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guerre, dans le Champ de Mars, parce que c'était dans ce mois que Troie avait été prise par le stratagème du cheval de bois 1.

11o Le 15 novembre on faisait le festin sacré, autrement dit le lectisternium de Jupiter et des autres dieux. Les jeux plébéiens institués à l'occasion de la paix rétablie entre les patriciens et le peuple retiré sur le mont Sacré, se célébraient le 15 du même mois, et se composaient, pour la plus grande partie, des spectacles du cirque 2.

12o Le 5 décembre, on immolait une victime au dieu Faune, et cette fête, nommée faunalies, se renouvelait à l'approche du printemps, vers la mi-février, jour où les Latins faisaient la lustration des bergeries.

Les anciens auteurs font encore mention d'un grand nombre de fêtes, entre autres les saturnales 3 et celle appelée ver

sacrum.

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· Pendant les saturnales, les maîtres invitaient les esclaves à leur table, en mémoire du règne de Saturne, où tous les hommes étaient égaux et libres. Les citoyens s'envoyaient des espèces de cierges, ou de flambeaux de cire, comme pour rappeler que, sous Saturne, les hommes avaient passé des ténèbres de la vie sauvage à la lumière de la civilisation. Alors aussi on avait coutume de donner aux enfans de petites images d'airain, d'argent, d'or ou de quelque autre matière précieuse. Les écoles étaient fermées, le Sénat suspendait ses séances et la justice était interrompue.

I FESTUS; PLUT., Quest. rom. 97.

Le 15, avait lieu l'armilustrium, fête militaire, consécration des armes. (TIT. Liv., liv. 27, ch. 37; VARR., liv. 5, pag. 51.)

2 On parle aussi dans ce mois des brumalies, fêtes des brouillards, qui se célébraient le 24. ( Calend. rom.)

3 TIT. LIV., liv. 2, ch. 21; liv. 30, ch. 36; SUÉT., Calig., ch. 17; MACROB., Saturn., liv. 1, ch. 7; HoR., liv. 2; sat. 7, v. 4. Les saturnales commençaient

le 19.

L'expression ver sacrum facere signifiait consacrer aux dieux les choses nées au printemps. Les Romains avaient emprunté des Sabins cet usage religieux.

Festusrapporte que ce peuple, ayant essuyé plusieurs échecs de la part des Umbres, ses ennemis, fit vœu au dieu Mars, s'il était victorieux, de lui consacrer tout ce qui naîtrait dans le pays au printemps suivant; mais, après la victoire, les Sabins ayant réfléchi qu'il serait inhumain d'immoler ceux de leurs enfans qui naîtraient à cette époque, résolurent pour accomplir leur vœu en partie de les consacrer au ministère des autels de ce dieu, jusqu'au temps de leur adolescence, où ils leur ordonnèrent d'aller chercher une nouvelle patrie 1.

CHAPITRE VII.

DES DIFFÉRENTES SORTES DE JEUX PUBLICS.

S Ier. – JEUX SÉCULAIRES.

Les jeux séculaires furent institués, après l'expulsion des rois, par Valérius Publicola, à l'occasion d'une peste qui avait désolé Rome et les campagnes; ils avaient pour objet de prier tous les dieux pour le salut de la république; mais dans les temps postérieurs, ils furent principalement consacrés à Diane et son frère Apollon 2.

I TIT. LIV., liv. 22, ch. 9 et 10; liv. 33, ch. 44; liv. 54, ch. 44; FESTUS, in voc. Mamertini.

2 HÉRODIEN, liv. 3, ch. 8. Sur l'histoire du sabin Valesus, qui aurait donné naissance à cette solennité, voir VALER. MAX., liv. 2, ch. 4, no 5 et ANGE POLIT., Miscell., ch. 58.

Ces jeux duraient trois jours et trois nuits, et la principale cérémonie consistait dans les poèmes séculaires qui devaient être chantés par trois fois neuf garçons et autant de jeunes filles de familles patriciennes, ayant encore leurs pères et leurs mères. Horace nous en a laissé un modèle 1.

Les jeux séculaires étaient annoncés au peuple par des héraults publics qui parcouraient toute l'Italie, et invitaient le peuple à des jeux tels que personne n'en aurait jamais vu et n'en verrait que difficilement de pareils dans la suite 2.

L'empereur Claude voulut que ces jeux fussent célébrés de son temps, sous le prétexte que ceux qui avaient eu lieu sous le règne d'Auguste, n'avaient pas été célébrés à l'époque déterminée par l'usage. Le peuple ne se rendit point à l'invitation qui lui fut faite d'y assister, parce qu'il reconnaissait dans ses rangs des vieillards qui avaient vu ceux d'Auguste, et plusieurs histrions qui avaient figuré dans ceux-ci, et qui n'avaient pas encore quitté la scène 3.

En général on entendait par le nom de jeux des spectaeles donnés au peuple dans les jours de fêtes, aux frais de l'État.

Le premier motif de ces spectacles était de se conformer à l'opinion du vulgaire, qui les regardait comme un moyen

Nous avons aussi un poème séculaire de Catulle, que l'on peut citer à côté de celui d'Horace.

