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les armes, implorait la pitié du maître des jeux et du peuple. Il y avait deux espèces de gladiateurs, les uns qui combattaient avec mission, les autres sans mission. Les premiers, s'ils s'avouaient vaincus, pouvaient obtenir de quitter l'arène; les autres devaient combattre à mort. Quand le peuple voulait indiquer qu'il sauvait la vie du gladiateur, il ne faisait que montrer la main avec le pouce plié sous les doigts, et, pour porter son arrêt de mort, il lui suffisait de montrer sa main avec le pouce levé et dirigé contre le malheureux'.

Il y avait des prix pour les vainqueurs, et c'étaient ordinairement des palmes, de l'argent, ou la baguette appelée rudis, et qui était le signe de leur liberté. Ces prix étaient distribués par le peuple ou par celui qui donnait les jeux. Les gladiateurs qui avaient reçu la permission de quitter l'arène, vivaient libres, dans un entier repos, ou servaient de maîtres aux autres gladiateurs sous le nom de lanista?.

Les jeux appelés venationes étaient quelquefois des représentations de véritables chasses, dans lesquelles des lièvres, des chevreuils, des cerfs, etc., réunis sous des arbres qui formaient une espèce de forêt, étaient lâchés dans les arènes et poursuivies, à un signal donné, par le peuple et des meutes de chiens.

Quelquefois c'étaient des chasses plus dangereuses et plus

1 Munera nunc edent, et verso pollice vulgi

Quemlibet occidunt populariter. (JuvÉN., Sat. 3, v. 36.)

2 Voir, pour de plus amples détails, Rosin, liv. 5, ch. 24 et les paralipom., au même chap. Il y avait aussi des gladiateurs appelés mirmillions, de Mopμúpoo, poisson, parce qu'ils portaient sur leur casque une figure de poisson; ceux qu'on leur opposait se nommaient retiarii, porteurs de filets (FESTUS). Il y avait des gladiateurs qu'on appelait samnites, hoplomachi, à cause de leur armure; d'autres, dimachæri, parce qu'ils avaient deux épées; ceux-là, laquearii, parce qu'ils cherchaient à étrangler leurs adversaires avec un nœud coulant; ceux-ci, essedarii, parce qu'ils combattaient sur des chariots; d'autres enfin, andabatæ, parce qu'ils luttaient dans l'ombre; les gladiateurs qui remplaçaient ceux mis hors de combat, se nommaient supposititii, ou subdititii, etc. (ADAM, tom. 2, p. 118, 119.)

terribles à voir; par la suite, en effet, au lieu de ces animaux innocens, on fit descendre dans le cirque, pour combattre entre elles, ou contre des hommes, les bêtes les plus sauvages et les plus furieuses, telles que des éléphans, des ours, des lions, des tigres, etc. 1.

Ceux qui étaient condamnés à combattre les bêtes, damnati ad bestias, étaient les sacriléges, les condamnés à mort, les esclaves fugitifs et ceux que l'on nommait abigei et abigeatores, qui avaient dérobé et vendu un bœuf, une brebis, un cheval égaré. Lactance rapporte que, sous plusieurs des Césars, il arriva souvent que les chrétiens furent condamnés aux bêtes 2.

Cependant la loi Petronia prescrivit que cette peine ne pût dorénavant être infligée aux esclaves que d'après l'approbation du juge.

Les condamnés n'étaient pas livrés sans défense à la férocité des animaux sauvages, ils pouvaient éviter la mort en les perçant d'un javelot dont ils étaient armés.

Avant le combat on excitait la fureur des bêtes, en leur mettant sous les yeux des vêtemens de couleur rouge, ou des mannequins d'osier représentant des hommes, contre lesquels on les lançait, et que l'on désignait généralement sous le nom de Pila.

Les jeux publics se divisaient encore en jeux fixes, votifs, et extraordinaires, stati, votivi et extraordinarii.

Les jeux fixes, stati, étaient ceux qui revenaient tous les

1 On faisait venir ces animaux à grands frais à Rome de toutes les parties de la terre, et on les nourrissait dans des enclos appelés vivaria, Pompée, dans son second consulat, fit paraître à la fois 500 lions qui furent tués en cinq jours, et de plus 18 éléphans. (DION CASS., liv. 39; PLIN., liv. 8.)

2 Parmi ceux qui combattaient contre les bêtes, bestiarii, il y en avait qui le faisaient quelquefois par profession et pour un salaire. (Cic., Tusc., liv. 2, ch. 17, lett. fam., liv. 7, lett. 1, de offic. 16.)

ans à des époques déterminées et qui étaient marquées dans le calendrier.

