto. C. P. Recte intelligis. Atque ejus quidem generis finis est æquitas ; quæ non simpliciter spectatur, sed ex comparatione nonnunquam : ut, quum de verissimo accusatore disputatur, aut quum hereditatis, sine lege, aut sine testamento, petitur possessio; in quibus causis quid æquius, æquissimumve sit, quæritur : quas ad causas facultas petitur argumentationum ex iis, de quibus mox dicetur, æquitatis locis. Atque etiam ante judicium, de constituendo ipso judicio solet esse contentio, quum aut, sitne actio illi, qui agit, aut jamne sit, aut num jam esse desierit, aut illane lege, hisne verbis sit actio, quæritur. Quæ etiam si ante, quam res in judicium venit, aut concertata, aut dijudicata, aut confecta non sunt; tamen in ipsis judiciis permagnum sæpe habent pondus, quum ita dicitur: Plus petisti; sero petisti; non fuit tua petitio; non a me, non hac lege, non his verbis, non hoc judicio. Quarum causarum genus est positum in jure civili : quod est in privatarum ac publicarum rerum lege, aut more positum; cujus scientia neglecta ab oratoribus plerisque, nobis ad dicendum necessaria videtur. Quare de

celante. Tous ces moyens conviennent à la péroraison. L'exorde doit être court dans le genre délibératif. L'orateur ne paraît pas, ici, comme un suppliant devant son juge; il vient exhorter et conseiller. Il se bornera donc à exposer dans quel esprit, dans quel but et sur quel objet il va parler, et réclamera l'attention en promettant de la brièveté. Du reste, tout le discours doit être simple, grave, plus fort de pensées que brillant de style.

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XXVIII. C. F. Je connais les moyens oratoires propres au genre démonstratif et au genre délibératif; j'attends de vous le développement de ceux qui conviennent au genre judiciaire, seul objet, si je ne me trompe, dont nous ayons encore à nous occuper. - C. P. Il est vrai. Le genre judiciaire a pour but l'équité; non-seulement l'équité absolue, mais encore et même plus souvent l'équité relative. Telles sont les causes qui roulent sur la bonne foi de l'accusateur, et celles où l'on demande, sans loi ni testament, l'envoi en possession d'un héritage dans ces deux cas, on considère ce qui est plus juste ou juste au suprême degré; et l'on puise ses moyens de conviction aux sources de l'équité, dont nous allons parler tout-à-l'heure. Souvent il arrive qu'avant le jugement le débat s'engage sur les circonstances mêmes de l'action, comme lorsqu'on examine si le demandeur a qualité pour agir, si la demande est prématurée, tardive ou régulière, s'il y a juste application de la loi. Lors même que ces moyens n'ont pas été proposés, discutés, jugés avant le fond de la cause, ils ne laissent pas d'être invoqués avec succès dans le cours des débats; il est toujours avantageux de pouvoir dire: Vos demandes sont exorbitantes ou intempestives; ce n'était point par vous, contre moi, d'après cette loi, dans cette

constituendis actionibus, accipiendis subeundisque judiciis, de excipienda iniquitate actionis, de comparanda æquitate, quod ea fere generis ejus sunt, ut, quanquam in ipsum judicium sæpe delabantur, tamen ante judicium tractanda videantur, paullulum ea separo a judiciis, tempore magis agendi, quam dissimilitudine generis. Nam omnia, quæ de jure civili, aut de æquo et bono disceptantur, cadunt in eam formam, in qua, quale quid sit, ambigitur, de qua dicturi sumus: quæ in æquitate et jure maxime consistit.