2 Convenite ad ludos spectandos, quos nec spectavit quisquam, nec spectaturus est.

3 SUÉT., Claud., ch. 21.

D'après EUSEBE, dans ses chroniques, et EUTROPE (liv. 9), les jeux séculaires furent célébrés pour la dernière fois par l'empereur Philippe, l'an 1000 de la fondation de Rome.

Au surplus, on n'est pas d'accord sur l'intervalle de temps qui devait s'écouler entre deux célébrations des jeux séculaires; les uns disent 110 ans (HORAT., carm. sæcul., et CoMMENTAR. QUINDECEMV.), d'autres seulement 100 ans (TIT. LIV., liv. 19, ch. 32, et VARR., liv. 4, pag. 2; liv. 5, pag. 48.)

Pour les détails sur les cérémonies des jeux séculaires, consulter Rosin, liv. 5, ch. 21.

d'apaiser les dieux; le second, chez les grands et les magistrats, de se concilier la faveur du peuple.

On en distinguait de trois sortes : les jeux du cirque, les jeux séniques et ceux qu'on appelait munera.

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Les jeux du cirque furent établis par Romulus sous le nom de consualia en l'honneur de Neptune eques, à l'imitation des jeux olympiques. Ils prirent leur nom du temps de Tarquin l'ancien, sous lequel on commença à les célébrer dans le cirque qui était situé dans la vallée Marcia entre le Palatin et l'Aventin. Il avait trois stades et demi de long, sur un de large et pouvait contenir 260 mille spectateurs. Nous parlons du grand cirque ou cirque de Tarquin, circus maximus; le stade était de 120 pas geométriques. A l'extérieur il était décoré par des temples, des portiques et une infinité de boutiques et de magasins où l'on trouvait toute espèce de marchandises et de comestibles. A l'intérieur il était de forme circulaire oblongue, couvert de sable blanc, mêlé de cailloutis et entouré d'un fossé large et profond, nommé Euripe, derrière lequel étaient des siéges pour les spectateurs, qui se trouvaient ainsi à l'abri de tout danger. L'enceinte était partagée en deux dans sa longueur, par un mur appelé spina, comme l'épine du dos des humains, et orné des diverses figures du dieu. A l'une de ses extrémités, de forme demi-circulaire, se trouvaient les bornes,

A l'occasion de l'enlèvement de Sabines, et ils furent appelés dans le principe consuales, comme s'il avait été inspiré, pour cette action par le dieu Consus. (TIT. LIV., liv. 1, ch. 9.)

2 PLINE, liv. 36, ch. 15, s. 24; Den. D'HAL., porte le nombre des spectateurs seulement à 150,000 (liv. 3, ch. 68.)

Du reste les jeux du cirque étaient magnifiques. (TIT. LIV., liv. 44, ch. 18; ROSIN, liv. 5, ch. 5.)

consistant en trois petites tours placées sur la même base, avec sept autres de moindre grandeur; l'autre extrémité était de forme rectiligne. A l'extrémité demi-circulaire étaient trois portes, une grande entre deux plus petites, surmontées chacune d'un balcon pour les spectateurs. A l'extrémité rectiligne, il y en avait treize, dont celle du milieu, beaucoup plus grande et plus haute que les autres, supportait aussi un balcon; ces sortes de balcons s'appelaient mæniana. Les douze autres portes étaient désignées sous le nom de carceres, parce que les chevaux qui devaient disputer la victoire, étaient retenus par des barrières, au moyen desquelles on les empêchait de partir avant le signal donné1.

A droite et à gauche des barrières étaient des statues de Mercure, tenant à la main une espèce de chaîne ou de câble qui, au signal du départ, se rompait et laissait le passage libre aux coursiers et aux chars 2.

Avant la célébration des jeux et l'immolation des victimes, les statues des dieux, magnifiquement ornées, et suivies d'une foule chantant et dansant en cadence, étaient promenées sur des brancards à l'entour du cirque, où elles entraient par la grande porte située au milieu des carceres, pour en sortir par celle du milieu de l'extrémité opposée.

Les chars employés dans les courses du cirque étaient attelés de deux ou de quatre chevaux, bijugæ et quadrijugœ, dédiés ceux-là au soleil et ceux-ci à la lune.

Il y avait aussi quatre classes de cochers, nommées fac

1 VARR., De ling. lat., liv. 4, pag. 37 : Carceres dicti quod coercentur equi, ne indè exeant antequam magistratus signum misit.

On les construisit l'an de Rome 425. (TIT. LIV., liv. 8, ch. 20.)

2 Ceux qui rangeaient les chevaux en ligne droite se nommaient moratores. Cette espèce de chaîne ou de corde était quelquefois remplacée par une ligne blanche que l'on traçait. (CASSIOD., VARR., ep., liv. 3, 51.) On traçait une seconde ligne blanche, appelée creta ou calx, à l'autre extrémité de la carrière, pour marquer la limite de la course. (PLIN., liv. 35, ch. 17.)

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