Page images
PDF
EPUB

le foie plein et luisant. Quand ces circonstances laissaient quelque doute, les entrailles ne donnaient aucun signe, et on les appelait exta muta 1.

3o Lorsque la victime était immolée et placée sur l'autel, on tirait des présages de la fumée et de la flamme, ce que les Grecs appelaient Καπνομαντεία, πυρομαντεία. Si la flamme était claire et s'élevait très haut, c'était le présage d'un avenir prospère; si elle se divisait à son sommet en plusieurs langues de feu, on pouvait s'attendre à des discordes et à des guerres civiles; le pronostic le plus funeste était quand le feu venait à s'éteindre totalement.

Les Romains faisaient venir des aruspices de l'Étrurie, quand ils n'en trouvaient point à Rome où cet art n'était fort

que

peu pratiqué, et c'est ce qui arriva dans la guerre con– tre les Étrusques 2. S'ils envoyèrent en Étrurie, après la guerre contre ce pays les fils de leurs principaux citoyens, ce ne fut point pour y former des jeunes gens propres à composer un collége d'aruspices, mais afin d'avoir, parmi leurs propres pontifes, des prêtres capables de surveiller et de reconnaître les fourberies des aruspices étrusques, dont Caton faisait si peu de cas qu'il ne comprenait pas, disait-il, comment deux aruspices pouvaient s'empêcher de rire en se regardant l'un l'autre 3.

1 Sur les présages de mauvais augure, voir VIRG., Géorg., liv. 3, v. 586, et LUCAIN, liv. 1er, v. 609; consulter pour les détails de l'art des Aruspices, Rosin, liv. 5, ch. 11.

2 Ils en faisaient aussi venir de l'Orient :

Spondet amatorem tenerum, vel divitis orbi
Testamentum ingens, calidæ pulmone columbæ
Tractato, Armenius vel Comagenus aruspex.
(Juv., Sat., 6, v. 42.)

Pour les événemens singuliers arrivés conformément à leurs prédictions, voir TIT. LIV., liv. 25, ch. 16; SALLUST., Jugurt., ch. 66; TAC., Hist., liv. 1er, ch. 27; SUÉT., Galb., ch. 19; Cés., ch. 81; DION CASS., liv. 44, ch. 18.)

3 Cic., Nat. deor., liv. 1er, ch. 26; de Divin., liv. 2, ch. 24.

S XIII. - DES CURIONS.

Le nom de cette espèce de prêtres vient de curia parce qu'il y en avait un attaché à chaque curie, et qu'ils étaient chargés, chacun pour la leur, de certains sacrifices aux jours de fêtes 1.

Dans les jours solennels, pour assister à un banquet sacré, ils s'assemblaient dans le forum curiale.

Ils étaient nommés chacun par les citoyens de leur curie. L'élection du curio maximus était réservée au peuple dans les comitia curiata.

S XIV. DE LA SODALITÉ DES TITIENS.

Il n'est parlé que très rarement dans les auteurs de la sodalité des Titiens. Le nom de sodales a été donné à ces prêtres, selon Festus, de la coutume qu'ils avaient de se réunir à des époques solennelles, pour boire et pour manger. La qualification de titienses leur est venue, selon quelques uns, de certains oiseaux nommés titiæ, espèce de colombes dont le vol était particulièrement observé par les augures; les autres, d'après Tacite, la font dériver de Titus Tatius, roi des Sabins qui serait l'auteur de leur institution. A cet égard Tacite n'est pas d'accord avec lui-même, car dans un passage de ses annales, il l'attribue à Titus Tatius, et dans un autre à Romulus, ce que l'un de ses interprètes explique en supposant que peut-être l'institution est de Tatius, mais qu'après sa mort, Romulus la confirma et lui donna plus de

I DEN. D'HALIC., liv. 2. Le curion avait l'inspection sur tous les habitans de son quartier. On appelait aussi curiones les hérauts chargés d'annoncer, pendant les spectacles, soit les édits du prince, soit les décrets ou les actes du peuple. (PLIN. JEUN., liv. 4, lett. 7.)

solennité, pour s'attacher davantage les Sabins à qui elle devait être agréable '.

Au reste on pourrait croire que le sacerdoce des Titiens était en honneur à Rome, si l'on s'en rapporte à Gruterus qui prouve, dans ses recherches à leur sujet, que souvent on les confondait avec les epulones et les augures?.

SXV.-DES POTITIENS ET DES PINAriens.

Ces prêtres furent institués par Évandre en l'honneur d'Hercule, vainqueur de Géryon et de Cacus. Ils empruntèrent leur nom de celui des familles dans lesquelles ils furent d'abord choisis, et qui conservèrent le droit héréditaire de leur donner des successeurs 3.

Maintenus par Romulus, ils furent chargés des sacrifices en l'honneur d'Hercule jusqu'à l'an de Rome 442.

