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heures environ entre l'une et l'autre. Cette différence néanmoins n'était pas exacte, elle n'était que de dix jours et six heures, l'année lunaire ne comprenant que 554 jours au lieu de 3551 qu'il lui attribuait par considération pour le nombre impair. Pour accorder les deux années et rectifier l'erreur, il ordonna qu'un nouveau mois, appelé intercalaire et composé alternativement de 22 et de 23 jours, fût placé tous les deux ans entre le 23 et le 24 février 2.

Il résulta de ce moyen de graves inconvéniens : l'année civile se trouvant encore un peu plus grande que l'année naturelle, les pontifes chargés de la rédaction des fastes, et de la supputation des dates, soit par négligence, soit par abus de pouvoir, s'étant permis de marquer tantôt un trop grand, tantôt un trop petit nombre de jours intercalaires, il arriva, par le laps de temps, que tout se trouva en désordre, que les mois ne répondirent plus aux saisons, et que les fêtes des moissons et des vendanges ne tombèrent plus ni en été, ni en automne 3.

Ce désordre fut réparé en grande partie sous Jules César 4 qui consulta Sosigène, célèbre astronome égyptien. L'Égypte était en effet le seul pays qui eût un bon système astronomique.

Sosigène, l'année même où il entreprit sa réforme, et qui était l'une de celles où il y avait, d'après le calendrier de Numa, un mois intercalaire, y en ajouta deux autres 5, de

Pour le nombre impair des jours de l'année, voir PLIN., liv. 34, ch. 7.

2 Ce mois intercalaire s'appelait mercedonius selon Blondel (1re partie, page 45), ou, selon d'autres, mercidinus, de mercedona, déesse qui présidait aux marchandises; mais il y a évidemment corruption, et il faut lire, avec Juste Lipse, intercidinus. 3 Servius Tullius ou les Décemvirs ordonnèrent que tous les 23 ou 24 ans on passerait le mois intercalaire.

4 Après la bataille de Pharsale, il joignit alors la qualité de grand pontife à celle de dictateur (SUÉT., Jul.-Cés., ch. 40; OVID., Fast., liv. 3, v. 155; PLIN., liv. 2, ch. 18 et liv. 18, ch. 25).

5 Ces deux mois durent comprendre ensemble 67 jours; ils furent intercalés entre novembre et décembre.

sorte

que cette année se composa de 15 mois ou de 445 jours: C'est celle que les chronologistes ont appelée l'année de confusion.

Cette année écoulée, Jules César ordonna que les suivantes fussent réglées sur le cours du soleil et fixées à 365 jours et six heures, et, afin de tenir compte de ces six heures, qu'on en formât, tous les quatre ans révolus, un jour supplémentaire placé après le 23 février; ce jour alors était compté deux fois, et comme il tombait le sixième des calendes de mars, l'année à laquelle on l'ajoutait en prit la dénomination de bissextile.

Toutefois cette correction ne fût pas exactement observée après la mort de Jules César; les pontifes commencèrent une nouvelle erreur dans les fastes, en intercalant pendant 36 ans de suite un jour au commencement de chaque quatrième année au lieu de ne l'intercaler qu'au commencement de la cinquième, d'où il résulta une erreur de trois jours en plus.

Auguste fit réparer cette nouvelle erreur en prescrivant que pendant l'espace de douze ans, il n'y aurait pas de jours intercalaires; après quoi il fit veiller, suivant la correction de Jules César, à ce que le jour supplémentaire ne fût plus intercalé qu'après quatre ans pleinement révolus, et prescrivit, pour prévenir dorénavant la négligence des pontifes, que son décret à ce sujet fût gravé sur une table d'airain.

Le calendrier de César fut réformé à son tour en 1582,. par l'ordre du pape Grégoire XIII. L'erreur de l'année ju–

I La 708e de la fondation de Rome. Un nouveau calendrier conforme à l'ordre des fêtes romaines fut rédigé par l'écrivain Flavius.

2 On avait senti depuis long-temps la nécessité de cette réforme, mais tous les efforts avaient été jusque-là inutiles. Les conciles de Constance, de Bâle, de Trente ne purent pas même y réussir. Enfin, Grégoire XIII rassembla plusieurs habiles astronomes parmi lesquels se trouvaient Christophe Clavius et Pierre Chacon; ils adoptèrent les épactes du Romain Aloysius Lelius, médecin et astronome; son frère les avait présentées au pape, après la mort de leur auteur.

lienne consistait en ce qu'elle avait été fixée à 365 jours et six heures, tandis que par un calcul plus rigoureux, elle se trouve n'être réellement que de 365 jours, 5 heures, 48 minutes, 45 secondes et 30260, différence d'environ 11 minutes 1.

De l'inégalité reconnue entre l'année julienne et l'année tropique, il était résulté, du temps de Grégoire XIII, depuis le concile de Nicée, tenu en 325, jusqu'au pontificat de ce pape, une différence en plus de dix jours à peu près, et c'est pourquoi il ordonna que dans l'année où sa réforme eut lieu le 5 octobre fût compté pour le 15.

