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tiones, qui avaient pris leurs noms et leurs couleurs des quatre saisons de l'année. La 1re se nommait præsina, la 2o veneta, la 3e russata, la 4e albata, des couleurs verte, bleue, rousse et blanche de leur livrée. Domitien à ces quatre couleurs en ajouta deux autres, le jaune doré et le pourpre; mais cette innovation ne fut pas de longue durée.

Le consul, ou, en son absence, le préteur, et dans les derniers temps l'Empereur lui-même présidait aux jeux.

Le signal se donnait aux concurrens du balcon placé, comme nous l'avons dit, au-dessus de la porte du milieu de la barrière.

L'adresse des cochers consistait surtout à raser la borne du plus près possible pour faire un moindre détour, et ne pas heurter contre 1. Ils devaient parcourir la carrière sept fois pour être proclamés vainqueurs. Anciennement le prix de la victoire était des palmes; plus tard, outre les palmes, de l'argent ou une pension.

D'abord les spectateurs assistèrent debout, ensuite assis, depuis Tarquin qui fit construire le cirque avec des bancs en forme d'amphithéâtre. Ces siéges, appelés sedilia. banquettes, gradins, furent d'abord de simple bois, puis de briques, et enfin de marbre.

S III. JEUX SCÉNIQUES 2.

Les Romains anciennement n'avaient point de théâtres fixes et permanens ; ils n'en construisaient alors qu'à l'occasion et pour le temps des jeux. Le premier monument de ce genre fut construit à demeure par les censeurs, l'an de

I HOR., liv. 1er, od. 1re.

2 A græco σxný quod umbram significat: nam in umbra fiebant, et ingenii arte exercitabantur. (Rosin, liv. 5, ch. 6; OVID., Art. amand., liv. 1er, v. 105). Les acteurs en prirent le nom de scenici (SUÉT., Tib., ch. 34).

Rome 599. Publius Scipion Nasica, regardant cette innovation comme inutile et funeste aux mœurs, le théâtre, sur son avis, fut démoli par ordre du Sénat; mais il en fut construit un nouveau par Marcus Emilius Scaurus.

Le plus magnifique des théâtres de Rome fut celui de Pompée, tout entier bâti en marbre. Il avait coûté une somme d'argent si énorme, que, pour échapper à la censure, Pompée ayant convoqué le peuple, ne trouva pas d'autre moyen que de dédier son théâtre à Vénus victorieuse, Veneri victrici 2.

La forme de ce théâtre était circulaire. Les spectateurs n'y étaient point à couvert; mais, au moyen de voiles qu'on déployait à volonté, on s'y trouvait à l'abri des ardeurs du soleil. Par la suite les théâtres furent couverts entièrement.

Le lieu où se tenaient les spectateurs, soit assis, soit debout, se nommait cavea. Des places particulières furent assignées pour la première fois aux chevaliers romains, en 686, par le tribun du peuple Lucius Roscius Otho 3.

Les sénateurs étaient le plus près de la scène, à l'orchestre; et le mot orchestra, dérivé de Ox, saltare, se prenait quelquefois chez les poètes pour l'ordre sénatorial 4 :

L'an 391 de Rome, avait eu lieu pour la première fois la représentation des jeux scéniques (TIT. LIV., liv. 7, ch. 2.)

L'an 539, les jeux durèrent quatre jours (TIT. Liv., liv. 24, ch. 43); l'an 552, ils furent magnifiques, durèrent deux jours et furent accompagnés d'une distribution de blé et d'argent au peuple (ID., liv. 31, ch. 4); ils durèrent aussi quatre jours l'an 580. (ID., liv. 42, ch. 10.)

2

SUÉT., Claud., ch. 21; PLINE, liv. 7, ch. 8; DION Cass., liv. 39, ch. 38; Tag., Annal., liv. 14, ch. 19.

3 Excepto tamen, si quis artem ludicram exercuisset, aut suo fortunævě vitio decoxisset, ut minorem quadringentis rem haberet. (TIT. LIV., liv. 99, ch. 3.)

Une place distinguée avait déjà été accordée aux sénateurs, l'an 559. (ID., liv. 34, ch. 54.)

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On disait de même in quatuordecim sedere pour signifier appartenir à l'ordre équestre, parce qu'il y avait dans l'amphithéâtre quatorze gradins exclusivement destinés aux chevaliers 1.

Les Vestales avaient aussi leur place distinguée au théâtre2.

La scène, scena, était, comme de nos jours, l'emplacement où les acteurs paraissaient devant le public pour y jouer leurs rôles. Il y avait, ainsi que sur nos théâtres, une toile qui couvrait la partie antérieure de la scène avant et après la représentation, elle s'appelait aulæa; mais au lieu de se lever comme aujourd'hui, elle s'abaissait et restait à terre, pendant toute la représentation, ou du moins tant qu'il n'y avait pas de changement de décoration à faire.

;

Le proscenium était ce que nous appelons l'avant-scène; le postscenium, les coulisses où avait lieu le jeu des machines le pulpitum, la tribune placée sur l'avant-scène, d'où les auteurs récitaient leurs poèmes.

Au reste il y avait trois espèces de jeux scéniques. La tragédie, la comédie, et la farce (mimus), qui font plutôt partie de l'histoire de la littérature latine que des antiquités romaines 3.