On assure qu'à cette époque, d'après le conseil d'Appius Claudius, ces prêtres consentirent à initier aux cérémonies de leur culte des esclaves publics, chargés par la suite de remplir leur ministère, et qu'Appius Claudius fut puni par la perte de la vue, non seulement pour avoir conseillé ainsi de transporter à des esclaves les fonctions réservées jusque-là aux familles les plus distinguées, mais encore pour avoir permis aux femmes d'assister à leurs sacrifices, et la famille des Potitiens fut éteinte dans une année quoique composée de douze branches 4.

Ces sacrifices se célébraient dans le forum boarium, derrière le grand cirque, devant l'autel appelé ara maxima 5.

1

1 Tac., Annal., liv. 1er, ch. 54; Hist., liv. 11, ch. 96; TER. VARR., de lingua

lat., liv. 4; TURNÈB., liv. 21, ch. 1er.

› Septemvirque epulis festus, Titiique sodales. (Lucain, liv. 1, v. 602.)

3 DEN. D'HALIC., liv. 1er; TIT. LIV., liv. 1er, ch. 7; VIRG., Énéid., liv. 8.

4 TIT. LIV., liv. 9, ch. 29; VALÈRE MAX., liv. 1,

ch. 1er.

5 Les Pinariens, étant venus trop tard aux sacrifices, furent privés de manger

On y observait le rite grec, c'est-à-dire que les prêtres n'y étaient point assis sur des lits dans le festin sacré, mais sur des siéges; non lectisternium erat sed sellisternium, et de plus ils n'approchaient de l'autel que la tête voilée 1.

S XVI. DES GALLES.

Le mot galli, suivant les uns, vient de Gallus, fleuve de Phrygie, près duquel on faisait des sacrifices à Cybèle; suivant d'autres, d'un certain prêtre appelé Gallus, qui habitait les bords de ce fleuve; ou bien encore de Gallo-Grèce, ou Galatie, contrée de l'Asie, dont quelque prêtre aurait suivi à Rome la statue de Cybèle, quand elle y fut transportée de Pessinunte, en 547. L'objet des mystères célébrés par ces prêtres en l'honneur de Cybèle, était l'aventure du jeune Atys 3.

Ces prêtres étaient souverainement méprisés à Rome; ils n'étaient choisis que dans les dernières classes du peuple 4; ils vivaient d'aumônes et parcouraient l'Italie en cherchant par leurs gémissemens et leurs cris plaintifs à émouvoir la pitié des passans 5.

Les cérémonies de leur culte consistaient à promener, chaque année, le 24 mars, autour de la ville, la statue de

la chair des victimes et n'eurent plus que de second rang. (DEN. D'HALIC., liv. 1, ch. 40).

1 Hercule lui-même avait, dit-on, initié ces prêtres. (Cic., Dom., 52).

2 Ce fleuve rendait insensé. (HÉROD., liv. 1er, ch. 11; OVID., Fast., liv. 4, v.361.) 3 Genitalia sibi abscindebant cultris lapideis, vel samia testa. (JUVÉN. Sat. 2, v. 116; Sat., 6, v. 513; MART., Épig., liv. 3; Épig., 81, v. 3; PLIN., liv. 11, ch. 49 et liv. 35, ch. 12.

4 DEN. D'HALIC., (liv. 2, ch. 19) dit qu'ils étaient tous phrygiens.

5 (PHED., liv. 3, fab. 20.) Mendier n'était pas permis aux autres prêtres (Cic., de leg., liv. 2, nos 9, 16). Leurs fêtes appelées hilaria,a vaient lieu à l'équinoxe du printemps (MACROB., Sat., liv. 1er, ch. 21). Ils se faisaient des incisions aux bras, et poussaient des imprécations terribles (LUCAIN, liv. 1er, v. 565; SÉNÈQ., Méd., 804).

Cybèle, placée sur un âne, ou bien à la porter sur leurs têtes, dans un char au milieu de réjouissances tumultueuses et ridicules 1; leur chef s'appelait Archi-Galle.

[blocks in formation]

Le mot Edituus est formé de ædes et de tueri, parce que les ministres qui s'appelaient ainsi étaient chargés de la garde et de la conservation des temples. Varron et Lucrèce les nomment ædituentes. Ils étaient en outre préposés à la conservation des trésors sacrés, et des testamens que les particuliers avaient coutume de confier à leurs soins. C'étaient eux aussi qui, habitant près des temples, pour les ouvrir et les fermer aux heures convenues, étaient chargés d'en montrer aux étrangers toutes les choses curieuses, telles que tableaux, statues, inscriptions, etc 2.

[blocks in formation]

Ces ministres étaient de jeunes garçons, de jeunes filles qui devaient encore avoir leur père et leur mère vivans, et

I OVID., Fast., liv. 4, v. 181, 373; JUVÉN., Sat. 2, v. 110; ROSIN, liv. 2, ch. 4. 2 On les appelait aussi Æditimi, Editumi, Æditumni (AUL. GEL., liv. 12, ch. 6).

Dignitate quidem infra theoreticos multum erant, verum in deliberationibus publicis ad sacra pertinentibus una sedebant et consultabant uti constat ex oratione Ciceronis (pro domo sua). (KIPPING, liv. 1er, ch. 22).

« PreviousContinue »