L'erreur provenant de cette différence fut corrigée en supprimant trois fois de suite un jour à la fin de chaque siècle, toutes les centièmes années devant être bissextiles, d'après la computation de Jules César. Onze minutes en effet donnent à peu près 72 heures ou trois jours en 400 ans. Il suffisait donc, pour corriger l'erreur, de retrancher un jour à la fin de chacun des trois premiers siècles et de ne prendre pour bissextile que la dernière année du quatrième.

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D'après Cicéron ce mot est dérivé de metiri, parce que la lune parcourt un espace déterminé, spatium mensum. D'après Varron, il vient de My, luna 2.

Le premier mois s'appela januarius parce qu'il ouvrait l'année du mot janua, porte; ou parce que placé à la fin d'une année et au commencement de l'autre, il les voyait,

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Selon Copernic, 365 j. 5 h. 55′ 57′′ 40′′′′

2 VARR., De ling. lat., liv. 5, p. 47 et 48, édit. de Henr. Étienne, 1573.

pour ainsi dire, toutes les deux, comme Janus que l'on représente avec deux fronts.

Le mois de februarius, qui terminait l'année de Numa, fut placé entre janvier et mars, par les décemvirs, auteurs de la loi des XII Tables, et nommé ainsi de februare, expier, purifier, parce que c'était le mois où se faisait la lustration ou purification de la ville, et pendant lequel on offrait des sacrifices aux dieux mânes.

Romulus avait donné au premier mois de l'année le nom de Mars en l'honneur du dieu de la guerre, dont il prétendait avoir reçu le jour 2.

Quant aux autres mois, aprilis paraît formé de Appos, spuma, écume, d'où l'on aurait fait afrilis et par la suite aprilis. Romulus, selon Macrobe, ayant dédié le premier mois de l'année au dieu Mars, voulut que le second le fût à Vénus, nommée en grec Appodity, parce que, d'après la fable, elle était née de l'écume de la mer 3. Ce mot pourrait venir de aperire, le mois d'avril étant celui où le laboureur ouvre le sein de la terre: aperit tellurem 4.

Maius vient de Maia, mère de Mercure, ou de majoribus, les anciens, comme junius de junioribus 5.

Quintilis et les autres mois jusqu'à décembre changèrent successivement de noms. Quintilis prit celui de Julius, Juillet, par considération pour Jules César; sextilis celui d'Augustus,

I CIC., De leg. liv. 2, ch. 21; OVID., Fast., liv. 2, ch. 49.

2 OVID., Fast., liv. 3, v. 75 et 98.

3 OVID., Fast., liv. 1er, v. 39; Hor., liv. 4, od 11. MACROB., Saturn., liv. 1er,

ch. 12.

4 PLUT., in Numa ; Ovid., Fast., liv. 4, v. 87. Magis puto dictum, quod ver omnia aperit, Aprilem. (VARR., De ling. lat., liv. 4, p. 53.)

5 Cette dernière opinion est de VARRON (ibid.). D'autres font venir Maius de Majesta, fille de l'Honneur, et de Aeverentia (voir OVID., Fast., liv. 5, v. 1 et suiv.). Quelques auteurs font venir Junius de Junon, et donnent pour raison que certains peuples du Latium nommaient ce mois junonius, junonialis. (OVID., Fast., liv. 6, v. 26 et 61).

Août, pour flatter Auguste. Tibère voulut que septembre portât son nom, et octobre celui de l'impératrice Livia; Néron fit de même pour avril, et Domitien pour novembre et décembre, qu'il fit appeler de ses deux noms Germanicus et Domitianus 1.

Ces nouvelles dénominations, excepté les deux premières ne furent point respectées par l'usage.

Le mois se divisait en trois parties, les calendes, les nones et les ides. Les calendes comprenaient six ou huit jours, selon que les nones tombaient le 5 ou le 7; elles tiraient leur nom de Kαλε, vocare, appeler, dont les latins avaient fait anciennement calare, parce que le jour des calendes, qui était le premier du mois, le scribe ou appariteur du pontife convoquait le peuple pour lui annoncer le nouveau mois, et lui faire savoir quel jour devait commencer les nones 3. Les calendes étaient consacrées à Junon 4, elles étaient redoutées des débiteurs parce que c'était l'époque où les créanciers exigeaient le paiement des sommes qu'ils avaient prêtées et dont l'intérêt devait se solder au commencement de chaque mois, ce qui explique le mot d'Auguste, qui disait d'un mauvais débiteur, qu'il paierait aux calendes grecques 5.

On a donné le nom de nones à la seconde partie du mois

I Commode donna même à tous les mois différentes dénominations qu'il avait tirées des surnoms qu'il s'était attribués, mais elles périrent avec lui. (Hérodien, Vie de Commode.)

2 On comptait souvent les mois par les calendes :intra septimas calendas, signifiait en sept mois (MARTIAL, liv. 1er, épig. 100, v. 6). Sexta calendæ, id est calendæ sexti mensis, les calendes du sixième mois, par conséquent le 1er juin. (OVID., Fast., liv. 6, v. 181.)

3 OVID., Fast., liv. 1er, v. 55.

4 L'usage de diviser le temps en semaines fut introduit sous les empereurs et emprunté aux Égyptiens, ou peut-être aux Juifs. DION Cass., qui vivait sous Sévère, a dit (liv. 37, ch. 21) que cet usage, introduit peu de temps avant lui, n'était pas connu des Grecs.

5 SUÉT., Aug., ch. 87.

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