SIV.

DES REPRÉSENTATIONS AMPHITHEATRALES DITES

MUNERA.

Ces représentations portaient ce nom parce qu'elles étaient données à la multitude par les grands qui s'en faisaient un moyen de capter la bienveillance et la faveur populaire; et on les appelait amphitheatralia, à cause de la forme semi

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circulaire oblongue de l'endroit où ils étaient célébrés 1.

Dans l'ancien temps, ces amphithéâtres n'étaient construits que pour la durée des jeux, et faits de simples bois; plus tard, ils le furent de pierre et pour rester en place. Le premier de ce genre fut bâti par Statilius Taurus, sous le règne d'Auguste 2. Celui dont les ruines excitent encore aujourd'hui l'admiration des étrangers, est l'amphithéâtre de Vespasien, élevé par cet empereur au milieu de la ville, et qui ne fut terminé que par son fils Titus.

Ce n'est pas à Rome seulement qu'il y avait des amplithéâtres, il s'en trouvait dans plusieurs autres villes d'Italie et des provinces. Ils se divisaient en deux parties principales : l'arène, arena, et la place destinée aux spectateurs, cavea.

1 Ceux qui donnaient ces jeux se nommaient munerarii, muneratorės, editores, domini (Cic., Att., liv. 2, lett. 19); tant que duraient les jeux, ils portaient, ne fussent-ils que simples particuliers, les marques distinctives des magistrats (Cic., De leg., liv. 2, ch. 24.) Ces jeux consistaient principalement en combats de gladiateurs, et ils paraissent avoir pris leur origine de la coutume d'immoler des victimes humaines, des captifs sur le tombeau des guerriers morts au champ de bataille.

Sulmone creatos

Quatuor hic juvenes ; totidem quos educat Ufens,

Viventes rapit, inferias quos immolet umbris,

Captivoque rogi perfundat sanguine flammas.

(VIRG., Énéid., liv. 10, v. 517.)

Peut-être est-ce aussi de là que les Romains leur donnèrent le nom de munera : Munus dictum est ab officio, quoniam officium etiam muneris nomen est.* Officium autem mortuis hoc spectaculo facere se veteres arbitrabantur, posteaquam illud humaniore atrocitate temperaverunt. (TERTULL., De spectac ch. de munere.)

On attribue le premier exemple des combats de gladiateurs à M. et à D. Junius Brutus qui, l'an de Rome 488, en donnèrent le spectacle au peuple pour honorer les månes de leur père; sed hanc humanitatis injuriam ulta pestilentia est, quæ per istum et sequentem annum atrocissime sæviit. (TIT. Liv., liv. 16, ch. 42.) D'autres prétendent que ceux à qui l'on dut les premiers spectacles dits munera furent les consuls Appius Claudius et M. Fulvius (ROSIN, liv. 5, ch. 24.) Ceux qui instruisaient les gladiateurs dans leur art cruel, se nommaient lanistæ. Cette coutume barbare fut abolie par Théodoric, roi des Goths. (ID., ibid.) SUÉT., Aug., ch. 29.

2

L'arène servait aux combats des hommes contre les hommes, des hommes contre les bêtes, et des bêtes les unes contre les autres; d'où le proverbe, in arenam descendere, pour se préparer au combat.

Les spectateurs étaient placés sur des siéges qui s'élevaient par degrés, et semi-circulairement. Ima cavea était l'orchestre; media cavea, l'amphithéâtre; summa cavea, la galerie pour le peuple. Verba ad summam caveam spectantia, dans Sénèque, signifient << des expressions qui ne peuvent plaire qu'au dernier ordre des spectateurs. »

On appelait vomitoria les portes par où la multitude se précipitait en foule .

Les amphithéâtres étaient d'une très grande dimension ; on en peut juger par le malheur arrivé sous Tibère, dans la ville de Fidènes, où Tacite rapporte que 50 mille hommes furent écrasés sous la chute d'un pareil édifice 2.

C'était dans le cirque qu'avaient lieu les combats de gladiateurs. Au moment des jeux, les gladiateurs étaient conduits en pompe dans l'arène, aux yeux du peuple. Le maître des jeux leur ordonnait de s'appareiller deux à deux, pour combattre à force égale et avec les mêmes avantages.

Deux gladiateurs ainsi appareillés se nommaient par gladiatorum. Ils se préparaient ensuite au combat, opposant chacun le bras à leur adversaire, pour lui cacher et dérober à ses coups le reste de leur corps. Quand l'un des deux était blessé, le peuple s'écriait : hoc habet, et le vaincu, baissant

I

Mane salutantum totis vomit ædibus undam.

(VIRG., Géorg., liv. 2, v. 462.)

On appelait podium un avancement en forme de quai où étaient placés les premiers magistrats et les sénateurs, ainsi que celui qui donnait les jeux. Là se trouvait la loge de l'empereur, suggestus. Præcinctiones étaient les gradins placés au-dessus des premiers. Scalaria étaient les chemins pratiqués en face des vomitoria et l'espace entre deux chemins se nommait cuneus. (NIEUPOORT, liv. 4, ch. 5.) 2 L'an de Rome 780, 27 ans avant J.-C. (Tac., Annal., liv. 4, ch. 62.)

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