Les jeux votifs, votivi, étaient ceux que les magistrats dans les grands dangers de la patrie faisaient vœu de célébrer en l'honneur des dieux, quand la république se trouverait dans des circonstances plus heureuses '.

Les jeux extraordinaires, extraordinariï, étaient ceux que l'on célébrait tantôt en l'honneur des morts pour apaiser les dieux Mânes, tantôt dans l'unique dessein de plaire à la multitude. On peut ranger dans cette classe ceux que Néron institua sous le nom de ludi juvenales, quand il fit couper sa première barbe2.

CHAPITRE VIII.

DE LA GYMNASTIQUE.

Il y avait deux espèces d'exercices gymnastiques: ceux qui regardaient l'art militaire, et ceux qui ne concernaient que les athlètes. En général on donnait à ceux qui ne regardaient que l'art militaire le nom de meditatio campestris, parce qu'ils se faisaient dans le Champ de Mars. Ils consistaient à lancer le javelot, à se couvrir du bouclier, à faire des évolutions d'infanterie ou de cavalerie.

I TIT. LIV., nous en fournit beaucoup d'exemples (liv. 4, ch. 17 et 35; liv. 7, ch. 15; liv. 22, ch. 10; liv. 25, ch. 12; liv. 31, ch. 9; liv. 35, ch. 1 et 2; liv. 39, ch. 22; liv. 40, ch. 44. (Dion Cass., liv. 51, 53, 54; STRABON, liv. 7; SUÉT., Aug., ch. 18; Nér., ch. 12.)

2 Pour les jeux appelés plebeii, romani ou magni, compitalitii, augustales, palatini, voir ROSIN (liv. 5, ch. 19 et 20.) Il y avait encore des jeux appelés taurilia dont parle TIT. LIv. (liv. 39, ch. 22.) Voir Rosin, liv. 5, ch. 21; Miscelli ludi (SUÉT., Calig., ch. 20.)

!

L'art de manier le javelot consistait à le lancer le plus loin possible, ou à le diriger vers un but donné; celui qui l'atteignait, ou qui en approchait le plus était proclamé vainqueur.

Quant au bouclier, il s'agissait d'apprendre à le tourner avec dextérité, et à le tenir d'un bras assez ferme pour parer et amortir les coups de l'ennemi.

Les évolutions de l'infanterie étaient une espèce de danse armée, nommée belli crepa, comme qui dirait prélude des combats, ou petite guerre. Les Romains l'avaient empruntée de l'étranger, et Romulus passe pour l'avoir appliquée à l'art militaire.

Les évolutions de la cavalerie formaient une autre espèce de danse armée, appelée troja, parce qu'elle avait passé d'Énée et d'Ascagne aux Latins, et de ceux-ci aux Albains. On en trouve une description dans Virgile 1.

Les exercices gymniques ou athlétiques étaient au nombre de cinq, comme chez les Grecs, qui les désignaient sous le nom générique de Tɛvτahov, en latin quinquertium : c'étaint le jet du javelot, et celui du disque, la course, le saut et la lutte.

Le javelot se lançait avec la main ou au moyen d'une courroie.

Le disque était une sorte de palet de plomb, de fer, de pierre ou de quelque autre matière pesante, que l'athlète lançait en l'air de toutes ses forces.

La course avait lieu dans le stade, où se faisait également celle des chars à deux ou à quatre chevaux, et l'athlète vainqueur était celui qui arrivait le premier au bout de la carrière.

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L'exercice du saut consistait à franchir un fossé, à sauter

ÉNÉID., liv. 5, v. 561 et suivans.

par-dessus un obstacle élevé à une certaine hauteur, à monter à cheval, et à en descendre avec agilité.

Le mérite du lutteur consistait à saisir son rival avec adresse, à le serrer fortement dans ses bras, et quelquefois à le terrasser 1.

Les Romains avaient encore d'autres jeux, d'autres exercices particuliers dont nous parlerons dans la quatrième division de ce traité.

Les lutteurs se faisaient frotter avec une matière onctueuse appelée ceroma, par des esclaves nommés aliptæ :

Arcados auctoris citharæ, liquidæque palæstræ.

LUCAIN, liv. 9, v. 661.

Les lieux où l'on s'exerçait à la gymnastique s'appelaient palæstræ, gymnasia, xysti.

Voir ADAM, tom. 2, p. 112 et 113.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.

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