XXIX. In omnibus igitur causis tres sunt gradus, ex quibus unus aliquis capiendus est, si plures non queas, ad resistendum. Nam aut ita consistendum est, ut id, quod objicitur, factum neges; aut illud, quod factum fateare, neges eam vim habere, atque id esse, quod adversarius criminetur; aut, si neque de facto, neque de facti appellatione ambigi potest, id, quod arguere, neges tale esse, quale ille dicat, et rectum esse, quod feceris, concedendumve, defendas. Ita primus ille status, et quasi conflictio cum adversario, conjectura quadam; secundus autem definitione atque descriptione, aut informatione verbi; tertius æqui, et veri, et recti, et humani ad ignoscendum disputatione tractandus est. Et quoniam semper is, qui defendit, non solum resistat oportet, aliquo statu, aut

forme, ou devant ce tribunal que l'action devait être portée. Toutes les causes de ce genre rentrent dans le droit civil, conséquemment dans le domaine des lois et des coutumes qui régissent les intérêts privés ou publics, et dont la connaissance, négligée de la plupart des orateurs, nous semble pourtant indispensable à l'éloquence. Comme les discussions sur la bonne foi du demandeur, sur la qualité du défendeur, sur la compétence du tribunal, sur la justice absolue ou relative de l'action, quoiqu'elles aillent souvent se réunir au fond de la cause, sont de véritables questions préjudicielles, j'établis entre elles et les causes mêmes une différence de temps et d'opportunité plutôt que de genre; car toute discussion fondée sur le droit civil ou sur l'équité naturelle appartient à la question de qualification dont nous allons parler, et qui est essentiellement une ques tion de droit et d'équité.

XXIX. Il y a dans ces causes trois systèmes de défense, à l'un desquels il faut s'arrêter, si l'on n'en peut faire valoir davantage. L'accusé doit effectivement ou nier le fait 30; ou, s'il l'avoue, nier qu'il ait la gravité qu'on lui prête et soit ce que l'on prétend; ou, s'il ne peut nier le fait ni sa nature, en défendre la moralité et soutenir que sa conduite est légitime ou du moins excusable. Ainsi le premier état de cause, le premier conflit avec l'adversaire roule sur un point de fait; le second, sur la définition du nom suivant l'étymologie ou d'après le sens qu'on y attache; le troisième, sur une question de droit, de justice et d'équité. Non-seulement l'accusé doit adopter l'un des trois systèmes précédens, c'est-à-dire, nier, définir, ou justifier; mais il doit développer sa défense. Or, son premier moyen est la dénégation; le

infitiando, aut definiendo, aut æquitate opponenda, sed etiam rationem subjiciat recusationis suæ primus ille status rationem habet iniqui criminis, ipsam negationem infitiationemque facti; secundus, quod non sit in re, quod ab adversario ponitur in verbo; tertius, quod id recte factum esse defendat, quod sine ulla nominis controversia factum fatetur. Deinde unicuique rationi opponendum est ab accusatore id, quod si non esset in accusatione, causa omnino esse non posset. Itaque ea, quæ sic referuntur, continentia causarum vocentur : quanquam non ea magis, quæ contra rationem defensionis afferuntur, quam ipsæ defensionis rationes, continent causas; sed distinguendi gratia rationem appellamus eam, quæ affertur ab reo ad recusandum, depellendi criminis causa; quæ nisi esset, quid defenderet, non haberet : firmamentum autem, quod contra ad labefactandam rationem refertur, sine quo

stare non potest.

accusatio

XXX. Ex rationis autem, et ex firmamenti conflictione, et quasi concursu, quæstio exoritur quædam, quam disceptationem voco: in qua, quid veniat in judicium, et de quo disceptetur, quæri solet. Nam prima adversariorum contentio diffusam habet quæstionem : ut in conjectura, Ceperitne pecunias Decius; in definitione, Minueritne majestatem Norbanus; in æquitate, Jurene occiderit Opimius Gracchum. Hæc, quæ primam contentionem habent ex arguendo et resistendo, lata, ut dixi, et confusa sunt. Rationum et firmamentorum contentio adducit in angustum disceptationem. Ea in conjectura nulla est. Nemo enim ejus, quod ne

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